Thomas Skrlj/LCF.ca
VANCOUVER – Il semble que Jordan Younger ne puisse échapper à son flair défensif.
En tant que joueur, il était un demi de coin étoile, toujours prêt à réagir aux actions de l’adversaire, le suivant de près pour empêcher qu’un gros jeu se produise sous sa surveillance.
Maintenant, à sa première saison comme coordonnateur défensif des Blue Bombers de Winnipeg, ce ne sont plus ses jambes qu’il doit utiliser, mais plutôt son cerveau. Et ce cerveau a fait progresser une défense des Bombers qui a rencontré des difficultés au début de la saison 2024. Aujourd’hui, cette défense se distingue par sa cohésion et un brin d’originalité.
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« Le football évolue par cycles », a expliqué Younger, bien assis lors de la Journée des médias de la Coupe Grey, plus tôt cette semaine. « Et généralement, ce sont les attaques qui dictent les tendances, non? Le style des attaques change, et la défense doit s’adapter et ajuster pour freiner ces attaques. »
Avant de poursuivre pour explorer comment Younger a mené la défense des Bombers à un niveau où elle peut rivaliser avec les attaques modernes de la LCF – voire peut-être les devancer légèrement –, reprenons les premières lignes de cette chronique.
En tant que joueur, Jordan Younger n’était pas seulement doté de pieds rapides qui lui permettaient de briller à diverses positions comme demi de coin et maraudeur. Pendant sa carrière, il était aussi considéré comme l’un des esprits les plus brillants sur le terrain de la LCF.
Cette intelligence en termes de football a fait de lui un joueur d’exception, deux fois membre de l’équipe d’étoiles et double champion de la Coupe Grey avec les Argonauts de Toronto.
Aujourd’hui, cette même intelligence fait de lui l’un des meilleurs coordonnateurs défensifs de la LCF.
« Il réfléchit, réfléchit, réfléchit, réfléchit, cherchant de bonnes réponses, » a déclaré l’entraîneur-chef des Bombers, Mike O’Shea, lors de la journée des médias. « Pas juste une réponse. Il cherche de bonnes réponses. »
« Il est très créatif de ce côté. »
Dans sa quête de bonnes réponses, Younger a propulsé la défense des Bombers de Winnipeg à un niveau élevé, les difficultés du début de saison laissant place à des succès croissants. La défense des Bombers a terminé la saison régulière comme la plus solide de la LCF dans plusieurs catégories, accordant le moins de verges par match (234,8), le moins de passes complétées (330), le plus faible pourcentage de jeu réussi (60,9%), le moins de verges nettes accordées par match (328,6) et le plus faible nombre de verges concédées sur les premiers essais (6,0).
Tout cela a fait en sorte que la défense de Winnipeg est restée sur le terrain moins que n’importe quelle autre équipe de la LCF en 2024 (933 jeux).
« Ce que j’ai essayé de faire, c’est de trouver constamment des moyens de maximiser le potentiel de chaque joueur, » a expliqué Younger au sujet de l’évolution de ses stratégies. « C’est juste un processus d’essais et d’erreurs. »
Il y a eu plus d’erreurs qu’il ne l’aurait souhaité au début de la saison, mais à mesure que la campagne avançait et que les Bombers retrouvaient leur rythme, Younger a vu la défense qu’il avait conçue commencer à se solidifier.
Il sait aussi exactement quand ç’a commencé à prendre forme.
« Peut-être que c’est le match contre la Colombie-Britannique, à domicile, où on les a blanchis, » a dit Younger, faisant référence à une victoire de 25-0 contre les Lions lors de la semaine 9. « C’était comme, si on peut jouer de cette manière, qu’est-ce que ça signifie, hein? C’est difficile de reproduire ce genre de succès. »
« C’était vraiment un alignement parfait entre leur plan de jeu et le nôtre cette semaine-là, » a-t-il poursuivi. « Il faut un peu de chance pour que ça se passe de cette façon, c’est certain. Mais avoir ce type de succès dans un match de la LCF, en jouant à ce niveau-là, je pense que ç’a énergisé tout le monde et permis à tout le monde de vraiment y croire et de commencer à investir là-dedans. »
L’une des choses que Younger a fait adopter à ses joueurs est un style qui les amène souvent à utiliser trois joueurs pour mettre de la pression sur le quart-arrière et neuf joueurs qui se replient dans différentes zones de couverture de passes. C’est un style que l’entraîneur des Argonauts de Toronto, Ryan Dinwiddie, a qualifié de « boîte légère. »
« Ils empêchent les passes rapides et faciles en jouant avec une boîte plus légère, » a expliqué Dinwiddie.
C’est un style qui a rendu la défense de Winnipeg vulnérable contre la course, c’est certain. Les Bombers ont concédé en moyenne 104,2 verges par match au sol en 2024, ce qui les place en sixième position de la LCF.
« Chaque équipe a ça, » a répondu Younger au sujet de ce style « trois joueurs à la pression, neuf en couverture ». « Je pense que la façon dont nous l’utilisons est peut-être différente de celle d’autres équipes. Elles peuvent avoir une ou deux variantes. Nous, on en a plusieurs. »
Le fait que les Bombers aient plusieurs versions de cette défense particulière est une preuve de la volonté de Younger de penser de manière créative, même si pour lui, il s’agit simplement d’une manière de faciliter les choses pour ses joueurs en couverture.
« Il y a beaucoup de pression sur les joueurs défensifs dans le football canadien, » a-t-il expliqué. « Donc, je pense que, spécifiquement à ce niveau-là, c’est juste une manière de diviser les responsabilités de couverture pour que les joueurs puissent jouer avec plus de confiance. »
Pour O’Shea, voir Younger prendre les rênes comme coordonnateur défensif après cinq ans comme entraîneur des demis défensifs a été une bénédiction pour les Bombers, qui ont transformé une saison commencée avec deux victoires et six défaites en une campagne de 11-7, une victoire en finale de l’Ouest et une cinquième participation consécutive à la Coupe Grey. Qu’est-ce qui a été particulièrement impressionnant?
« La quantité de réflexions qu’il a eues et les démarches qu’il a entreprises pour trouver ce qu’il voulait faire », a déclaré O’Shea. « À quel point il a eu raison! Il ne le dirait pas, mais il a résolu bien des choses. »
« Il est un grand penseur, il cherche et réfléchit beaucoup. Il n’a pas peur de sortir des sentiers battus, c’est certain. »
O’Shea a poursuivi.
« Et puis il y a sa capacité à se connecter avec les joueurs, à leur enseigner, à les placer dans les bonnes positions et à les amener à apprendre. C’est un très bon enseignant de ce côté. »
Quand on a demandé à Younger comment il vivait avec les succès de sa première saison en tant que coordonnateur, il s’est d’abord demandé s’il pouvait vraiment rendre justice à la question, étant donné qu’il était encore concentré sur la préparation du match de la Coupe Grey.
Mais ensuite, comme O’Shea l’avait suggéré, il y a réfléchi et a trouvé une meilleure réponse.
« Voir les joueurs commencer à croire les uns en les autres, à croire à un système, à croire en ce qu’on fait », a répondu Younger. « Et les voir atteindre un point où on a simplement décollé. Si le plaisir se trouve là-dedans, c’est dans ces moments où on a vu la machine se mettre en marche. C’était comme, ‘Ok, c’est notre défense. On peut faire fonctionner ça.’ »
Et c’est exactement ce que les Bombers ont fait.