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28 mai 2021

Rien ne vaut une féroce lutte à la position de quart-arrière

Arthur Ward/LCF.ca

TORONTO – Aucune position ne se compare à celle d’un quart-arrière, tous sports confondus.

L’aspect singulier du rôle, la pression d’être sous les projecteurs et la rareté des opportunités se combinent au sein d’une équation magique et inconnue qui nous rend obsédés par les hommes derrière le centre.

Il existe de nombreuses façons d’évoluer à cette position et d’innombrables façons de devenir un quart-arrière professionnel, mais la réalité est qu’être au sommet d’une charte des positions et qu’être reconnu comme quart numéro un, s’accompagne d’un sentiment d’accomplissement.

Pas besoin d’être un maître en mathématiques pour comprendre que des milliers d’athlètes qui font ce que vous faites graduent chaque année et ont comme objectif de voler votre emploi. Le cycle de vie naturel d’un quart-arrière est digne d’un spécial Netflix raconté par David Attenborough.

« Voyez ici, alors que le jeune mâle plein de promesses et de confiance en soi souvent injustifiée observe le vétéran averti de loin, traquant sa proie jusqu’à ce que le moment soit venu de bondir afin de nourrir sa famille. »

  • Les responsabilités d’un quart-arrière comprennent, mais ne se limitent pas à :
    Chaque jour, vous devez prouver que vous êtes irremplaçable;
  • Même si vous êtes irremplaçable, les organisations planifient toujours des solutions de rechange en cas de problème;
  • Parfois, même lorsque tout va bien, votre équipe appliquera une pression sous la forme d’un jeune prometteur juste pour tirer le meilleur de vous.

La question devient donc : que se passe-t-il lorsque vous passé du chasseur au chassé?

Pour répondre à cette question, nous nous sommes tournés vers l’un des plus grands jeunes chasseurs, peut-être un prédateur plus affamé que ce que nous avions vu auparavant, qui est débarqué dans la LCF, qui a réclamé son trône et qui se tient au sommet ou près du sommet de son royaume depuis maintenant près d’une décennie.

Lorsque Bo Levi Mitchell a mis les pieds à Calgary, il était un jeune homme tout maigre issu du programme de l’Université Eastern Washington, à la suite de passage au sein des programmes de l’Université Southern Methodist et de l’école secondaire Katy High School. Il avait le vétéran Kevin Glenn et le partant Drew Tate devant lui sur la charte des positions, et il a rapidement dit à l’entraîneur-chef John Hufnagel : «Je viens pour soutirer son poste. »

Que la chasse commence.

Dans sa quête de connaissances, Mitchell a interrogé d’autres jeunes quarts sur la délicate dynamique de travailler au sein d’un groupe de quart-arrière tout en essayant de les conquérir. Il a trouvé des réponses qui ont façonné son opinion sur la façon dont les quarts partants devraient fonctionner dans cette civilité chaotique.

« J’ai parlé à des quarts évoluant pour d’autres équipes comptant sur des légendes. Je ne nommerai personne, mais je leur demandais : ‘‘Hey! Comment était-ce de travailler avec lui?’’ Et ils me répondaient : ‘‘Il ne nous aidait pas, il ne nous parlait même pas parce que nous étions des recrues’’ », a dit Mitchell. « Je me suis souvenu de ces discussions, et je me suis dit que je n’allais jamais être comme ça. Quand Nick Arbuckle est venu ici la première fois il y a quelques années, il a été retranché. Dave a ensuite lutté pour qu’il se joigne à nouveau au club. Lors de son premier séjour, je ne lui ai pas accordé beaucoup d’attention, mais s’il me posait une question, je me faisais un devoir de l’aider. »

« Quand il a effectué un retour avec l’équipe, je me suis dit que Dave voyait assurément quelque chose de spécial en lui, et que je devais absolument revoir ma manière de penser en pensant à lui. Il posait des questions comme : ‘‘Hey, Bo! À quelle heure vas-tu arriver au stade?’’ Et je lui répondais : ‘‘Je vais quitter la maison vers 4 h 30 pour arriver ici vers 5 h.’’ Et il arrivait vers 4 h 50 le lendemain matin. Au départ, je me disais : ‘‘S’il te plaît, Nick, ne soit pas ce genre de gars…’’ Puis je me suis dit : ‘‘Tu sais quoi, si tu es ce genre de gars, sois toi-même.’’ C’est ce qui est le plus important. J’ai dû changer ma façon de penser à propos de Nick, et je me suis dit que je n’allais jamais être celui qui ne veut pas aider, alors je me suis dit que j’avais besoin de l’aider le plus possible. Regardez-le aujourd’hui : je ne prends aucun crédit, mais regardez ce que Nick, grâce, entre autres, à Dave et à Ryan (Dinwiddie), a accompli. Son histoire est formidable. »

Tous ceux qui ont regardé les interactions sur le terrain entre Bo et Nick en 2019 ont pu voir que la compétition venait d’un véritable souhait d’être les meilleurs dans la pratique du sport qu’ils aiment. Mais le respect mutuel est ce qui différencie leur situation de tant d’autres dont nous avons été témoins auparavant.

Des conférences de presse glaciales, des moments gênants le long des lignes de côté et des querelles rapportées dans les médias sont tous des éléments qui marquent généralement une compétition entre quarts lorsque deux personnalités qui ne se mêlent pas bien l’une à l’autre sont jetées dans la même pièce avec la promesse de mener l’équipe.

Les manières qu’ont employées l’entraîneur-chef Dave Dickenson et le – jadis – coordonnateur offensif de Calgary Ryan Dinwiddie lors de l’année où Arbuckle et Mitchell se sont côtoyés se lisent comme un manuel de Bill Walsh sur la maximisation des talents sans créer de tension.

Si vous jetez un œil aux formations de la LCF en 2021, on remarque qu’il y a avant tout des quarts vétérans qui – aujourd’hui, à la fin mai – ne devraient pas être défiés pour leur poste de partant.

Dane Evans a aidé les Tiger-Cats à atteindre le match de la 107e Coupe Grey à la suite de la blessure ayant mis fin à la campagne de Jeremiah Masoli (Johany Jutras/LCF.ca)

Mike Reilly, Trevor Harris, Bo Levi Mitchell, Zach Collaros et Matt Nichols auront tous des substituts peu connus et ayant peu d’expérience derrière eux sur les chartes de position, tandis que Cody Fajardo, Nick Arbuckle et Vernon Adams Jr. ont une bonne emprise sur leur rôle de partant, même s’ils ont été moins longtemps que d’autres à la tête d’une attaque de la LCF.

Cette saison, la situation la plus comparable à celle de Mitchell et d’Arbuckle en 2019 est sans aucun doute celle qui se déroulera à Hamilton, où les Tiger-Cats compteront sur deux quarts de calibre d’un partant, soit le jeune et talentueux Dane Evans et le vétéran testé au combat Jeremiah Masoli. Mais ne vous attendez pas à voir des étincelles.

Lorsque Manziel était membre des Tiger-Cats, c’était Evans, et non le gagnant du trophée Heisman, qui arrivait tôt le matin au Terrain Tim Hortons et qui partait tard le soir. Si vous êtes déjà arrivés tôt à un match de Hamilton, ce sont Masoli et Evans qui suivent sur une routine d’échauffement particulièrement scénarisée, chacun jouant à tour de rôle le receveur l’un pour l’autre.

Le respect est là, la compétition a été invitée, mais la réalité demeure qu’il n’y a qu’un seul poste disponible. Il n’y a rien de tel lors d’une saison normale. Mais qu’arrive-t-il lorsque vous ajoutez une saison écourtée par une pandémie et une année où Hamilton accueille la Coupe Grey?

Tout ce qu’il reste à faire, c’est de vous asseoir, de syntoniser la chaîne nature chaque semaine et de profiter de la chasse d’Evans et de ses jeunes pairs alors qu’ils tentent de revendiquer ce qu’ils croient être à juste titre leur : une chance de mener une équipe de la LCF comme Bo Levi Mitchell l’a fait avec tellement de succès depuis près de dix ans.

D’après une chronique de Marshall Ferguson publiée sur CFL.ca.