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22 juillet 2020

La saison 2011 des Lions : Une fin digne des contes de fées

Geoff Howe/CFL.ca

VANCOUVER – Huit semaines après le début du calendrier régulier de 2011, les Lions de la Colombie-Britannique affichaient un dossier de 1-6 et semblaient sur une autoroute menant à une campagne désastreuse.

Une partie contre Edmonton (5-2) au stade du Commonwealth, suivie d’une semaine de congé, était alors au calendrier. Tout le monde au sein du vestiaire croyait qu’un autre revers allait sans doute mener au congédiement du coordonnateur offensif Jacques Chapdelaine et à plusieurs autres changements, autant chez les entraîneurs que chez les joueurs.

« Nous savions tous que nous étions dans une situation précaire », se souvient le centre Angus Reid. « Nous étions sur le point d’amorcer une semaine de congé, et nous savions que certains individus ne seraient pas de retour. »

« Il n’y avait aucune restriction au plan de match. Nous sommes sautés sur le terrain pour botter des derrières. »

Contre toute attente, la Colombie-Britannique a battu Edmonton 36-1.


 
Avec Wally Buono comme entraîneur-chef, et avec une formation remplie de joueurs étoiles tels que le quart-arrière Travis Lulay, le demi inséré Geroy Simon, le secondeur Solomon Elimimian et le plaqueur défensif Khalif Mitchell, les Lions ont gagné neuf de leurs 10 dernières rencontres et ont terminé au premier rang de la division Ouest grâce à une fiche de 11-7. Ils ont renversé Edmonton en finale de l’Ouest puis ils ont remporté leur sixième Coupe Grey grâce à un gain de 34-23 aux dépens des Blue Bombers de Winnipeg sous le toit d’un BC Place entièrement rénové.

On aurait dit le scénario d’un film hollywoodien.

« Ç’a assurément été un parcours un peu fou et en montagnes russes », a confié le secondeur Adam Bighill, qui était alors une recrue avec les Lions.

Mais bien avant la pluie de confettis au BC Place, et l’exubérante danse de Reid avec la coupe Grey, peu d’experts et de partisans donnaient cher de la peau des Lions à la suite de défaites aux mains de Montréal, de Calgary, d’Edmonton, de Hamilton et de Winnipeg pour amorcer leur calendrier régulier. À ce moment-là, les chances de voir la Colombie-Britannique participer au match de la Coupe Grey sur son terrain étaient plutôt minces.

Le plus frustrant, c’est que l’équipe n’était pas mauvaise. Cependant, elle l’était aux mauvais moments. Trois des cinq revers mentionnés ci-dessus avaient été enregistrés par un écart de cinq points ou moins.

« La distinction entre les victoires et les défaites chez les professionnels est généralement un, deux ou trois points », a dit Reid, qui a joué pendant 13 saisons dans la LCF et qui a fait partie de l’équipe d’étoiles de la division Ouest à trois reprises. « Si c’est plus que ça, il y a quelque chose qui cloche avec votre personnel. Et ça devient facile : nous ne sommes pas assez bons, et nous devons assembler une nouvelle équipe. »

Bighill soutient qu’empiler les défaites au point d’afficher un dossier de 1-6 a poussé l’équipe au bord du gouffre.

« Il y avait beaucoup de tentions », a-t-il dit. « Ça se sentait aux quatre coins du vestiaire. »

« Durant toute ma carrière jusqu’à ce moment-là, je n’avais jamais perdu cinq matchs de suite. Je n’avais jamais fait partie d’une équipe avec un aussi mauvais début de saison. »

Reid donne du crédit à Buono, un entraîneur aujourd’hui membre du Temple de la renommée du football canadien, pour avoir réussi à maintenir l’équipe sur les rails.

« Il ne reçoit pas assez de crédit pour tout le travail psychologique qu’il a accompli avec ses joueurs », a dit Reid. « Il sait comment vous pousser lorsque c’est nécessaire et comment vous rassurer lorsque c’est nécessaire, et il ne le faisait probablement pas au moment où la plupart des gens le pensent. »

« Quand nous affichions de mauvais résultats, plusieurs personnes se fâchaient et se mettaient à crier. C’est à ce moment-là que Wally était plutôt rassurant et essayait de protéger votre égo. Et quand les choses allaient bien, c’est à ce moment-là qu’il vous défiait le plus ou qu’il vous rappelait que vous n’étiez pas si extraordinaire, et donc que vous deviez vous contenir un peu. »

Travis Lulay a grandement aidé les Lions à remporter la Coupe Grey en 2011 (Geoff Howe/CFL.ca).

Bighill soutient que des vétérans comme Lulay, Simon et Reid ont permis de conserver un vestiaire professionnel et positif.

« Ils essayaient constamment de tirer le meilleur des joueurs en fonction de la manière que nous compétitionnions lors des entraînements et de la façon dont nous approchions chaque jour mentalement », a-t-il expliqué. « Leur leadership nous a permis de rester sur le droit chemin et de nous concentrer chacun sur nous-mêmes. Nous n’avons jamais commencé à pointer les autres du doigt. »

Au lieu d’une refonte complète de leur personnel, les Lions ont fait quelques ajustements. En août, le receveur Arland Bruce a été acquis à la suite d’une transaction avec Hamilton, et ce dernier s’est ajouté à un groupe qui comptait déjà sur les services de Simon, Paris Jackson et Ryan Thelwell.

« Il était le receveur robuste et capable d’évoluer au milieu du terrain que nous n’avions pas à l’époque », a dit Reid. « Et il a ajouté beaucoup de confiance et d’attitude à notre groupe. »

Bruce a réussi 49 attrapés pour 755 verges et huit touchés en 2011. Il a d’ailleurs inscrit un touché lors du match de la Coupe Grey.

La Colombie-Britannique a aussi embauché le demi défensif Tad Kornegay après que ce dernier ait été libéré par la Saskatchewan. Cet ajout a permis à d’autres joueurs de changer de position au sein de la tertiaire.

À seulement sa deuxième saison avec les Lions, Mitchell, un athlète de six pieds, six pouces et 315 livres, s’est établi comme l’un des meilleurs joueurs défensifs de la LCF. En 14 matchs, il a réussi 29 plaqués défensifs et six sacs.

« Il était un important problème à résoudre pour les attaques adverses », a dit Reid. « Il était bouillonnant.»

Un autre aspect qu’il ne faut pas négliger du côté des Lions en 2011 est le fait qu’ils ont dû jouer leurs cinq premiers matchs à la maison à l’Empire Stadium, leur domicile temporaire, pendant que le BC Place était rénové au coût de 563 millions de dollars.

Leur premier match au revampé BC Place a donné droit à une victoire de 33-24 aux dépens d’Edmonton le 30 septembre, les Lions portant au passage leur fiche à 7-6. Incluant les parties éliminatoires, la Colombie-Britannique a terminé la campagne avec un dossier de 7-1 au BC Place.

« Ç’a été cool de jouer à l’Empire Stadium, mais nous étions mauvais là-bas », a dit Reid. « On ne jouait pas bien, pour je ne sais pas quelle raison. »

« Je crois que retourner au BC Place a fait partie du momentum que nous bâtissions, de nous voir comme des champions. Quand nous avons mis les pieds dans ce bâtiment fraîchement rénové, on dirait que ç’a ajouté une couche à l’idée que nous avions de qui nous étions vraiment. »

Les Lions sont devenus la première équipe de la LCF à amorcer un calendrier régulier avec une fiche de 0-5 et à terminer l’année au premier rang. Ils ont aussi été la première organisation à perdre ses cinq premiers duels et à gagner la Coupe Grey.

Reid a été l’un des neuf membres des Lions à faire partie de l’équipe d’étoiles de la LCF en 2011, et l’un des 12 joueurs du club à faire partie de l’équipe d’étoiles de la division Ouest cette année-là.

Jarious Jackson (à gauche), Travis Lulay (au centre) et Mike Reilly (à droite) se font prendre en photo avec le précieux trophée (Geoff Howe/CFL.ca).

Dans les années suivantes, Bighill a été nommé le joueur défensif par excellence de la Ligue à deux occasions et il a été élu au sein de l’équipe d’étoiles de la LCF à cinq reprises, mais il n’a gagné sa deuxième coupe Grey que l’an passé à Winnipeg.

« Une chose que j’ai apprise à propos de la LCF, c’est que la saison peut être longue, et à quel point elle peut être épuisante », a-t-il dit. « Vous devez être meilleurs lors de chaque semaine vous menant au mois de novembre. »

« Vous avez une longue saison pour vous améliorer. Vous pouvez faire autant d’erreurs que vous le souhaitez, mais vous ne pouvez pas faire les mêmes erreurs. »

Reid est le plus fier de la façon dont l’équipe de 2011 a refusé d’être séparée et divisée par l’adversité.

« Il y avait un grand potentiel d’implosion », a-t-il dit. « Nous avons vraiment retenu les morceaux en place. Chaque jour, les membres des médias nous demandaient ce qui n’allait pas. La nature humaine tend à nous amener à pointer du doigt. »

« Ce n’est pas ce que nous avons fait. Nous avons vraiment tissé des liens solides. Nous avons résolu plusieurs problèmes à l’interne, en tant qu’unité. Nous nous sommes tournés vers nous-mêmes, et nous avons décidé de nous arrêter et de résoudre ce problème à l’interne. »

D’après un article de Jim Morris publié sur CFL.ca