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Grâce aux conseils avisés de sa mère, Lewis a connu une carrière exceptionnelle

TORONTO – Nik Lewis venait tout juste de graduer de l’Université Southern Arkansas qu’il se retrouvait déjà à la croisée des chemins.

Il s’attendait à être un choix de cinquième tour des Packers de Green Bay lors du repêchage de la NFL en 2003. Cependant, quand le tout ne s’est pas matérialisé, sa prochaine opportunité fut de recevoir une invitation pour se joindre aux Twisters de l’Arkansas dans l’Arena Football 2 League. Lewis visait plus haut, et sa réaction initiale fut de refuser l’invitation. Sa mère avait un autre plan en tête.

« Vous passez de choix de cinquième tour à un salaire de 200 $ par semaine pour jouer pour une équipe de l’Arena Football League. Ça ne m’intéressait pas du tout », se souvient Lewis.

« J’ai parlé à ma mère, et elle m’a dit : ‘‘Non, tu vas y aller. Et quand tu vas y aller, tu vas bien performer, puis je vais te regarder joueur pendant encore plusieurs années. Je le crois vraiment.’’ Alors j’ai accepté l’invitation et j’ai pris part à leur entraînement. »

Cet entraînement a mené à une offre pour faire partie de la formation partante le weekend suivant, mais Lewis a dit aux dirigeants des Twisters qu’il avait un entraînement de prévu avec les Stampeders de Calgary. John Jenkins, le coordonnateur offensif des Stamps à l’époque, avait déjà été entraîneur avec les Twisters, et il croit que ça l’a aidé à se tailler une place au sein de l’équipe de la LCF qui allait conserver ses services pendant 11 saisons (2004 à 2014). Il a joué trois autres campagnes avec les Alouettes de Montréal avant de prendre sa retraite en tant que meneur de tous les temps du circuit pour les réceptions (1051).

À Calgary, Nik Lewis a connu neuf saisons d’affilée d’au moins 1000 verges sur des réceptions, devenant ainsi l’un des plus grands receveurs de l’histoire de la LCF (La Presse Canadienne)

Quand l’ancien directeur général des Stamps Matt Dunigan a appelé Lewis pour annoncer au joueur qu’il avait mis sous contrat 17 ans auparavant qu’il avait été admis au Temple de la renommée du football canadien dès sa première année d’admissibilité, Lewis a immédiatement eu une pensée pour sa mère, Faye.

« Ma mère est décédée en janvier, et ça m’a rappelé à quel point elle voulait que je me retrouve un jour dans cette position et à quel point ma carrière a réellement commencé grâce à ma mère », a-t-il dit.

« Ç’a vraiment été un moment déterminant de ma vie : écouter ma mère et comprendre son impact sur le déroulement et sur le dénouement de ma carrière. »

Au cours de ses 14 saisons dans la LCF, Lewis en a fait voir de toutes les couleurs aux partisans. Il était l’un des préférés à Calgary, et bien qu’il n’ait passé que trois ans à Montréal, il est aussi parvenu à gagner l’amour des amateurs montréalais. Par contre, si vous étiez partisan de l’équipe adverse, Lewis pouvait aisément jouer le rôle de méchant en étant ce joueur ultra talentueux et fiable capable d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de votre équipe – et de vous le rappeler quelques secondes plus tard. Tous les sports ont besoin de personnalités comme celles-ci et ne comptent pas sur suffisamment de joueurs capables de bâtir des relations comme Lewis l’a fait.

« J’ai toujours pensé que tout le monde pouvait faire des choses que je ne pouvais pas accomplir. Ce n’est pas parce que je le fais à la télévision que je suis spécial. Je crois que ma connexion avec les partisans est le résultat de réduire cet écart entre le joueur et le partisan », a dit Lewis.

« Au début, c’était de la peur, la peur de l’échec. Vous voyez tous ces athlètes… Dès qu’ils font une erreur, vous êtes prêt à les envoyer à l’abattoir. Eh bien, premièrement, ils n’ont jamais demandé à se retrouver dans cette position, et deuxièmement, personne ne veut être envoyé à l’abattoir. »

« Je n’ai jamais voulu être quelqu’un que vous ne connaissiez pas entièrement. Mes coéquipiers savaient qui j’étais. Mes entraîneurs et les partisans aussi. Je voulais être moi à 100 %, et le tout découlait de ma peur de rétrécir l’écart entre les partisans et moi pour qu’ils puissent comprendre qui j’étais, pour que je puisse avoir du plaisir avec eux. C’est drôle parce que quelques partisans sont venus à un match des Stampeders tout juste après que j’aie pris ma retraite, et ils ont dormi chez moi. C’est quand même cool. »

« Nous avons bâti des amitiés. Je n’ai pas des partisans, j’ai des amis. Les gens se rendent au stade, ils nous encouragent, et c’est génial. On se sent vraiment bien de faire partie de quelque chose du genre. »

La cerise sur le sundae, bien sûr, est que Lewis a donné bon nombre de raisons aux partisans de festoyer au cours de ses 14 années. Il a franchi le cap des 1000 verges sur des réceptions lors de chacune de ses neuf premières saisons à Calgary, puis il a de nouveau atteint le plateau des 1000 verges sur des réceptions en 2016 à Montréal. Il a connu six saisons d’au moins 80 attrapés et deux saisons d’au moins 100 attrapés. Membre de l’équipe d’étoiles de la LCF à trois reprises et membre de l’équipe d’étoiles d’une division à six occasions, Lewis a totalisé 13 778 verges sur des réceptions (cinquième dans l’histoire de la LCF) et 71 touchés. Il a remporté la Coupe Grey avec les Stampeders en 2014 et en 2018.

L’un des bons côtés de la pandémie est que les cuvées 2020 et 2021 du Temple de la renommée du football canadien seront intronisées en même temps cette année. Le tout permettra à Lewis et retrouver Henry Burris, le quart-arrière des Stampeders pendant de nombreuses années et membre de la cuvée 2020 du Temple de la renommée du football canadien.

« C’est génial d’être admis au Temple, mais aussi de voir Hank y être admis lui aussi et de savoir que nous serons intronisés sous peu », a dit Lewis.

« Hank a connu du succès, il est allé dans la NFL puis il est revenu, et il avait mené la Saskatchewan aux éliminatoires l’année précédente. Quand j’ai percé la formation partante en 2004, je ne savais pas s’ils avaient de grandes attentes envers moi, mais je voulais leur prouver que j’avais ma place. Dès le jour 1, nous avons établi une bonne connexion, et tout a fonctionné à merveille. »

On retrouve plusieurs faits saillants au cours de la carrière de Lewis et beaucoup plus de hauts que de bas sur le terrain, ce qui est bien plus que n’importe quel athlète moyen. Quand Lewis sera intronisé en novembre, il pensera à sa mère et à ses conseils au début de son aventure vers un nouveau pays, ainsi qu’à son impact sur sa vie et sur sa carrière.

« Ma mère n’est pas seulement une partisane de Nik Lewis, elle est partisane de la LCF, d’A à Z », a-t-il dit, se souvenant qu’elle l’appelait parfois à l’improviste pendant la saison pour lui demander s’il regardait les parties des autres équipes.

« Ma tante et mon oncle ont été de grands athlètes, mais pas ma mère. Elle a donc toujours été leur plus grande partisane, et elle connaissait tous les détails et toutes les complexités du football. Elle a eu un impact important sur ma vie et sur la personne que je suis aujourd’hui. Tout ce que je fais, je le fais en sa mémoire et pour représenter le nom à l’endos de votre chandail autant que celui se trouvant à l’avant. »

D’après un texte de Chris O’Leary publié sur CFL.ca.