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26 avril 2025

Sénécal : Des années d’efforts et de sacrifices enfin récompensées

Arthur Ward/LCF.ca

MONTRÉAL – Pourrait-on bientôt voir un quart-arrière partant québécois dans la Ligue canadienne de football (LCF)?

Ce souhait, qui a pendant longtemps paru comme une utopie, semble plus près que jamais de se réaliser, avec des quarts-arrière comme Jonathan Sénécal et Arnaud Desjardins qui cognent aux portes du football professionnel.

Pour Sénécal, cela représenterait l’aboutissement d’une vie de pratique de son sport, lui qui a commencé à jouer à la position de quart-arrière à l’âge de six ans.

À quelques jours du repêchage de la LCF, je me suis entretenu avec le passeur des Carabins de l’Université de Montréal.

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C’est après avoir regardé un match de football à la télévision que le jeune Sénécal a commencé à demander à ses parents de l’inscrire à une équipe. Une demande qui a pu sembler anodine, sur le coup, et les parents de Sénécal ne se doutaient probablement pas qu’ils allaient passer bien du temps sur les lignes de côtés de terrains de football au cours des 20 prochaines années.

C’est donc au flag-football que Sénécal a entamé son long chemin de croix à, vous l’aurez deviné, la position de quart-arrière.

« J’ai juste demandé à mes parents s’ils voulaient m’inscrire après avoir vu du football à la télé; on se retrouve ici 20 ans plus tard », explique-t-il. « J’ai littéralement commencé à la position de quart-arrière! »

C’est avant même d’avoir complété son parcours secondaire au Collège Laval que Sénécal a commencé à susciter de l’excitation auprès des amateurs de football. Après une bonne prestation avec Équipe Québec alors qu’il était en cinquième secondaire, des murmures à propos d’un jeune quart-arrière prodigieux ont commencé à se faire entendre aux quatre coins de la province.

Arthur Ward/LCF.ca

C’est donc par la grande porte – et sous une loupe très inhabituelle pour un joueur de son âge – qu’il a fait son entrée au Collège André-Grasset.

« Ç’a commencé quand je suis revenu d’Équipe Québec en cinquième secondaire », se remémore le principal intéressé. « On a commencé à entendre qu’il y avait un bon quart-arrière qui s’en allait à André-Grasset. »

Sénécal suit cette phrase d’un « bla, bla, bla », signe qu’il n’aime pas particulièrement aborder le sujet de l’attention qu’il reçoit depuis un jeune âge. Comme pour confirmer cette réflexion, il poursuit en expliquant qu’il a toujours préféré faire fit des commentaires et des analyses qui pullulaient autour de lui.

« Je ne me suis jamais mis de pressions avec tous ces trucs-là. Si tu écoutes tout ce qui se dit dans les médias, ça peut être une source de distraction. »

DIRECTION MONTRÉAL, EN PASSANT PAR LE CONNECTICUT

Après une carrière remarquable avec le Collège André-Grasset, Sénécal a reçu une bourse d’études pour aller jouer avec les Huskies de l’Université du Connecticut, un accomplissement plus que rarissime pour un passeur québécois.

Cela est survenu au terme d’une saison exceptionnelle 2018 pour Sénécal, au cours de laquelle il avait complété 27 passes de touché, en plus d’aider son équipe à remporter le Bol d’Or.

Il a donc complété son parcours avec le Phénix à l’automne 2019, avant de rejoindre le Connecticut en janvier 2020.

Si des cloches d’alarmes ont commencé à résonner dans votre tête après la lecture de cette dernière phrase, vous n’êtes pas fou.

À peine deux mois après son déménagement à Mansfield, la pandémie de la COVID-19 a éclaté, chamboulant le monde du sport comme jamais auparavant.

Comble de malheur, l’Université du Connecticut a annoncé en aout 2020 son intention d’annuler la saison de football en 2020, qui devait être la première campagne de Sénécal au sud de la frontière.

Devant toute cette incertitude, celui-ci s’est retrouvé à la croisée des chemins.

« Mon équipe a été la seule équipe à annuler sa saison », explique-t-il. « Marco Iadeluca était l’entraineur-chef des Carabins, et j’avais joué pour son frère au cégep. Quand j’étais jeune, j’allais souvent aux entrainements des Carabins. J’ai toujours un peu baigné dans leur environnement. Pour moi, c’était un choix assez simple de revenir à Montréal et d’aller jouer pour les Carabins. »

Université de Montréal

À Montréal, Sénécal a rapidement compris qu’il avait pris la bonne décision en revenant au Québec.

« Je me suis rendu compte qu’à Montréal, la cohésion et l’esprit d’équipe que j’avais avec les gars, je ne retrouvais pas ça aux États-Unis. C’était plus business, si on peut dire, plus sérieux. Aux Carabins, je me suis senti chez moi. J’éprouvais du plaisir à jouer au football. Ultimement, c’est ça qui est le plus important. »

Depuis quatre ans, Sénécal a connu un parcours couronné de succès, autant sur les plans collectifs qu’individuel. En 2023, il a aidé son équipe a soulevé la deuxième Coupe Vanier de son histoire, en plus d’être le récipiendaire du trophée Hec Crighton, remis au joueur par excellence de U SPORTS.

Il a conclu son parcours universitaire avec brio en 2024, en complétant 71,5 % de ses passes pour 2320 verges et 15 touchés. Il a aussi ajouté 278 verges et trois touchés au sol.

Avant sa dernière saison universitaire, Sénécal a eu la chance de participer au camp d’entrainement des Alouettes de Montréal, en 2024, dans le cadre du programme de stages pour quarts-arrière de la LCF. Là-bas, il a pu gouter pour la première fois au football professionnel.

« Quand j’ai participé au camp des Alouettes, j’ai pu voir ce qu’est le niveau de jeu à ce niveau-là. C’est sûr qu’il me reste encore beaucoup de travail à faire, mais je crois que c’est très atteignable. »

Sénécal dit qu’il accueille à bras ouvert les années d’apprentissage qui viennent souvent pour les jeunes quarts-arrière chez les professionnels.

« J’ai hâte d’apprendre, au début, auprès d’un quart-arrière déjà établi. Il va pouvoir me préparer pour quand ça va être mon tour. C’est un chemin que tous les quarts-arrière doivent emprunter. Je vais apprécier le processus et devenir meilleur. Je n’ai pas la prétention de dire que j’arrive chez les pros et que je suis 100 % prêt à jouer. »

À moins d’une semaine du repêchage, Sénécal est serein et réalise tous les efforts qu’il a mis pour être où il est aujourd’hui.

« Tous mes efforts sont récompensés. Je ne veux pas me mettre de pression par rapport à la soirée du repêchage. Ça va être le fruit de tous mes efforts; les réveils tôt le matin, les entrainements le vendredi soir, aller à l’école à travers tout ça. Ce sont des sacrifices que les gens ne voient pas nécessairement, mais qui sont quand même des gros sacrifices. »