Davis Alexander: Maciocia s’est assuré de prendre la meilleure décision pour le club
Minas Panagiotakis/LCF.ca
MONTRÉAL – Dans le sport professionnel, un adage dit que les entraîneurs-chef veulent gagner maintenant, mais que les directeurs généraux pensent à plus tard. En choisissant le quart Davis Alexander au détriment de Cody Fajardo pour assurer le poste de quart partant, le d-g. des Alouettes de Montréal Danny Maciocia croit faire d’une pierre deux coups.
«Dans le poste que j’occupe, je dois m’occuper du présent, mais aussi de l’avenir, a dit Maciocia lors d’une conférence de presse de jeudi. Je ne rate aucun entraînement et quand je reviens au bureau, dans un endroit plus contrôlé, je peux regarder tous ces entraînements-là. Je regarde chaque joueur, mais je regardais en particulier les quarts-arrières, car je savais que j’avais un quart à qui il restait une autre année de contrat et un jeune quart que nous avons formé et développé, dont le contrat venait à échéance. Je savais aussi que ce serait difficile de garder les deux.
Maciocia a précisé qu’il travaillait sur ce dossier depuis au moins un mois et demi, sinon deux mois.
«Avec toute l’information que nous avons récoltée, de la façon dont [Alexander] est capable de produire et en fonction de son avenir, ça n’a pas été une décision facile à prendre, mais c’était la bonne pour l’organisation.
«Comme ancien entraîneur, je sais comment les entraîneurs veulent gagner aujourd’hui. Si je dirigeais cette équipe et que Davis Alexander était le quart partant, je serais assez confiant que nous pourrions gagner immédiatement.»
Lors du bilan de l’équipe, l’entraîneur-chef Jason Maas et Maciocia marchaient sur des oeufs sur cette épineuse question. Les discussions auront de toute évidence été de courte durée et Alexander a hérité d’un contrat de trois saisons, qui lui rapporterait quelque 1 million $ selon plusieurs médias. Sans confirmer le montant, Maciocia a qualifié ce pacte de «contrat-pont», auquel s’ajoutent plusieurs bonis de performance.
«Nous avons convenu que le moment était venu de lui donner l’opportunité d’être un partant pour les prochaines années. Je suis convaincu que Davis est le présent et le futur des Alouettes», a renchérit Maciocia.
«Je n’ai pas besoin de vous rappeler l’historique de tout ce qu’on a connu à cette position après la carrière d’Anthony Calvillo. Finalement, d’avoir quelqu’un que nous avons identifié, d’être capable de le convaincre de venir à Montréal et de le mettre sous contrat pendant trois ans, on a vu ce que ça a donné, surtout au cours de la dernière année avec ses quatre départs. Je suis plus que convaincu qu’on puisse bâtir quelque chose d’intéressant autour de lui. Ça ne veut pas dire qu’on bâtit pour 2027. On va être très compétitifs en 2025, 2026 et 2027.»
Au final, Maciocia a misé sur le long terme avec un quart sept ans plus jeune, en meilleure santé et disposé à s’engager pour plus longtemps. De ce que Maciocia a expliqué jeudi, Cody Fajardo envisage maintenant la suite de sa carrière «une année à la fois».
Pour Alexander, même si les Alouettes n’étaient pas son unique option — il aurait pu devenir joueur autonome à compter du 11 février prochain —, on sent que c’était celle qu’il préférait.
«Ce n’était pas l’unique conclusion, mais de toute évidence, nous avons convenu d’une entente qui rend tout le monde heureux. Je le voulais, ils le voulaient et je suis très excité d’être de retour.
«C’est un rêve devenu réalité, dira-t-il plus tard. C’est un autre objectif atteint. Mais je veux continuer d’atteindre de nouveaux objectifs; je ne veux jamais arrêter de progresser.»
Grand absent
Quand son agent l’a contacté chez lui, à Kelowna, pour confirmer l’offre des Alouettes, Alexander s’est empressé de contacter ses proches pour partager la bonne nouvelle. Il y avait toutefois un grand absent au sien de sa garde rapprochée: son père, décédé subitement cet automne.
Le footballeur de 26 ans est d’ailleurs devenu très émotif quand un collègue lui a demandé de quelle façon il avait vécu cette signature sans son allié de la première heure.
«Quand j’ai signé mon contrat en février 2022, je m’entraînais en vue d’une journée d’entraînement professionnel. Je restais chez mon oncle à Seattle, qui payait pour tout, tout ce que j’avais à fournir, c’était l’essence dans la voiture. Alors je m’entraînais pendant huit ou neuf heures par jour. Mon agent de l’époque, je devais le harceler depuis novembre ou décembre précédent pour qu’il fasse en sorte que Danny m’offre un contrat. Je lui disais d’oublier la NFL et de me mener vers la LCF. Quand j’ai signé ce contrat, j’avais les larmes aux yeux et la première personne que j’ai appelée, c’est mon père. Ça a été un moment très spécial pour nous, un moment que je n’oublierai jamais», a raconté Alexander, envahi par l’émotion.
«Cette fois, quand j’ai eu un message de mon agent qui me disait d’être prêt à prendre un vol mercredi pour une conférence de presse jeudi, je vivais les mêmes émotions, avec les larmes aux yeux et beaucoup de fierté, mais c’était évidemment différent cette fois-ci, a-t-il ajouté, réprimant des sanglots. J’ai le meilleur réseau de soutien autour de moi. J’ai appelé ma mère, mon frère, ma belle-mère. (…) Même s’il n’est pas avec moi, je sais qu’il sera toujours avec moi. Il doit être extrêmement fier. Je n’aurais pas été capable de me rendre jusqu’ici sans lui.»
Alexander a déclaré sans gêne qu’il espérait obtenir sa chance comme quart partant. Maintenant qu’il l’a obtenue, ça le gêne un peu plus quand on lui rappelle qu’il est maintenant le visage de l’organisation.
«Je dirais que c’est notre équipe, a-t-il dit, un sourire timide sur les lèvres. Je sais que la position de quart est un gros morceau, mais ces gars savent que je ne suis rien sans mes coéquipiers, sans les entraîneurs et la direction. C’est bien que je puisse dire que c’est notre équipe. C’est un privilège et je dois m’assurer de le garder, de m’assurer que les gars croient en moi.»
La direction, en tout cas, croit fortement en lui.