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OTTAWA – À un certain moment de l’année, ils étaient sans emploi. Leur équipe ne voulait plus d’eux. Et ce soir, ils ont soulevé la Coupe Grey.
On disait de S.J. Green qu’il était fini. On pensait que Bear Woods était trop vieux. On avait abdiqué sur Matt Black.
Mais ces «mal-aimés» ont prouvé à la planète football que tout le monde mérite une deuxième chance.
Du vert au blanc
Les deux équipes méritaient qu’on leur déroule le tapis rouge. Elles ont plutôt eu droit à une grosse moquette blanche.
Un décor on ne peut plus féérique, une toile de fond parfaite pour un match de la Coupe Grey.
Dans cette nouvelle mouture du Snow Bowl de 1996, les Argonauts de Toronto ont fait preuve de caractère en signant une victoire in extremis de 27 à 24 face aux Stampeders de Calgary.
Pour la formation albertaine, c’est le jour de la marmotte. Pour la deuxième année de suite, les Stamps échappent le Graal de façon dramatique alors qu’ils étaient grands favoris pour l’emporter.
Résilience
Les Argos n’ont eu l’avance qu’une seule fois au cours du match. Une attente longue de 59 minutes. Et pourtant, c’est le dernier soixante secondes de jeu qui leur a paru comme une éternité.
Postés à la ligne de 24 des Argos avec 20 secondes à égrainer au tableau, les Stampeders avaient le beau jeu. Accusant un retard de trois points au tableau indicateur, ils pouvaient tenter un jeu dans la zone des buts pour la victoire. Advenant une passe incomplète, l’équipe aurait tenté le placement pour forcer la tenue de la prolongation.
Mais le demi défensif Matt Black avait un autre scénario en tête. Le vétéran de neuf saisons a anéanti les espoirs des Stampeders en interceptant le quart Bo Levi Mitchell.
«C’est un sentiment inexplicable, a souligné Black, serrant fièrement sa jeune fille dans ses bras. Nous n’avons jamais abandonné.»
Pas mal pour un gars qui, il y a un peu plus de trois mois, s’était fait montrer la porte de sortie par l’équipe avec laquelle il célèbre aujourd’hui.
En avance 24 à 16 avec moins de cinq minutes à jouer, les Stampeders s’apprêtaient à enfoncer le dernier clou dans le cercueil des Argos. Mais ces derniers ont défoncé leur coffrage.
Le demi défensif Jermaine Gabriel a fait perdre le ballon au receveur des Stamps Kamar Jorden à la ligne de 1, offrande par la suite récupérée et retournée par Cassius Vaughn sur une distance de 109 verges, jusqu’à l’autre bout du terrain.
Le converti de deux points s’en est suivi et c’était soudainement 24 à 24.
Et pourtant, la formation torontoise accusait un retard de 17 à 8 au retour de la mi-temps.
La neige s’était toutefois estompée. Les crampons ont été changés. Et les joueurs se sont réveillés.
Sur la photo, Cassius Vaughn, l’un des héros du match de la 105e Coupe Grey (CFL.ca).
Histoire incroyable
Mais quelle histoire que celle des Argos. Une histoire caractérisée par le travail, l’acharnement et la volonté.
Le 26 février dernier, les Argonauts n’avaient toujours pas de directeur général et d’entraîneur-chef. Le marché des joueurs autonomes était ouvert. L’équipe n’allait nulle part.
Il n’y a qu’un seul duo qui aurait pu accepter pareil défi: Jim Popp et Marc Trestman. Et c’est ce qu’ils ont fait.
La pente s’annonçait longue et abrupte. Ils ont pris le risque de signer des joueurs que personne ne voulait. Et aujourd’hui, ces décisions leur donnent raison.
Et que dire de Ricky Ray. Le vétéran quart n’a pas été très éloquent dans cette victoire. Mais comme tous les grands champions, il a trouvé une façon de l’emporter.
Il est d’ailleurs devenu le premier quart partant dans l’histoire de la LCF à signer quatre sacres à la Coupe Grey. Un exploit pleinement mérité.
Encore plus douloureux
Dans le vestiaire des perdants, sourires absents et goût amer remontait en bouche.
«Ça fait très mal, a souligné le Québécois William Langlais. L’échappée à la ligne de 1 nous a coulés. Cette défaite est encore plus douloureuse que la première. C’est très décevant.»
«Toronto n’a pas gagné, c’est Calgary qui a perdu», a pour sa part ajouté le spécialiste des longues remises Pierre-Luc Caron.
Encore une fois, le match de la Coupe Grey aura surpassé les attentes.