30 janvier 2020

Se représentant lui-même, Stafford est un agent de changement

Shannon Vizniowski/CFL.ca

REGINA – Après deux ans dans la Ligue canadienne de football (LCF), Kenny Stafford a pris un pas de recul afin d’analyser sa situation. Il en a conclu qu’il avait besoin de changement.

Le receveur a usé des services d’un agent afin d’obtenir son premier contrat dans la LCF, mais plus il y pensait, plus il se disait que personne n’était plus qualifié que Kenny Stafford pour représenter Kenny Stafford.

« Je peux me vendre mieux que quiconque puisque je me connais mieux que quiconque », a dit Stafford, au téléphone, en direct de son domicile, à Edmonton.

« Je me suis dit, aussi, que ça me donnerait de l’expérience dans le monde de la gestion. Je sens que je pourrais être un bon directeur général. Je peux dénicher le talent. C’est peut-être quelque chose que j’envisagerai, après ma carrière de football. Alors pourquoi ne pas obtenir un peu de pratique? »

La saison 2020 marquera la huitième campagne de Stafford dans la LCF. Mis à part son premier contrat, il a géré ses propres affaires pour la suite. Il a négocié des ententes avec Jim Popp, lorsqu’il était le DG des Alouettes de Montréal, en plus d’avoir négocié avec Kyle Walters à Winnipeg et Ed Hervey et Brock Sunderland, à Edmonton.

Stafford fait partie d’un petit groupe de joueurs de la LCF qui se représente lui-même.

Kenny Stafford s’est joint aux Riders, lors d’une transaction avec Edmonton, au mois d’août 2019 (Shannon Vizniowski/CFL.ca).

Selon lui, la partie la plus difficile était de dissocier les conversations avec les DG en tant qu’agent et en tant que joueur. Puisqu’il campe les deux rôles, il faut tracer la ligne à un moment donné.

« Il fallait que je me dissocie de mes émotions », a dit Stafford.

« Si tu commences à toujours te sentir visé, eh bien, oublie le processus de négociation. J’ai toujours un objectif avant une rencontre. Si un DG m’aborde en me disant “vois-tu, Kenny, je te vois comme un receveur de troisième plan”, je retiens cette information. »

« Par la suite, je vais voir à travers la Ligue tous les receveurs de troisième plan, pour fabriquer mon argumentaire. Pour prouver que je suis meilleur qu’eux. Tout est dans la prise d’information et comment l’utiliser. »

Depuis qu’il se représente lui-même, Stafford a accès aux salaires de tous les autres receveurs de la LCF, et ce, à travers l’Association des joueurs de la LCF (AJLCF).

« Je regarde les statistiques et je les compare aux miennes, pour ensuite regarder les salaires. Je regarde le top-5 en termes de dollars afin de voir où je me situe. Par la suite, je fais des calculs. Réceptions, cibles, mon état de santé, me comparant aux autres receveurs de la Ligue, pour ensuite voir ce que l’équipe en question pourrait m’offrir. »

« Lorsque tu trouves le montant, tout est une question de négociations, par la suite. »

Lorsqu’il est parvenu à mettre ses émotions et ses instincts d’athlète de côté, Stafford a commencé à apprécier le processus du marché des joueurs autonomes. Il affirme que plus sa carrière a progressé, plus il a été en mesure d’obtenir tous les contrats qu’il voulait.

« Tu ne seras jamais payé le salaire que tu crois que tu devrais avoir », a-t-il dit.

« Mon oncle (membre du Temple de la renommée de la NFL, Cris Carter) me l’a dit très tôt dans ma carrière. Lorsque tu passes par-dessus tout ça, mettant tes émotions de côté et trouvant une marge salariale adéquate, tu peux avancer. »

« Je peux me vendre mieux que quiconque puisque je me connais mieux que quiconque. »

– Kenny Stafford

Pour Stafford, ses contrats sont comme des récompenses. Il tire avantage de ses occasions favorables hors du terrain.

« Je n’ai jamais produit énormément tout au long de ma carrière, mais j’ai toujours été bien payé », a dit Stafford.

« Lorsque j’obtiens ma chance, je peux montrer que je suis un sacré bon receveur. Pour un contrat, je négocie, en général, les bonus de signature et le contrat de base. Je ne me prends pas la tête avec les incitatifs. Les émotions prennent toujours le dessus. J’ai vu les bons et les mauvais côtés des incitatifs dans un contrat et je préfère de loin gagner mon argent à la signature et aller travailler. »

Stafford est sous contrat jusqu’à la fin de la saison 2020, avec les Roughriders de la Saskatchewan. Il n’agira donc pas, lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, le 11 février prochain, à partir de midi HE. Mais pour les joueurs qui testeront le marché et pour ceux qui se retrouveront au même stade que lui en début de carrière, il a quelques conseils.

« Essayez de gagner votre argent à la signature du contrat », a-t-il dit, en riant.

« Si tu es un jeune joueur, n’ait pas peur de te vendre à fond, mais sans exagérer. Obtiens ce que tu mérites. Sois intelligent et fais ce que dois. Ne te peinture pas dans un coin dès le départ et demande de l’aide. »

D’après un article de Chris O’Leary, paru sur CFL.ca