Eric Bolte/LCF.ca
MONTRÉAL – Malgré la grève de la STM, les partisans étaient au rendez-vous lors de la demi-finale de l’Est à Montréal, en ce 1er novembre gris et froid.
En effet, 19 785 spectatrices et spectateurs étaient emmitouflés sur leurs sièges pour encourager leurs favoris.
Au mois de novembre, dans la Ligue canadienne de football (LCF), ça ne sent pas seulement l’automne et l’hiver qui s’en vient. Ça sent aussi les éliminatoires, la guerre de tranchées et la compétition pure.
Les Blue Bombers de Winnipeg débarquaient à Montréal avec la même fiche que les Alouettes. 10-8. Mais c’est maintenant une nouvelle saison et les fiches à la régulière importent peu, voire plus du tout.
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J’imagine que les Bombers avaient le couteau entre les dents en sautant sur le terrain. J’imagine aussi qu’ils avaient en tête de devenir la première formation de la LCF à remporter la Coupe Grey, après être passés d’ouest en est pour jouer une demi-finale… Mais à la demie, les Als menaient déjà 25-6.
Malheur ! Les Bombers ne voulaient pas jouer dans un film d’horreur ! L’Halloween était terminée, non ?
Depuis 2019, l’organisation winnipegoise est une dynastie de la LCF. Un exemple à suivre. Une équipe qui gagne quand c’est le temps. On ne participe pas à cinq matchs consécutifs de la Coupe Grey (2019-2021-2022-2023-2024), la soulevant à deux reprises, sans bâtir une philosophie de gagnants.
L’entraîneur-chef des Bombers Mike O’Shea a certainement allumé le feu sous les sièges de ses joueurs pendant la pause, puisque dès le début de la deuxième demie, Winnipeg est sortie en lion, marquant trois touchés d’affilée, dont deux sur des revirements. Trois touchés en un peu plus de six minutes et c’était 27-25 pour les visiteurs.
Comme on dit dans le Canada anglais : « Only in the CFL! ».
Graham Hughes/LCF.ca
« Dans le vestiaire à la mi-temps, les joueurs ont pris la décision de réparer leurs erreurs du début de match », explique O’Shea. « C’était très impressionnant à voir. Ils sont retournés sur le terrain et ont exécuté tous ces jeux. Nous sommes revenus dans le match. En fait, le match est redevenu normal. »
Les partisans de football canadien avaient quelque chose à se mettre sous la dent. Les « fans » des Alouettes, quant à eux, grinçaient des dents.
La défense des Bombers a également su s’ajuster en deuxième moitié de match. Menée par le secondeur Redha Kramdi — 8 plaqués défensifs pendant la rencontre —, l’unité défensive des Bombers s’est mise à provoquer des choses.
À partir de là, la rencontre est devenue un duel spectaculaire où les deux formations en lice pour la finale de l’Est pouvaient l’emporter.
Coup de théâtre !
À 11 min 24 s du quatrième quart, le maraudeur des Oiseaux Marc-Antoine Dequoy récupère un ballon échappé par le demi-offensif Brady Oliveira, ce qui mène au touché des locaux.
Rien ne va plus pour le bleu et or. La défaite se pointe le bout du nez. 42-33 pour les Alouettes. Le rêve est terminé.
« Les joueurs sont dévastés », explique l’entraîneur-chef des Bombers, Mike O’Shea. « Mais je sais qu’ils se seraient sentis bien pires s’ils n’étaient pas revenus de la sorte au début du troisième quart. »
Mais que s’est-il passé avec le prolifique porteur de ballon des Bombers dans cette demi-finale ? Il est vrai que lorsqu’on tire de l’arrière par 19 points comme Winnipeg après deux quarts, on doit lancer le ballon. Huit courses pour 38 verges de gains pour Brady Oliveira. Très peu et décevant…
Tout le monde se rappelle le match du 21 août entre ces deux mêmes formations au Stade Percival-Molson. Ce fut un festival Oliveira. Seize courses pour 137 verges de gains et un touché. Aujourd’hui, il était l’ombre de lui-même.
Du côté du général à l’attaque, le vétéran de 37 ans Zach Collaros a eu un lent départ. Au premier quart, il n’a complété que deux de ses trois passes, pour des gains de huit verges. Il a ensuite enchaîné avec huit passes complétées en neuf tentatives, pour 104 verges de gains au deuxième quart. Beaucoup mieux, mais inimaginable pour celui qui a remporté le titre de joueur par excellence de la LCF à deux reprises (2021-2022).
« Je suis extrêmement déçu de la tournure des événements », explique Collaros, les larmes aux yeux. « Nous n’avons pas exécuté notre plan de match comme nous le voulions. Nous avons eu nos chances. Il y a des jeux que nous n’avons pas faits, par exemple, des jeux pour garder notre attaque sur le terrain plus longtemps. »
« Nous sommes revenus dans le match grâce à notre défense. Elle a créé plusieurs revirements. Mais nous avons fait trop d’erreurs. »
La déception était à son comble sur le podium de conférence de presse d’après-match. Bien sûr, cette défaite élimine les Blue Bombers, mais il ne faut pas négliger le fait que la 112e Coupe Grey est présentée à Winnipeg cette année. L’organisation des Bombers aurait aimé y être, devant ses partisans, le 16 novembre prochain.
Pour la suite, les Blue Bombers de Winnipeg retourneront à la maison, cuver leur vin et ramasser leurs affaires.
Peut-être regarderont-ils la finale de l’Est qui aura lieu à Hamilton samedi prochain, espérant secrètement que les Alouettes trébuchent ? Sûrement, mais Montréal a d’autres intentions.