Repêchage
Tour
-
16 juin 2020

ROUGE et NOIR : Brown veut faire tourner des têtes en 2020

Johany Jutras/LCF.ca

OTTAWA – À 12 ans, Kevin Brown avait décidé d’arrêter de pratiquer le football à la suite d’une blessure.

« C’était fou. Nous soupions en famille, et mes tantes, mon père et ma mère m’ont demandé en même temps ce que j’allais faire, et comment j’allais obtenir l’argent nécessaire pour aller à l’université », a raconté Brown au OttawaREDBLACKS.com. « Je leur ai dit que j’allais obtenir une bourse grâce à mes résultats scolaires; ils m’ont dit que je devais tout simplement jouer au football. »

« Je me souviens que ma tante m’a traité de faible, et, après ça, c’était terminé. J’ai l’impression qu’ils me poussaient à continuer à poursuivre quelque chose de plus que seulement mes études. »

De l’Université de Cincinnati aux rangs professionnels, Brown a transformé une passion qu’il a acquise plus tard dans la vie en une carrière, devenant au passage l’un des meilleurs joueurs défensifs du ROUGE et NOIR d’Ottawa.

Jeune adolescent, l’athlète aujourd’hui âgé de 26 ans a évolué comme demi défensif avant de prendre une pause. Il a recommencé à pratiquer le football lors de son avant-dernière année à l’école secondaire.

Il a été plongé directement dans le processus de recrutement et il a dû mettre les bouchées doubles afin de bien comprendre les schémas en défense.

« Ce qui m’a semblé le plus naturel, c’est le fait de courir et de plaquer. Heureusement, c’est la base du football », a dit Brown. « Les stratégies au secondaire ne sont pas trop compliquées, mais je me souviens, lors de ma première journée, ne rien comprendre des explications de mon coordonnateur défensif, qui tentant de m’enseigner ce qu’était un ‘‘cover 2’’. »

« Il me parlait et voyait que ça se bousculait dans ma tête. Alors il m’a tout simplement dit : ‘‘Ne laisse personne te battre dans les zones profondes.’’ Ça, j’étais capable de faire ça. »

Brown a joué au football à l’école secondaire avec Tre Roberson, qui était à l’époque un espoir quatre étoiles à la position de quart-arrière. Il s’est ensuite rendu à une rencontre de l’Université de l’Indiana pour obtenir des conseils sur la façon de procéder en ce qui a trait au processus de recrutement.

Puis, Brown a assisté à quelques camps juniors et a commencé à attirer l’attention de certains programmes. Il a dit que l’Université Western Michigan a été la première équipe à lui offrir une bourse, puis les autres équipes de la conférence lui ont emboîté le pas.

Il a obtenu des offres de l’Université du Wisconsin, de l’Université de l’Indiana et de l’Université de Cincinnati, et il a choisi de se joindre au Bearcats, puisqu’ils avaient tous les éléments qu’il recherchait.

« Je recherchais trois éléments en particulier. L’université offre-t-elle un programme d’études qui m’intéresse? L’équipe a-t-elle un bel uniforme? Et joue-t-elle dans un gros stade? L’Université de Cincinnati répondait à tous ces critères », a dit Brown. « Je ne voulais pas nécessairement rester à la maison, mais cette université était près de chez moi. Elle n’était qu’à 1 h 45. Ma famille pouvait ainsi venir me voir jouer. »

Les Bearcats sont aussi l’une des seules équipes à avoir recruté Brown pour qu’il évolue à sa position naturelle de maraudeur. Plusieurs universités le voyaient plutôt comme un secondeur du côté large ou du côté court au sein de leur équipe.

Il a joué comme demi défensif à sa première année avec l’équipe, puis un nouvel entraîneur-chef a été embauché en amont de sa deuxième année et il a commencé à être employé comme demi défensif supplémentaire, dans les stratégies employant cinq demis défensifs (au lieu de quatre, normalement, au football américain).

« J’ai presque vu ça comme un manque de respect. Je voulais changer d’école », a dit Brown. « Je me disais : ‘‘Je suis assez athlétique, j’ai joué dès ma première année, et j’étais sur le terrain en défense.’’ Mais il m’a dit que de la manière dont il comptait déployer sa défense, je ferais un bon secondeur. »

En amont de sa quatrième année, Brown était pressenti pour être un substitut. Mais lorsque le joueur devant lui au sein de la formation a été renvoyé de l’équipe, il a hérité du poste de partant. Il était un secondeur du côté court à ce moment-là, mais il a été muté à la position de secondeur intérieur.

Depuis ses débuts, Brown a joué à toutes les positions, à l’exception de celles d’ailier défensif et de plaqueur défensif.

À la suite de sa carrière universitaire, Brown était de nouveau prêt à mettre le football derrière lui. Il voulait se trouver un emploi et amorcer sa vie après le football, mais un entretien avec son père a changé la donne.

« Si je n’étais pas assez bon pour jouer professionnellement, il serait le premier à me le dire », a dit Brown. « Il m’a dit qu’il n’aurait aucun problème à me le dire, et je le crois, car il a toujours été 100 % honnête avec moi. Donc lorsqu’il m’a dit que je pouvais toujours jouer, ce jeune homme hésitant a retrouvé un peu confiance en ses moyens – juste assez pour recommencer à s’entraîner. »

Brown avait les yeux rivés sur la LCF, parce qu’il voulait avoir la chance d’évoluer davantage à la position de secondeur.

Il a obtenu un essai avec les Argonauts de Toronto, qui lui ont offert un contrat quelques jours avant leur premier match de saison régulière en 2016. Mais il a été libéré à la suite de ce match. Toutefois, les équipes avaient pris conscience de ses habiletés, et le ROUGE et NOIR lui a octroyé un contrat peu de temps après.

Il a passé du temps au sein de l’équipe d’entraînement du club ottavien, une expérience terrible, mais nécessaire, selon lui.

À sa première saison complète dans la LCF, Brown a réussi 15 plaqués défensifs, 11 plaqués sur les unités spéciales et un sac en 11 matchs.

Un an plus tard, de meilleures opportunités lui ont permis de connaître la meilleure campagne de sa carrière, au cours de laquelle il a totalisé 55 plaqués défensifs, 17 plaqués sur les unités spéciales, deux sacs et une interception en 16 parties.

Le ROUGE et NOIR a accédé au match de la 106e Coupe Grey, mais a baissé pavillon devant les Stampeders de Calgary. La défaite a cependant donné une source de motivation à Brown.

« Je me suis dit : ‘‘Je suis capable de me rendre au match ultime de la LCF, la Coupe Grey.’’ Nous jouons pendant toute la saison pour y participer, et nous avions eu la chance de le gagner », a dit Brown. « Baigné dans cet environnement, c’est un peu comme une drogue. J’en voulais plus. »

« Il n’y a aucune chance que je ne retourne pas au match de la Coupe Grey. Il faut que je reprenne part à cette partie. »

Brown a signé une prolongation de contrat avec le ROUGE et NOIR cet hiver, et il est prêt à se remettre au travail avec ses coéquipiers.

Avec un nouveau groupe d’entraîneurs – dont un nouveau coordonnateur défensif en Mike Benevides –, Brown et le ROUGE et NOIR tenteront de renverser la vapeur, eux qui ont connu une saison de 3-15 en 2019.

Brown continue néanmoins de penser à sa vie après le football. Pendant la saison morte, il a magasiné une maison afin d’obtenir plus d’actifs. Il est aussi devenu le propriétaire d’un jeune Rottweiler, ce qui le garde occupé avant le début de la prochaine campagne.

Pour un joueur qui avait presque complètement abandonné le football, Brown s’est taillé une place dans la LCF, et il veut prouver qu’il fait partie de l’élite du circuit à la position de secondeur.

« Je pense tout simplement que personne n’est meilleur que moi, et je suis convaincu que tous les joueurs pensent comme moi », a dit Brown. « Je ne veux pas être numéro deux. Je dois être au meilleur de ma moi-même, et je dois être le meilleur secondeur intérieur de la Ligue. »

« C’est mon objectif : être le meilleur joueur que je peux être. Je ne tiens rien pour acquis, car je sais qu’il y en a beaucoup avant moi qui n’ont pas eu la chance de jouer professionnellement et de vivre leur rêve. Je ne prends pas ça à la légère. Je me présente chaque match et j’essaie d’être le meilleur. J’essaie de réaliser le plus de jeux possible et de faire tourner le plus de têtes possible. »