TORONTO – Vous allez peut-être nous dire que c’est exagéré d’appeler le dernier choix au total du repêchage 2025 de Ligue canadienne de football (LCF) un « slam dunk », mais soyez ouvert d’esprit.
DeEmetrius Masuka était étendu dans son lit mardi soir – le soir du repêchage – ses paupières lourdes le menant progressivement vers le pays des rêves. Il avait un entrainement prévu le matin suivant et, après avoir subi deux blessures graves au genou au cours des deux dernières années, l’athlète de 22 ans avait du travail à faire dans la salle d’entrainement.
Et puis, il se disait qu’il avait de toute façon peu de chances d’être repêché.
LIENS CONNEXES
» Repêchage : Les Stamps choisissent le Montréalais Damien Alford au premier rang
» Un aperçu par équipe du repêchage 2025 de la LCF
» Découvrez les sélections du repêchage 2025 de la LCF
» Plus de nouvelles et de chroniques sur le repêchage 2025 de la LCF
C’est alors que, toujours étendu dans son lit, le repêchage défilant sur son téléphone, Masuka a commencé à penser à ce qui l’attendait pour la suite des choses.
Le jour précédent, il avait tenté un dernier coup pour montrer aux équipes de la LCF qu’il était remis de ses blessures au genou.
Masuka leur a envoyé une vidéo de lui sur le court de basketball, réussissant un percutant « dunk ».
L’une de ses équipes ayant reçu la vidéo, les Argonauts de Toronto, a choisi de faire de Masuka le dernier choix du repêchage de la LCF, le 72e au total, mardi.
En entendant son nom, Masuka a sauté hors de son lit.
Séjournant toute la semaine chez ses parents, il est descendu au rez-de-chaussée pour leur annoncer qu’il avait été choisi au huitième tour, ajoutant « je pense ».
« C’était un peu surréel », dit-il en riant.
Le sommeil allait devoir attendre, alors que les pensées et le téléphone de Masuka se sont mis à aller dans tous les sens.
« Je recevais des FaceTimes, des textos, des appels », explique Masuka. « C’étaient des gens près de moi, qui étaient au courant de tout ce que j’avais dû affronter. »
Il a effectivement dû surmonter beaucoup de défis depuis deux ans.
Lors de l’été 2023, Masuka s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou droit. Cette malchance est survenue après sa meilleure saison en carrière, au cours de laquelle il avait réussi trois interceptions et 27 plaqués en huit matchs dans l’uniforme des Marauders de l’Université McMaster.
L’athlète de six pieds, deux pouces et 220 livres a donc raté l’entièreté de la saison 2023. Quand la page a tourné sur l’année 2024, il était prêt.
Lors du troisième match de la saison, il s’est toutefois déchiré le même ligament. Son année était terminée. À nouveau.
Il était dévasté, comme vous vous l’imaginez probablement.
« Ce fut probablement le mois le plus difficile de ma vie », se remémore le natif de Hamilton.
« Les choses vont bien, ta vie s’en va dans la bonne direction », explique-t-il. « Et puis tu dois tout recommencer à zéro. Je me sentais comme si tout le travail que j’avais accompli était parti en fumée. »
« Durant ce mois, je ne savais pas quoi penser : je ne savais pas si j’allais rejouer au football ou si je devais me concentrer sur quelque chose d’autre. »
Nous connaissons maintenant la réponse. Masuka peut maintenant « dunker » un ballon de basketball et vient d’être repêché par une équipe de la LCF.
Durant cette épreuve, Masuka a décidé de se ressaisir et de continuer à poursuivre son rêve de jouer au football, malgré une deuxième chirurgie en autant d’années.
« Je ne sais pas vraiment comment… », il s’arrête pour quelques secondes.
« Abandonner », complète-t-il. « C’est un trait de personnalité étrange. »
« J’ai attaqué ma deuxième remise en forme de la même manière que la première. »
Le futur immédiat de Masuka dans l’organisation des Argos demeure inconnu, lui qui ne sera pas tout à fait prêt pour le début du camp des recrues la semaine prochaine.
Il espère retrouver sa pleine santé pour le football d’ici cet été.
Masuka possède encore deux années d’admissibilité à l’université. Après avoir complété son baccalauréat en kinésiologie à l’Université McMaster, et ne sachant pas ce que son avenir au football lui réservait, il a rejoint l’Université de Guelph avec l’intention de complété sa maitrise en santé humaine.
Il a pris cette décision avant le repêchage, pour être certain qu’il allait pouvoir jouer au football même s’il n’était pas sélectionné.
Masuka croyait que c’était la possibilité la plus envisageable, et c’est pourquoi il décidé de passer la soirée du repêchage dans sa chambre, chez ses parents.
« Mes attentes étaient très basses. Je ne voulais pas être déçu », explique-t-il.
Et puis, à minuit moins une, son nom est enfin apparu sur le tableau du repêchage.
La veille, il avait envoyé sa vidéo aux équipes.
Il n’avait pas prévu de le faire. Il voulait juste se prouver à lui-même qu’il pouvait encore réaliser un dunk. Mais les équipes lui avaient déjà demandé des vidéos pour montrer sa progression dans sa remise en forme. « Pourquoi ne pas leur envoyer le vidéo, peut-être pour les encourager à me repêcher? »
« Ç’a payé », dit-il.
Comme nous l’avions dit au début. Un « slam dunk ».