Augustine à propos de son parcours : « J’y suis arrivé, et c’est ici que je devais être »
BlueBombers.com
WINNIPEG – Science déjà inexacte, le repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF) sera encore plus imprécis en 2021, en raison de la pandémie causée par la COVID-19.
De l’avis de plusieurs, il faut attendre cinq ans avant de pouvoir évaluer adéquatement le boulot effectué par une équipe lors d’un repêchage. Ainsi, comment pourrions-nous qualifier la séance de 2016 des Blue Bombers de Winnipeg?
Sans choix de premier tour, les Bombers ont bien fait en 2016 en sélectionnant l’ailier défensif Trent Corney (9e au total), le centre Michael Couture (10e au total), le maraudeur Taylor Loffler (19e au total) et le secondeur Shayne Gauthier (28e au total) – des joueurs qui ont tous porté l’uniforme du club.
Toutefois, pour illustrer la partie inexacte du repêchage, nous n’avons qu’à faire un saut d’un an. En 2017, les Bombers détenaient huit choix au repêchage, dont le tout premier choix de la séance, qu’ils ont utilisé pour sélectionner le plaqueur défensif de l’Université de l’Iowa Faith Ekakitie. Le seul joueur repêché en 2017 par les Bombers qui a contribué de manière significative aux succès de l’organisation est le garde Geoff Gray (8e au total).
Cependant, il y a un autre joueur au sein de la formation des Bombers qui a offert de solides performances lors de la campagne 2019, dont deux impressionnants départs, et qui s’est établi comme un joueur de qualité dans la LCF. Ce qui est amusant… Malgré un excellent camp d’évaluation en 2017, il n’a jamais été repêché; il a plutôt signé une entente comme joueur autonome avec Edmonton. Il a effectué ses débuts au sein du circuit avec les Bombers, mais seulement après avoir été retranché par Edmonton et par la Saskatchewan.
Mesdames et messieurs, nous vous présentons Johnny Augustine!
Johnny Augustine n’a pas été repêché, mais il a tiré profit de chacune de ses opportunités, aidant notamment les Blue Bombers de Winnipeg à remporter la Coupe Grey en 2019 (BlueBombers.com)
« Je m’étais extrêmement bien entraîné pour être prêt pour ce camp d’évaluation », a confié Augustine. « Je rêvais de jouer chez les professionnels. Ma saison a pris fin avec Guelph en novembre 2016, et j’étais dans le gym dès le lendemain. »
« J’habitais à Guelph et je conduisais une heure par jour pour me rendre à Toronto et pour m’entraîner, tout en travaillant et en étudiant à l’université. Je travaillais à temps plein pour avoir l’argent nécessaire pour m’entraîner et pour payer mon essence. J’ai dépensé plus de 5000 $ simplement pour être prêt pour le camp d’évaluation. »
« J’étais comblé d’être invité au camp d’évaluation national. J’étais bien entouré et je savais ce que je voulais, alors j’ai tout donné pour bien performer lors de ce camp d’évaluation. Je savais que les dépisteurs me connaissaient déjà, mais je savais aussi que je n’étais pas parmi les joueurs les mieux classés. Dans ma tête, je voulais me présenter au camp d’évaluation et leur démontrer que j’étais un bon joueur de football. »
Augustine avait été l’une des agréables surprises du camp d’évaluation, obtenant de bons résultats aux différents tests puis se démarquant lors des confrontations à un contre un. Il est passé d’un joueur comme n’importe quel autre à un joueur que tous les clubs connaissaient à la fin du camp d’évaluation.
Du moins, c’est ce qu’il pensait.
« Avec ce qui s’était passé au camp d’évaluation… C’était encore plus déchirant », a admis Augustine. « Il y avait plusieurs aspects du camp d’évaluation dont je n’étais pas certain. Mais s’il y avait une chose dont j’étais certaine, c’est que j’allais être repêché. »
« Une fois le camp d’évaluation terminé, tout le monde me taquinait, et mes amis les plus proches me disaient de tenir une fête du repêchage. Je leur disais que je ne voulais pas, car ce genre de choses ne m’intéressait pas. »
« Je me suis finalement laissé convaincre et j’ai organisé une fête avec mes êtres les plus chers. J’avais parlé à toutes les équipes en amont du repêchage, et après le camp d’évaluation, je faisais partie des 20 plus beaux espoirs en vue du repêchage. Il y avait un buzz. J’étais passé d’un banal participant au camp d’évaluation à un espoir dont la valeur grimpait en flèche. Je me demandais à quel rang j’allais être sélectionné, en me basant sur ce que j’entendais. »
« Je n’ai pas été repêché au premier tour, mais ça ne m’étonnait pas, puisque ce tour est habituellement dominé par les joueurs de ligne. Puis le deuxième tour a eu lieu et j’ai commencé à voir d’autres demis offensifs être repêchés avant moi. J’ai commencé à me poser des questions. »
« Ç’a été l’un des moments les plus difficiles de ma vie », a jouté Augustine. « Nous regardions les quatrième et cinquième tours et nous voyions d’autres demis offensifs être choisis avant moi. Honnêtement, j’étais très mal à l’aise d’être dans cette pièce avec mes proches. J’ai donc dit à tout le monde que je devais aller prendre une marche. Ç’a été difficile, je ne mentirai pas. Je n’ai pas peur de dire que j’ai pleuré, parce qu’il s’agissait de mon rêve. »
« Mais je me suis dit qu’il ne s’agissait que d’un obstacle à surmonter et que je devais continuer de travailler fort. Le lendemain du repêchage, je suis allé au gym, et tout le monde était étonné de m’y voir. J’ai continué à travailler. »
(BlueBombers.com)
Edmonton a mis Augustine sous contrat comme joueur autonome, puis il a été retourné à Guelph à la suite du camp d’entraînement. S’alignant comme ailier rapproché et comme centre-arrière lors du camp, Augustine a évolué comme receveur lors de ses premiers matchs avec les Gryphons.
Edmonton l’a libéré au cours de l’hiver, puis la Saskatchewan l’a mis sous contrat. Il a participé au camp de printemps des Roughriders en Floride, mais il a été libéré. Embauché par les Bombers à la mi-mai en 2018, Augustine a connu une superbe saison préparatoire, ce qui lui a permis d’obtenir un poste au sein de la formation.
Un an plus tard, il a remplacé Andrew Harris à titre de demi offensif partant, amassant 98 verges au sol contre les Riders lors d’un affrontement classique de la fête du Travail puis 138 verges combinées – et marquant un touché – une semaine plus tard lors du Banjo Bowl.
« Il s’agit d’un business, je comprends ça. Les équipes doivent étudier les éléments mesurables », a dit Augustine. « Certaines personnes me disent parfois : ‘‘Wow! Tu as joué pour Winnipeg et tu as gagné la Coupe Grey!’’ Mais ils ne connaissent pas tout mon parcours. »
« Ne pas être repêché, ç’a été difficile. Mais je ne suis pas certain que je voudrais changer mon parcours, parce que je suis ici, maintenant. J’y suis arrivé, et c’est ici que je devais être. »