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11 mai 2020

Ensemble à nouveau : Les amis Brisset et Adjei réunis à Toronto

LCF.ca

TORONTO – Quand Dejon Brisset s’est connecté à la plateforme Zoom, mercredi, pour participer à sa première réunion avec le groupe de receveurs des Argonauts de Toronto, il a cherché à voir qui d’autre participait à la téléconférence.

Des joueurs comme Juwan Brescacin, DaVaris Daniels et Chandler Worthy étaient présents, appelant des quatre coins de l’Amérique du Nord. Rapidement, les receveurs et les entraîneurs ont plongé dans les différentes stratégies du livre de jeux.

Alors que les discussions allaient bon train, Brisset, le deuxième choix au total du repêchage 2020 de la LCF, avait toujours de la difficulté à croire que Natey Adjei, son ami de longue date et mentor, participait lui aussi à la réunion.


 
« J’ai vu Natey sur Zoom. Je suis réellement le coéquipier de Natey maintenant. C’est fou », a dit Brisset, jeudi dernier, en direct de son domicile de Pickering, en Ontario.

« Je n’en reviens pas encore. Je n’en reviens pas encore, parce que je ne l’ai pas encore vu. Dès que nous nous verrons en personne, nous entamerons un nouveau chapitre de notre amitié. »

Cette amitié a commencé il y a des années, avant même que Brissett ne commence à jouer au football à temps plein. Les deux hommes s’entraînaient dans le même centre d’entraînement dans la grande région de Toronto, avec plusieurs autres joueurs de la LCF. Brissett, qui avait 15 ans à l’époque, jouait au basketball et n’avait pas encore pris conscience de sa passion pour le football.

Il se joignait aux joueurs de la LCF pendant leurs entraînements, s’entraînant à leurs côtés et fournissant autant d’efforts qu’eux. Le tout a attiré l’attention d’Adjei et a été le début de ce qui allait devenir une grande amitié.

« Je me suis intéressé à lui parce qu’il travaillait aussi fort, voire plus fort, que n’importe qui d’autre », a dit Adjei. « C’est assez drôle, parce que je me dis : ‘‘Quand j’ai commencé à m’entraîner, j’avais 15 ans aussi, mais, évidemment, mon objectif était de jouer au football. Toi, tu es ici en train de jouer au basketball, mais tu t’entraînes comme un joueur de football.’’ J’ai toujours pensé que c’était super inspirant. »

« Natey me l’a dit tout de suite », se souvient Brissett. « Je pourrais être vraiment bon, alors je devrais commencer à jouer au football. »

Brisset a écouté ces conseils et quand il s’est rendu à l’Académie Lake Forest, dans l’Illinois, il a pratiqué le football et le basketball. Il participait aux deux sports, avant de choisir de se concentrer sur seulement l’un d’eux. À sa dernière année, le football fut son choix.

Brescacin (en haut à gauche), Brisset (en haut au milieu), Dsaun Greenway (en haut à droite), Adjei (en bas à gauche) et Brandon Bridge (en bas à droite) pendant un entraînement ensemble (Natey Adjey)

Adjei a reçu un coup de fil de la mère de Brissett en 2014, sa première année avec les Argos, et elle lui a demandé s’il allait entraîner son fils. Elle lui a dit que Brissett voulait jouer au football à temps plein, et elle lui a même proposé de le payer pour ses services. Adjei a refusé. « C’est comme mon petit frère », a-t-il dit.

L’entraînement a donc commencé.

Adjei terminait son entraînement avec les Argos puis amenait Brissett sur le terrain. Il demandait également à un quart-arrière substitut de se joindre à eux, car ils avaient besoin de quelqu’un pour leur lancer des ballons pendant qu’ils travaillaient leurs tracés.

« Évidemment, comme il en était à ses débuts, il ne savait pas encore ce qu’il faisait, mais ses habiletés athlétiques étaient évidentes », se souvient Adjei. « On voyait qu’il pouvait aller chercher le ballon, qu’il était rapide et qu’il allait continuer de grandir. »

« Il m’a donné beaucoup d’outils avec lesquels travailler. Je suis tellement heureux de faire un peu partie de son succès; comme je l’ai dit, c’est comme mon petit frère. »

C’est drôle de voir comment la vie fonctionne parfois comme vous l’auriez espéré. Comme un jeu parfaitement exécuté. Vous battez la défense, vous exécutez un tracé parfait et vous vous retrouvez dans la zone des buts pour marquer un touché.

C’est comme ça que les choses se sont déroulées pour Adjei et Brisset.

Cet hiver, Adjei a été libéré par les Eskimos d’Edmonton, un congédiement qu’il n’avait pas vu venir. Mais il n’est pas resté joueur autonome bien longtemps, signant, peu de temps après, un contrat avec Toronto.

Brissett était un très bon espoir en amont du repêchage de la LCF, et il avait suscité l’intérêt d’un certain nombre d’équipes de la Ligue. Il a vu les deux versions du repêchage simulé du LCF.ca, où il devait être sélectionné par Toronto dans la première édition et par Hamilton dans la seconde. Mais, malgré toutes ces spéculations, il ne savait pas où l’avenir allait le mener.

Adjei (gauche), Brisset (milieu) et le quart-arrière Casey Pachall ont été pris en photo lors d’un entraînement (Natey Adjei)

Le jour du repêchage, Brisset était aux côtés de sa mère, de son frère Oshea – qui évolue avec les Raptors de Toronto dans la NBA – et de sa sœur; tous les quatre, ils attendaient de connaître sa prochaine destination.

Il était à l’écoute quand les Stampeders de Calgary ont échangé le premier choix au total aux Lions de la Colombie-Britannique. Puis, il a entendu le nom du secondeur Jordan Williams être nommé en premier. C’est à ce moment-là qu’il est devenu nerveux.

« J’avais les mains moites après le premier choix au total, parce je savais que Toronto était la prochaine équipe à choisir. J’avais donc hâte de voir ce que les Argos allaient faire », se souvient Brisset. « Puis mon téléphone a sonné, et je savais que c’était Pinball – son numéro est enregistré dans mes contacts. Je me suis dit : ‘‘Ça y est! S’il prononce les mots que je veux entendre, je serai choisi au deuxième rang au total.’’ »

« Il a dit ce que je voulais entendre, et j’ai affiché un grand sourire. Ma mère savait qu’il s’agissait de bonnes nouvelles uniquement par mes expressions faciales, alors elle était folle de joie. Mon frère aussi était fou de joie, et il a tout filmé. C’était génial. »

Et, en un instant, Adjei et Brisset sont devenus coéquipiers.

Les deux hommes planifient profiter de ce moment ensemble. Tout leur travail acharné au fil des ans était sur le point de porter ses fruits, et ils voulaient vivre ce moment enivrant ensemble. En raison de la pandémie de la COVID-19 et de la distanciation sociale, ils ont décidé d’utiliser Zoom, comme beaucoup d’entre nous le font pour discuter avec nos amis et les membres de notre famille.

Mais ni l’un, ni l’autre s’attendait à ce que les choses arrivent aussi soudainement.

« Il a été repêché si tôt; nous n’avons même pas eu le temps de nous connecter à Zoom », a dit Adjei en riant. « J’étais en train de préparer l’appel, le premier choix a été annoncé, puis il a été choisi au deuxième rang. »

Évidemment, ils se sont échangé quelques messages textes par la suite, ce qui n’était rien de nouveau pour eux. Ils se sont parlé souvent au cours des dernières années, alors que Brisset, le plus vieil enfant de la famille, considérait Adjei comme son grand-frère. Adjei donnait des conseils à Brisset à propos de la vie, des copines, du fait d’être un Canadien habitant aux États-Unis (Adjei a étudié à l’Université de Buffalo), des relations avec ses coéquipiers…

Même avant le repêchage, le duo avait tenté de deviner quelle équipe allait choisir Brisset lors de l’encan annuel. Adjei, de son côté, soutenait que ça avait beaucoup de sens de voir le jeune homme de 23 ans être sélectionné par les Argos.

« Je ne savais pas qu’il allait être repêché si tôt », a admis Adjei. « Mais plus je lisais sur le sujet, plus ça avait du sens. Il me disait : ‘‘Je ne sais pas quelle équipe va me choisir. Je serais heureux avec n’importe quelle équipe.’’ Mais, de mon côté, je lui disais : ‘‘Ça fait du sens si tu es choisi par Toronto. Tout cadre : les manchettes, l’aspect marketing, la philosophie de l’équipe… Tout est en place pour que tu sois choisi par ce club.’’ »

Et Brisset était d’accord.

« C’est comme si les planètes s’étaient alignées », a dit Brisset. « Le fait d’être choisi par Toronto s’accompagne de tellement de bonnes choses pour moi, en plus de l’opportunité de jouer au football. Ma famille pourra me voir jouer – plusieurs de mes proches ne m’ont jamais vu jouer auparavant. Je serai dans la même ville que mon frère, et je pourrai rester à la maison pour de longues périodes de temps. C’est une situation parfaite, et tout est arrivé dès le moment où Toronto m’a repêché. Je me suis dit : ‘‘On n’aurait pas pu écrire un meilleur scénario.’’ »

Ce n’était peut-être pas le plan initial – ou peut-être que ce l’est depuis le départ –, mais tout indique que quand Michael « Pinball » Clemons a accepté le poste de directeur général des Argos, l’une de ses priorités a été d’ajouter des joueurs locaux à sa formation.

Lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, les Torontois ont embauché Brescacin, Fabion Foote et Chris Ackie. Ils ont aussi mis sous contrat Arjen Colquhoun. Ces joueurs se joignent à une bonne quantité de joueurs du sud de l’Ontario enfilant déjà les couleurs des Argos, dont Llevi Noel, Adjei, Jamal Campbell, Declan Cross et Robbie Smith.

« Je le dis depuis des années : la région de Toronto produit les meilleurs joueurs de football canadiens. Mais je suis biaisé », a-t-il dit. « Je me suis demandé : ‘‘Qu’arriverait-il si nous étions tous membres de la même équipe, celle des Argos? Qu’arriverait-il d’un point de vue marketing?’’ Parce qu’évidemment, nous pourrons compter sur un peu plus de partisans dans les gradins, puisque nos familles seraient en ville et voudraient nous voir jouer. »

« Et la fierté d’enfiler les couleurs de notre équipe locale. Je me suis dit que ce serait la meilleure façon d’opérer. J’ai toujours pensé comme ça, même à l’école secondaire et à l’université. Pourquoi ça n’arrive pas? Mais je suis très heureux que Pinball Clemons soit celui qui est rendu le tout possible. »

La sélection de Brisset était un choix judicieux pour les Argos : Brisset est un receveur talentueux qui ajoutera de la profondeur au groupe de receveurs des Torontois. Il pourrait évoluer derrière Adjei ou Brescacin, si, bien entendu, ceux-ci amorcent la saison comme partants.

Et cette sélection a été parfaite pour Brisset également. En plus de jouer pour l’équipe de sa région, il pourra apprendre toutes les nuances du football professionnel canadien aux côtés de l’une des personnes les plus influentes de sa vie dans l’univers du football.

« Je l’ai toujours admiré parce qu’il a étudié à l’Université de Buffalo avant d’être repêché par Toronto », a dit Brissett. « Il a déjà vécu le rêve, alors j’ai toujours été en communication avec lui tout au long de mes années à l’école secondaire et à l’université. Il est probablement l’un des éléments les plus importants de mon développement en tant que joueur de football. »

« Surtout à l’école secondaire, parce qu’il m’a vraiment montré l’art de courir des tracés et toutes les nuances du football. Je lui attribue beaucoup de mes succès, honnêtement. »

D’après un article de Kristina Costabile publié sur CFL.ca.