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25 novembre 2019

107CG : Andrew Harris était un homme en mission

Candice Ward/CFL.ca

CALGARY – Pour un champion nouvellement couronné de la 107e Coupe Grey, présentée par Shaw, Zach Collaros semblait avoir un air étonnamment modeste.

Durant sa conférence de presse d’après-match, le quart-arrière des Blue Bombers de Winnipeg a tout de même été en mesure de monter son excitation d’un cran, mais très peu… Il est comme ça…

C’est la dernière question de la soirée qui l’a fait craquer. Une question à propos du joueur par excellence et du joueur canadien par excellence de la Coupe Grey.

« Il en avait gros sur le cœur », a dit Collaros de son coéquipier Andrew Harris, lui qui a amassé 134 verges de gains au sol, 35 verges de gains sur des réceptions et deux touchés, dans une victoire des Bombers par la marque de 33-12.

« J’adore ce gars. Il a été extraordinaire. Il est toujours concentré. »

Pour Harris, la source de sa colère allait de soi.


 
Le 26 août dernier, il a été suspendu pour deux matchs pour avoir violé la politique contre le dopage de la LCF/AJLCF.

La vedette des Bombers a nié avoir pris volontairement la substance illégale en question et il a maintenu qu’un de ses suppléments avait été contaminé.

Les critiques ont alors fusé de toute part. Des joueurs à travers la Ligue, en passant par les partisans et les médias. Il est revenu de sa suspension et il a mené la LCF au chapitre des verges de gains au sol, pour la troisième saison consécutive. Si ce fâcheux incident n’avait pas eu lieu, il aurait probablement été nommé joueur canadien par excellence de la LCF, peut-être même le joueur par excellence tout court. Au lieu de cela, le joueur natif de Winnipeg n’a même pas pu passer la première phase de votation.

Dimanche dernier, à Calgary, Harris a pris le contrôle du match et personne ne pourra dire le contraire. Il a été absolument dominant, lui qui a pris son premier ballon de la soirée pour le ramener jusque dans la zone des buts. Une féroce course de 15 verges, lui qui a marqué le premier touché de la 107e Coupe Grey. C’était alors 7-0 pour les Bombers.

Mais ce n’était que le début pour Harris.

Ce n’était pas seulement de la domination de sa part. À chacun de ses pas, chaque fois qu’il brisait un plaqué, l’athlète de 32 ans prouvait quelque chose. Il était en mission et il ne le cachait pas. Il se pavanait après chaque premier jeu gagné et il était un guerrier devant ses adversaires. Il a même dansé, à la suite d’un jeu, lors de la première demie.

Au cours du deuxième quart, il s’est glissé derrière la défense des Ticats et il est tombé sur ses genoux dans la zone des buts, réalisant un attrapé spectaculaire de 18 verges, sur une passe de Chris Streveler. La transformation accentuait l’avance des Bombers, eux qui menaient maintenant 18-6. Winnipeg ne le savait pas à ce moment, mais c’était suffisant pour l’emporter.

Lorsque le dernier sifflet a retenti, personne ne se demandait qui allait remporter les deux honneurs individuels du match de championnat.

Harris est le premier joueur à remporter les titres de joueur par excellence et joueur canadien par excellence lors d’un match de la Coupe Grey. Il est aussi le premier Canadien à remporter le titre de joueur par excellence de la Coupe Grey, depuis Russ Jackson en 1969, à Ottawa.


 
« J’ai attiré beaucoup d’attention négative, pendant une bonne partie de la saison », a dit Harris, lors de sa conférence de presse d’après-match.

« Mais de remporter ces deux honneurs… Je les dédis à tous ceux qui ont écrit ces articles ou ces messages sur Twitter à mon sujet. »

« Je voulais jouer de mon mieux et c’est ce que j’ai fait. Je suis vraiment fier de mes coéquipiers. Ils mon appuyé tout au long de ce périple. Ainsi que mes amis et ma famille. C’était un match important et je voulais livrer la marchandise. »

Lors des matchs éliminatoires 2019 et lors de l’incroyable parcours des Bombers jusqu’au match de la Coupe Grey, il était possible de constater toute la rage dans les yeux de Harris. Winnipeg est devenue la première formation depuis les Eskimos d’Edmonton en 2005, à remporter tous leurs matchs éliminatoires sur la route. Quelquefois, à travers cette route, il y a eu des commentaires sur les réseaux sociaux. Harris a même répondu à toutes ces questions, au cours de la semaine de la Coupe Grey. Mais il n’aimait pas du tout que ce sujet controversé refasse surface.

« Ç’a été la situation la plus difficile de ma vie… Que mon intégrité soit mise en doute à ce point », a dit Harris.

« Je suis fier d’être un athlète professionnel et j’ai dû surmonter beaucoup d’adversité pour me rendre où je suis maintenant. »

« C’est vraiment un dur moment de ma vie et ça m’en a appris beaucoup sur moi-même et sur mon entourage. »


 
« Je suis presque… Pas heureux que ce soit arrivé, mais ça m’a finalement beaucoup aidé. Je me suis nourri de ça. Ça m’a fait grandir et lorsque je repenserai à tout ça, dans un futur rapproché, je pourrai être fier de ce que j’ai accompli. »

« Andrew est tout un joueur. Je ne sais pas s’ils l’ont oublié, mais… », a dit Nic Demski, lui-même natif de Winnipeg.

« Je savais qu’il voulait connaître un grand match. Il attendait patiemment et il était déchaîné aujourd’hui, sur le terrain. »

« Il est avec les Bombers depuis 2016. Il a pas mal changé la culture de l’équipe. L’organisation a bien fait son travail pour l’entourer adéquatement et ç’a fonctionné. »

Harris reconnaît que même lors des meilleurs moments de sa carrière – il a été la clé du succès lors de la 107e Coupe Grey, le premier championnat de la LCF remporté par les Bombers depuis 1990 —, le sujet de la violation de la politique contre le dopage de la LCF/AJLCF sera une conversation à jamais reliée à son nom.

« Je veux passer à autre chose, mais ça restera toujours », a-t-il dit.

« Je suis heureux d’avoir réussi mon pari. À tous ceux qui me critiquaient, je vous dédie cette victoire. »

Il s’est par la suite levé et est sorti de la salle des médias pour aller rejoindre ses coéquipiers. Dimanche soir dernier, lors de la 107e Coupe Grey, Andrew Harris a donné à sa ville et aux Blue Bombers quelque chose qu’ils n’ont pas eu depuis presque trois décennies. Et ça, c’est une chose que personne ne pourra lui enlever.

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca