
MONTRÉAL – Des mois ont passé, la poussière est retombée, mais la défaite des Alouettes de Montréal contre les Argonauts de Toronto en finale de l’Est laisse encore un goût amer dans la bouche de Marc-Antoine Dequoy.
« Évidemment que j’y pense encore. Je ne me lève pas tous les matins en y pensant, mais c’est une défaite que je ne vais pas oublier. Tu apprends beaucoup des victoires, mais tu apprends encore plus des défaites. Les défaites qui font le plus mal, c’est celles dont tu apprends le plus », admet le maraudeur de 30 ans.
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Cette défaite a de quoi faire mal.
Après avoir présenté la meilleure fiche (12-5-1) de la Ligue canadienne de football (LCF) lors du calendrier régulier, les Alouettes ont accueilli les Argonauts le 9 novembre dernier en tant que principaux favoris pour remporter la Coupe Grey.
Les hommes de Jason Maas ont cependant choisi cet après-midi d’automne pour disputer leur pire match de la saison, étant victimes de cinq revirements, en route vers une défaite de 30-28.
« Tu peux avoir construit la meilleure équipe, avoir les meilleurs joueurs en place, si tu n’exécutes pas quand ça compte, tu ne peux pas gagner », résume Dequoy. « On savait que Toronto était une équipe qui créait beaucoup de revirements. C’est une équipe qui te donne deux verges de plus sur un plaqué, mais qui va essayer de t’arracher le ballon. Jason Maas a parlé toute la semaine de l’importance de protéger le ballon. Ce n’est pas comme si on n’avait pas adressé ça; on n’a juste pas exécuté. »
Alouettes de Montréal
« Tu as le devoir de comprendre ce qui s’est passé, mais la ligne est mince entre une sur-correction et ne rien faire. Il y a quelque chose qui doit être changé, mais, en même temps, on s’est bien préparé pendant deux semaines avant. »
Aujourd’hui, Dequoy voit cette défaite comme une source de motivation pour la saison prochaine. Il affirme que le noyau de l’équipe a encore faim, et que la volonté de corriger ce faux-pas est bien présente.
« Ce n’est pas un sentiment plaisant, mais la beauté des sports d’équipe est que tu apprends en groupe à vivre avec ça. On va en retirer ce qu’on peut et on va en ressortir plus fort. »
Apprendre à gérer la notoriété
La vie de Marc-Antoine Dequoy a changé le 19 novembre 2023.
Non seulement est-il devenu champion de la Coupe Grey, mais son discours d’après-match, ponctué du maintenant célèbre « gardez-le votre anglais », a fait exploser sa notoriété aux quatre coins de la Belle Province.
Ce cri du cœur a semblé unir les francophones de la province sous la fleur de lys, et des politiciens tels que Paul Saint-Pierre-Plamondon et Gabriel Nadeau-Dubois y ont même fait allusion sur la place publique.
« Je suis quelqu’un de très calme dans la vraie vie, je ne pète pas des coches comme ça », dit Dequoy en riant.
Au summum de l’émotion, après une victoire éreintante, Dequoy s’est livré aux Québécois, et celui-ci a été réceptif. Le principal intéressé est d’avis que c’est l’authenticité du moment qui a le plus rejoint les gens.
« Les choses qui me rejoignent le plus, ce sont les choses qui sont vraies. Les moments les moins préparés, qui viennent le plus du cœur, c’est ça qui rejoint les gens. »
Marc-Antoine Dequoy prenant un bain de foule après la victoire des Alouettes le 20 juin dernier. (Alouettes de Montréal)
Ce discours a changé la vie de Dequoy, qui a dû s’habituer à attirer un peu plus l’attention lorsqu’il fait son épicerie. Cette nouvelle notoriété est aussi venue avec son lot de demandes et d’invitations, mais le joueur des Alouettes met un point d’honneur à n’accepter que les projets qui lui permettent de rester authentique.
« Dans la dernière année, il y des gens qui m’écrivaient pour faire certaines apparitions, et je devais leur répondre que je n’étais pas cette personnes-là. »
Loin des caméras et des plateaux de télévision, c’est auprès de sa communauté et des gens partout au Québec que Dequoy préfère s’impliquer.
« Quand tu es jeune, tu rêves de devenir une vedette. Mais en vieillissant, tu réalises que tu deviens un porte-parole pour ces jeunes-là. Des gens comme Mathieu Proulx et Étienne Boulay m’ont fait réaliser à quel point certains petits gestes que tu fais peuvent impacter la vie de certains jeunes. À l’extérieur du terrain, ce qui me tient le plus à cœur, c’est l’impact que j’ai sur les jeunes. »
Les partisans qui sont venus faire un tour au stade Persival-Molson lors de la dernière ont pu le remarquer : après chaque rencontre, Dequoy est entouré par une troupe de jeunes et de moins jeunes qui réclament des photos et des autographes. Généreux, Dequoy s’assure que tout le monde reparte à la maison avec un souvenir en poche.
« Quand je reste après les matchs et que je prends au-dessus de deux heures pour jaser avec les gens, ça me fait un énorme plaisir. C’est un des trucs que j’apprécie le plus. Je le vois dans le visage de certains jeunes; je reste moi-même, je ne joue pas un personnage et j’essaie d’être un bon exemple. »
Il est maintenant clair qu’en Marc-Antoine Dequoy, les Alouettes ont trouvé non seulement un joueur élite sur le terrain, mais aussi un ambassadeur exemplaire pour l’équipe auprès de sa communauté.