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9 juin 2020

Riders : Une tumultueuse première saison comme partant pour Fajardo

Arthur Ward/LCF.ca

REGINA – Cody Fajardo a connu des saisons mortes occupées au cours des dernières années.

En 2018, il a choisi de se remettre en forme en prévision de la saison à venir en téléchargeant une application pour promener des chiens.

« Ce fut tout un processus à traverser. J’ai fait des tests sur mes connaissances sur les chiens et sur les différents types de colliers, entre autres. Mais une fois que le tout fut complété, le fait de promener les chiens était facile », a indiqué Fajardo. « Je faisais 35 000 pas par jour, ce qui est tout simplement ridicule. Je pesais 208 livres; je n’avais pas été ce poids depuis environ ma deuxième année à l’université. »

« J’ai appelé mon entraîneur des quarts-arrière à l’université, et il m’a dit que je devrais reprendre ce poids perdu. Mais je n’ai obtenu que des notes parfaites, et j’avais un profil impeccable. »

Cody Fajardo a signé un contrat avec les Roughriders de la Saskatchewan en amont de la saison 2019 et il est devenu l’une des étoiles de la LCF l’an dernier (Matt Smith/LCF.ca)

En 2019, sa fiancée Laura – aujourd’hui sa femme – et lui planifiaient un mariage en mars – il est cependant le premier admettre que c’est elle qui s’est occupée de presque tout à ce propos. En plus, il devait à nouveau passer par le marché des joueurs autonomes. Fajardo a signé un contrat avec les Roughriders de la Saskatchewan le 13 février. Il s’agissait de son troisième club en autant d’années.

Il devait être le quart-arrière substitut derrière vétéran Zach Collaros. Mais, après seulement trois jeux, Collaros est tombé au combat pour plusieurs semaines en raison d’une blessure. De manière inattendue, Fajardo a ainsi dû diriger l’équipe presque dès le départ.

« Personnellement, ç’a été complètement fou », a dit Fajardo. « Comme substitut, tu t’attends à jouer, mais vers la mi-saison, quand tout le monde est un peu amoché. Tu ne t’attends jamais à ce que ce soit après le troisième jeu du premier match de la saison. »

« Quand j’ai signé mon contrat avec les Riders, Zach parlait très ouvertement de son historique de blessures. Il m’a dit : ‘‘Cody, ça se peut que tu aies à jouer cette année. Je ne sais pas combien de matchs, mais ça se peut que tu aies à jouer.’’ Entendre ces mots de la part du partant m’a poussé à m’entraîner encore plus fort, car je voulais faire tout ce qui était nécessaire pour aider l’équipe. »

Les Riders ont perdu ce premier match aux mains des Tiger-Cats de Hamilton, avant de baisser pavillon dans une partie à haut pointage contre le ROUGE et NOIR d’Ottawa une semaine plus tard. Puis, lors de la semaine 3, Fajardo et les Riders ont signé leur premier gain de la campagne, une victoire de 32-7, à domicile, aux dépens des Argonauts de Toronto.

Fajardo a réussi 77 % de ses passes pour 430 verges et deux touchés lors de cette rencontre, possiblement la meilleure de sa saison 2019.

L’athlète de 28 ans a continué de livrer de bonnes performances, et, le 31 juillet, les Riders ont démontré leur foi envers Fajardo en échangeant Collaros aux Argonauts en retour d’un choix au repêchage.

Il était maintenant l’homme responsable de l’attaque et quelqu’un que l’entraîneur-chef Craig Dickenson et que le directeur général Jeremy O’Day pouvait considérer comme un potentiel quart-arrière pour des années à venir.

« Je n’avais aucune idée de ce qui venait de se passer jusqu’à ce que nous soyons sur le point d’effectuer un léger entraînement en attaque. Coach (Stephen) McAdoo a dit que nous avions échangé Zach et que j’étais l’homme de la situation », a confié Fajardo. « C’était une situation tellement difficile à vivre :je voulais être enjoué par l’opportunité, mais je perdais également un bon ami, un bon coéquipier et un gars qui m’avait donné un coup de main en cours de route. »

« C’était donc un peu gênant parce que les gars venaient me féliciter, mais, dans mon esprit, j’avais de la difficulté à célébrer quand quelqu’un d’autre venait de perdre son emploi. Je me souviens être rentré chez moi et être resté seul. J’ai appelé mon père et je lui ai dit que l’équipe avait mis sa confiance en moi et nous nous sommes dit : « Ça fait cinq ans que nous attendons seulement qu’une équipe nous donner une chance. » Nous avons finalement obtenu cela avec les Riders, et ç’a vraiment été une bénédiction. »

Fajardo a aidé les Riders à terminer le calendrier régulier avec une fiche de 13-5, soit leur plus grand nombre de victoires depuis 1969.

Il a été spectaculaire au cours de cette séquence, amassant 4032 verges et 18 touchés par la passe, en plus d’ajouter 611 verges et 10 majeurs en 107 courses.

Ses prouesses lui ont permis de décrocher un tout nouveau contrat de deux ans avec les Riders. La Saskatchewan a répondu à toutes ses attentes. L’équipe lui a permis de s’épanouir, les joueurs autour de lui jouaient extrêmement bien, et les partisans de la province l’ont accueilli à bras ouverts. Toutefois, le fait d’être scruté à la loupe et le fait d’évoluer dans l’un des meilleurs marchés de la LCF n’ont pas toujours été faciles l’an dernier.

« Quand vous êtes le quart-arrière des Roughriders de la Saskatchewan et que l’équipe gagne, la vie est belle », a dit Fajardo. « Mais je peux facilement imaginer à quoi ça ressemblerait si l’équipe ne gagnait pas. Ça faisait donc vraiment partie de ma motivation. Je ne voulais pas laisser tomber les partisans, parce que je voulais pouvoir aller à l’épicerie et parler de notre victoire plutôt que de parler de lancer moins d’interceptions ou de mieux distribuer le ballon. »

« J’aime la pression que nous imposent les partisans, parce que leur passion envers l’équipe est ce qui fait que nous voulons nous battre encore plus. Nous ne voulons pas les laisser tomber. »

Les Riders luttaient avec les Stampeders de Calgary et les Blue Bombers de Winnipeg dans la dernière portion de la saison afin de déterminer quelle équipe terminerait au premier rang de la division Ouest. Il a fallu attendre la dernière semaine de la campagne pour départager les trois clubs. Donc, au lieu de donner du repos à Fajardo puisqu’une participation aux éliminatoires était assurée, la Saskatchewan prévoyait employer son quart-arrière partant pendant au moins une partie de son dernier duel de la saison.

Toutefois, alors qu’il se préparait à affronter les Eskimos d’Edmonton, Fajardo a ressenti une vive douleur dans son abdomen en décochant une passe, le forçant à poser un genou au sol.

« On aurait dit que je m’étais fait poignarder sur le côté. Je me suis agenouillé, et je me suis dit : ‘‘Ce n’est pas le moment de me blesser, juste avant les éliminatoires.’’ », a-t-il dit. « Puis je me suis dit : ‘‘Au moins, nous sommes rendus à la fin de la saison. Si je peux jouer en dépit de ma blessure, sans l’aggraver, c’est ce que je vais faire.’’ »

« Je pense que la plus grande pression que j’ai ressentie est venue du fait que je venais de signer un nouveau contrat avec l’équipe et que j’étais finalement payé en tant que partant, alors je ne voulais pas laisser tomber le club, et, surtout, je ne voulais pas laisser tomber les partisans. C’est probablement ce qui m’a semblé le plus difficile : ne pas laisser tomber les partisans. J’ai donc travaillé d’arrache-pied pour être prêt à jouer. »

Le quart-arrière des Roughriders de la Saskatchewan Cody Fajardo a été en lice pour le titre de joueur par excellence de la LCF après une spectaculaire première saison en tant que partant (Arthur Ward/LCF.ca)

Fajardo a subi une blessure aux muscles obliques, et le duo composé d’Isaac Harker et de Bryan Bennett a été chargé d’aider l’équipe à mettre la main sur le premier rang de la division Ouest. Ils y sont parvenus, offrant à leur quart-arrière partant une semaine de repos de plus grâce à un congé en prévision de la finale de l’Ouest.

Selon lui, Fajardo était à 80 % de ses capacités lors de la finale de l’Ouest contre les Blue Bombers. Malgré la douleur, il est parvenu à amasser 366 verges en 27 passes complétées. En retard par sept points avec moins d’une minute à jouer, les Riders ont progressé jusqu’à la zone rouge de leurs rivaux. Cette séquence est demeurée en vie grâce à une passe de Fajardo qui, après avoir été déviée par Marcus Sayles, est tombée dans les mains de Kyran Moore.

La Saskatchewan frappait à la porte, mais sur le dernier jeu du match, la passe de Fajardo vers Moore a frappé l’un des poteaux des buts, mettant ainsi fin de manière crève-cœur à la campagne des Riders.

Fajardo s’est tout de suite écroulé sur le terrain, la tête entre les mains.

« Je ne voulais pas lancer une courte passe et que nous perdions le match sans que nous soyons capables d’atteindre la zone des buts. Je préférais lancer le ballon dans la zone des buts et donner une chance à mes coéquipiers », a expliqué Fajardo. « Le stade était plein à craquer, mais c’était très silencieux; je me souviens encore du bruit du ballon frappant le poteau. »

« Je me suis effondré en raison du travail acharné effectué par l’équipe, du travail acharné que j’ai fait pour revenir au jeu lors de cette partie et du travail acharné que nous avons accompli pour revenir dans le match. Le fait que le ballon ait touché le poteau des buts et que je n’ai aucune façon de savoir ce qui se serait passé – si Moore l’avait attrapé ou s’il avait été intercepté ou si la passe avait été incomplète –, ça me hante encore à ce jour. C’est impossible de complètement tourner la page. »

Les Riders ont connu une bonne saison qui s’est malheureusement terminée de l’une des pires façons possible. Néanmoins, l’équipe a vu huit de ses joueurs être élus au sein de l’équipe d’étoiles de la division Ouest. Cinq d’entre eux ont aussi été nommés sur l’équipe d’étoiles de la LCF, dont Fajardo.

Il a été élu candidat de l’équipe au titre de joueur par excellence. De leur côté, Craig Dickenson était en lice pour le titre d’entraîneur-chef de l’année, tandis que Cameron Judge était en lice pour le titre de joueur canadien par excellence.

Les trois hommes ont pris le chemin de Calgary afin d’assister au Gala 2019 de la LCF, présenté par Shaw. Le moment était accompagné de sentiments mitigés, car être en ville, mais ne pas jouer pour la coupe Grey, était certes difficile pour Fajardo et ses pairs.

« Ce qui est cool, c’est que mon père a assisté à la finale de l’Ouest et qu’il a réussi à obtenir quelques jours de plus de congé, alors je l’ai amené à Calgary », a dit Fajardo. « Il est venu à la cérémonie de remise de prix et a marché sur le tapis rouge avec les caméras et tout. Il a assurément aimé son expérience. »

« Le bon côté des choses est que j’ai pu passer du temps avec mon père. Je n’avais pas passé beaucoup de temps avec lui récemment parce que j’étais débordé. Donc, le simple fait de pouvoir passer du temps avec lui, d’aller manger au restaurant avec lui ou d’aller dans un bar avec lui sans avoir à me soucier d’un match, c’est quelque chose dont je me souviendrai. »

Aucun membre des Riders n’a remporté de prix lors du gala, ce qui, aux dires de Fajardo, donne encore plus de motivation à l’équipe, qui voudra atteindre les plus hauts sommets en 2020.

Quand est arrivé le jour du match de la 107e Coupe Grey, quelques jours plus tard, Fajardo et sa famille avaient des billets, mais il ne pouvait pas se résoudre à voir une autre équipe que la sienne soulever le précieux trophée en personne. Il a donc regardé la fin de la rencontre à partir de son hôtel, et il a visionné les faits saillants de la partie un peu plus tard ce soir-là.

Maintenant que l’avenir de Fajardo est un peu plus certain qu’auparavant, sa femme et lui ont commencé à s’enraciner un peu plus.

Avec la possibilité d’une saison 2020 écourtée débutant en septembre, Fajardo et ses coéquipiers doivent envisager un scénario où ils lutteront pour une participation aux éliminatoires dès le premier match de la campagne. Le quart-arrière aura plusieurs cibles à sa disposition; il pourra aussi compter sur l’aide d’un nouveau coordonnateur offensif en Jason Maas.

En ce moment, il essaie de demeurer occupé et de se préparer pour la prochaine saison. Mais il peut aussi revenir sur sa campagne 2019, une année spéciale où il est passé d’un quart-arrière substitut à l’un des passeurs les plus excitants de la LCF.

« Nous ne fêtions même pas la Saint-Valentin, parce que c’était une période trop stressante », a dit Fajardo en parlant de l’ouverture du marché des joueurs autonomes. « (Laura) poursuit son doctorat, et comme nous pouvions toujours être sur le point de déménager, c’est toujours elle qui a mis ses plans en attente. Cette année, ç’a finalement été une excellente saison morte, au cours de laquelle nous avons pu nous installer et planifier notre avenir. Nous venons de déposer une offre pour acheter une maison où nous pourrons nous enraciner, au lieu de passer d’un endroit à un autre. »

« Ç’a donc vraiment été une bénédiction d’obtenir ce contrat et de savoir où je vais en être cette saison. Je suis également ravi d’être le quart-arrière de la plus grande franchise au Canada, et je suis prêt à de nouveau sauter sur le terrain. »

D’après un article d’Austin Owens publié sur CFL.ca.