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10 avril 2025

Repêchage : Pour Arnaud Desjardins, le rêve est à portée de main

Arthur Ward/LCF.ca

MONTRÉAL – Sur papier, Arnaud Desjardins possède tous les atouts qu’une équipe de la Ligue canadienne de football (LCF) désire retrouver chez son quart-arrière partant.

À six pieds, quatre pouces et 214 livres, il possède le gabarit en vogue chez les quarts-arrière depuis quelques années. L’an dernier, il a complété 75,9 % de ses passes, pour 2373 verges et 17 touchés, tout en n’étant victime que d’une seule interception. Il a de plus été nommé joueur offensif par excellence de la dernière Coupe Vanier, qui a été remportée par son Rouge et Or de l’Université Laval.

Lors du camp d’évaluation de la LCF, qui s’est tenu il y deux semaines, à Regina, Desjardins a confirmé que son curriculum vitae bien garni se transposait à merveille sur le terrain, quand il était opposé aux meilleurs espoirs au pays.

Malgré les plafonds de verre et les idées préconçues quant aux quarts-arrière canadiens, il peut maintenant presque toucher à son rêve de jouer au football professionnel.

À deux semaines du repêchage, je me suis entretenu avec le sympathique passeur pour en apprendre un peu plus sur l’homme derrière le casque.

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Comme tout Québécois qui se respecte, c’est en jouant au hockey que le jeune Arnaud a fait ses premiers pas dans le monde du sport, à cinq ans. C’est une fois en première secondaire qu’il a découvert le football, par l’entremise du programme de son école, le Collège Jean-Eudes.

« Au premier entrainement, ils nous ont essayés à toutes les positions, mais j’ai été attitré au poste de quart-arrière dès ce moment-là », explique Desjardins.

Il a jumelé le hockey et le football durant tout son parcours secondaire. C’est à la conclusion de celui-ci qu’il a dû faire ce que bien des sportifs de haut niveau font rendu à cette étape de leur parcours : choisir un sport sur lequel se concentrer.

« J’étais un peu tanné du hockey et j’avais développé une passion pour le football. C’était quelque chose dans lequel je voulais m’investir. Rendu au cégep, je me suis consacré à 100 % au football, et c’est vraiment le sport qui m’a fait vibrer depuis », détaille Desjardins.

S’alignant avec les Spartiates du Cégep du Vieux Montréal, le jeune passeur a rapidement commencé à penser au niveau universitaire et, même, à rêver au football professionnel.

La vieille croyance disant que les quarts-arrière canadiens n’ont pas ce qu’il faut pour percer dans la LCF continuait toutefois de résonner autour de lui. Au lieu de se laisser décourager par les sceptiques, Desjardins a toujours préféré utiliser cela comme motivation.

Arthur Ward/LCF.ca

« C’est sûr que ça vient avec un peu d’incompréhension. Tu vois qu’à toutes les autres positions, il y a des joueurs canadiens et québécois qui percent. Le désir d’être parmi les premiers et d’ouvrir cette voie-là pour les autres est quelque chose qui m’anime. »

Il faut avouer que le vent semble peu à peu tourner pour les passeurs canadiens. Deux équipes de la LCF comptent sur un quart-arrière partant qui représente l’Unifolié, tandis que Desjardins fait partie de la cohorte de quarts-arrière la plus talentueuse depuis belle lurette, avec des espoirs comme Kurtis Rourke, Taylor Elgersma et Jonathan Sénécal.

Vers la fin de son parcours collégial, Desjardins était une commodité en demande. Des universités de partout au Canada le courtisaient, mais c’est finalement dans son Québec natal qu’il a choisi de poursuivre sa carrière.

« C’était un gros processus », se remémore-t-il. « J’étais recruté partout au Canada. Dès que j’ai visité Laval, que je suis allé voir un match, c’est devenu une évidence. Le personnel d’entraineur est le meilleur au Canada. De voir l’importance que ce club-là a dans la région, c’est impressionnant. »

Cette importance est venue accompagnée d’une courbe d’apprentissage pour Desjardins. Après avoir aidé son équipe a remporté la Coupe Vanier, en 2022, le passeur était au summum de la popularité parmi la base partisane et les médias.

Toutefois, la saison 2023 a été en deçà des attentes – pour Arnaud et pour le reste de l’équipe –, si bien que son poste de partant a même été remis en question avant le début de la saison 2024. Il s’est rendu compte que la notoriété venait aussi avec l’autre côté de la médaille, celui où le quart-arrière devient la cible des critiques quand l’équipe ne va pas bien.

Université Laval

« Ç’a ces bons côtés et ces mauvais côtés. Comme quart-arrière, quand ça va bien, tu as trop de crédit, et quand ça va mal, tu as trop de blâmes. Il faut apprendre à gérer tout ça, autant les beaux que les moins beaux moments, mais je crois que ça m’a formé pour le prochain niveau. »

Cette lutte pour le poste de quart-arrière partant en vue de la saison 2024 a été bien accueillie par Desjardins. Au lieu de se laisser dérailler par la fierté, il a plutôt préféré voir cela comme une occasion de s’améliorer, autant en tant que joueur qu’en tant que personne.

« Je voyais ça d’un bon œil, la compétition, ça peut juste élever le jeu de tout le monde d’un cran. J’ai pu travailler sur ma résilience durant ces moments-là. De ne pas me laisser affecter et de continuer à travailler. »

« Finalement, ç’a été bénéfique pour tout le monde. On a tous travaillé fort pour mériter des postes qui étaient peut-être tenus pour acquis. Je suis convaincu que c’est l’une des raisons pourquoi on a eu une aussi belle saison par la suite », explique Desjardins.

En 2024, le Rouge et Or a connu une saison de 7-1, qui s’est conclue par la conquête d’une deuxième Coupe Vanier en trois ans pour Desjardins et sa bande. Le passeur a brillé durant toute la campagne, ce qui lui a valu d’être nommé joueur de l’année au sein du RSEQ.

À Regina, lors du camp d’évaluation, Jonathan Sénécal – son homologue des Carabins de l’Université Montréal – et lui ont été les récipiendaires d’énormément d’attention, mais les deux ont répondu avec brio. Au terme de la dernière journée du camp, Desjardins a été nommé parmi les trois étoiles de la journée de l’analyste de TSN Marshall Ferguson.

Cela n’a fait qu’augmenter l’engouement entourant les deux passeurs à l’approche du repêchage de la LCF. Plus que jamais, les partisans québécois peuvent espérer voir un des leurs percer au poste de quart-arrière dans la LCF.

Pendant ce temps, Desjardins préfère ne pas se faire trop d’attentes envers les prochaines semaines. Peu importe comment celles-ci vont se dessiner, le principal intéressé est heureux du travail qui a été accompli.

« Peu importe quelle occasion va se présenter en mai, je veux sauter dessus. Je sais que je vais être prêt, et je sais que je peux très bien faire dans ce genre de contexte là. D’ici là je continue ma préparation et je contrôle ce que je peux contrôler. »