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18 juin 2021

Stamps : Rene Paredes, une présence stabilisatrice en 2021

Geoff Robins/LCF.ca

CALGARY – Lorsque s’amorcera la saison 2021 de la Ligue canadienne de football (LCF), il se sera écoulé plus de 10 ans depuis les discrets débuts de Rene Paredes avec les Stampeders de Calgary. Aujourd’hui le joueur avec le plus d’ancienneté au sein de la formation albertaine, Paredes sera l’une des rares constantes au sein d’une formation des Stamps en pleine transition. Il s’est joint au club avant le quart-arrière étoile Bo Levi Mitchell et le capitaine en défense Jamar Wall. Et, à 36 ans, Paredes n’a jamais été aussi important.

Les Stamps possèdent une bonne banque d’espoir et une excellente feuille quand vient le temps de remplacer des vétérans ayant quitté l’équipe – on en compte d’ailleurs plusieurs cette saison à Calgary. Ce qui manque un peu au club, comparativement aux années précédentes, c’est l’expérience. Avec la retraite du botteur de dégagement Rob Maver, même les unités spéciales des Stamps amorceront la saison avec bon nombre de questions. Sauf à la position de botteur de précision.

Rene Paredes (30) effectue un placement durant la première demie d’un match contre les Lions de la Colombie-Britannique disputé le samedi 2 novembre 2019 à Vancouver (La Presse Canadienne)

Souvenons-nous d’une chose : on parle de l’un des botteurs les plus précis et les plus constants de l’histoire du football professionnel. Paredes amorce cette saison avec un pourcentage de placements réussis en carrière de 86,8 %, un ratio bon pour le deuxième rang de l’histoire de la LCF, derrière Lewis Ward du ROUGE et NOIR d’Ottawa. Paredes a connu quatre des sept saisons au cours desquelles les botteurs ont été les plus précis dans l’histoire du circuit, la plus récente étant survenue en 2018.

Le curriculum vitae est important. Mais la confiance que dégage Paredes alors qu’il évolue à l’une des positions les plus spécialisées et cruciales du sport professionnel est tout aussi importante. Au cours d’une saison où ils auront fort probablement à affronter une abrupte courbe d’apprentissage dès le premier match, les Stamps auront besoin de l’automatisme et de l’approche presque robotique qu’offre Parades lorsqu’il effectue ses placements.

En d’autres mots, Calgary a besoin de voir Paredes être le même joueur qu’il a été au cours de ses 10 premières années avec le club.

COMMENT A COMMENCÉ LE TOUT

Le début de la saison 2021 semblait tout à fait normal pour les Stamps. Quelque trois ans après leur dernière conquête de la Coupe Grey, les attentes étaient très élevées à Calgary, comme à l’habitude. Maver, un choix de premier tour en 2010, amorçait sa deuxième année en tant que botteur de précision. Puis, coup de théâtre.

Maver a subi une blessure ayant mis fin à sa saison dès la semaine 1 contre Toronto, laissant les Stamps dans l’embarras. John Hufnagel, entraîneur-chef à l’époque, et le coordonnateur des unités spéciales Mark Kilam ont eu moins d’une semaine pour assembler un groupe de candidats pour pourvoir ce poste important.

« Je me souviens du jour où j’ai rencontré Rene, parce que j’ai reçu un coup de fil de Kilam à 6 h », se souvient l’ancien spécialiste des longues remises Randy Chevrier. « Il m’a dit : ‘‘Maver est blessé, nous devons tester cinq botteurs aujourd’hui, peux-tu être au stade pour midi?’’ »

« Donc tous les joueurs prenaient part à l’entraînement, et Rene était celui que je connaissais le moins. Rene a été très silencieux, mais il a tout fait ce qu’on attendait de lui. Je me souviens d’avoir effectué près de 100 remises, et je me souviens que Rene était plutôt réservé; il se concentrait uniquement à faire ce qu’il avait à faire. »

Difficile de blâmer Chevrier pour ne pas avoir été familier avec Paredes. Il avait participé aux camps d’entraînement des Blue Bombers de Winnipeg en 2010 et en 2011, mais il avait été incapable de se tailler une place au sein de la formation. Quand Calgary l’a appelé pour le mettre à l’essai, Paredes était tout simplement joueur autonome, en attente d’une opportunité.

« Je pense qu’il n’a raté qu’un placement; tout le monde avait bien plutôt bien », a raconté Chevrier à propos de l’entraînement de juillet 2011. « Mais il était tellement calme, et je pense que ç’a donné un bon portrait de lui. Il était là, ce joueur plutôt méconnu de l’Université Concordia, à lutter avec des botteurs avec un curriculum vitae très fourni. Bravo à Kilam pour avoir trouvé Rene avant tout le monde. »

Paredes a effectué ses débuts dans la LCF quelques jours plus tard et a immédiatement récompensé Kilam. Il a réussi deux placements, dont un de 50 verges, pour aider les Stamps à signer un gain de 34-32 aux dépens des Lions de la Colombie-Britannique. Le reste de la saison s’est plutôt bien déroulée, alors que Paredes a réussi 35 de ses 45 placements, soit un pourcentage de réussite de 77,8 %. Personne n’avait cependant anticipé ce qui allait se passer par la suite.

Paredes s’est présenté au camp d’entraînement de Calgary en 2012 comme botteur partant. Maver, de retour de sa blessure, a quant à lui reçu le mandat de s’occuper des dégagements. Au cours des deux saisons suivantes, Paredes n’a manqué que deux placements en 100 tentatives, établissant en 2013 un record de la Ligue pour le pourcentage de placements réussis en une saison avec 94,7 % – un record qui a depuis été battu. Un joueur qui était tranquille et inconnu avait maintenant l’attention de toute la LCF.

« Parfois, quand un joueur est aussi silencieux, tu penses qu’il est peut-être très nerveux », a admis Chevrier. « J’ai travaillé avec beaucoup de botteurs pendant ma carrière… Ils n’étaient pas tous les plus silencieux! Ils transpiraient tous une certaine confiance. »

« Pas que Rene n’avait pas confiance en lui, mais j’ai simplement confondu son silence pour de la nervosité. Mais, depuis que je le connais, il a toujours été comme ça. Il est silencieux, calme et en confiance. Alors que je pensais qu’il était nerveux, il était juste complètement calme. Comme une machine. »

COMMENT VONT LES CHOSES AUJOURD’HUI

Rene Paredes (30) célèbre avec Rob Maver (6) à la suite d’un placement durant la première demie d’un match contre les Lions de la Colombie-Britannique disputé le samedi 2 novembre 2019 à Vancouver (La Presse Canadienne)

Depuis sa première saison, Paredes a réussi moins de 82 % de ses placements qu’une seule fois. Par conséquent, il fait partie intégrale des stratégies offensives de Calgary. Un botteur automatique et constant comme Paredes change la manière d’appeler les jeux d’une équipe et lui permet d’être un peu plus conservatrice, alors que d’autres clubs, en de pareilles circonstances, ne le seraient peut-être pas.

Pourquoi Mitchell essaierait-il de forcer un jeu, en situation de deuxième essai, avec plusieurs verges à franchir, en milieu de terrain, au deuxième quart, lorsque l’équipe est convaincue que Paredes peut réussir un placement de 49 verges? C’est pourquoi, très souvent, on a pu voir Calgary choisir de marquer trois points et, au passage, placer sa défense dans une position pour connaître du succès grâce à la bataille du positionnement sur le terrain.

Paredes a été un rouage important de ce qui a été l’une des attaques les plus efficaces et méthodiques de la LCF au cours des dernières années. D’abord sous les ordres de Hufnagel, et aujourd’hui sous celles de Dave Dickenson, les Stamps ont fait appel à un état d’esprit qui leur serait probablement impossible d’avoir si Paredes ne faisait pas partie de l’équipe.

« Ça commence avec la philosophie des entraîneurs », a acquiescé Chevrier. « Les premières choses qui vous font gagner ou perdre des matchs, ce sont les pénalités, les revirements et les unités spéciales. Lorsque tout le monde comprend que ce sont les choses les plus importantes à surveiller au cours d’un match, on commence à réaliser à quel point il est important de compter sur un joueur comme Rene. »

« Chaque fois qu’il doit effectuer un botté, il fait le travail, alors c’est facile de rallier à l’idée. Parce que s’il commençait à rater ses bottés, trop à gauche, trop à droite… Tout ce qu’il faut, c’est qu’un joueur dise : ‘‘Nous devons gagner, et il n’est pas capable de faire son travail.’’ Ce sont le genre de choses qu’on peut entendre dans un vestiaire lorsque certains éléments ne fonctionnent pas. »

« Mais l’inverse est aussi vrai. Quand un joueur est aussi automatique, tout le monde se dit : ‘‘Peu importe ce qu’on fait, pourvu que nous conservions le ballon… Rene va le placer entre les deux poteaux.’’ C’est gigantesque. »

Calgary a effectué plusieurs changements à sa formation depuis la dernière fois que l’équipe a sauté sur le terrain en 2019. Les Stamps seront plus jeunes et plus inexpérimentés cette saison. Mais s’il y a une chose sur laquelle ils peuvent et pourront compter lors du lancement de leur saison régulière en août prochain, c’est que Rene va placer le ballon entre les poteaux.

D’après une chronique de Pat Steinberg publiée sur CFL.ca.