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13 juillet 2021

Pour la diversité et l’inclusion dans l’arbitrage

Candice Ward/LCF.ca

TORONTO – Le comité sur la diversité et sur l’inclusion des officiels amateurs de la Ligue canadienne de football (LCF) est en mission. Et cette mission, elle fait partie intégrale de son nom : assurer que les avenues afin de devenir un officiel au Canada, des rangs amateurs jusqu’aux rangs professionnels, soient ouvertes à tout le monde.

« Nous voulons cibler la base, soit l’arbitrage amateur », a soutenu Laurence Pontbriand, la gestionnaire du développement du football et de l’arbitrage de la LCF. « Parce que c’est où tout commence. »

Mis en place il y a un peu plus d’un an, le comité – présidé par l’ancien officiel de la LCF Henry Chiu – a discuté de l’état de l’arbitrage amateur au Canada et a élaboré des plans d’action sur la façon d’accroître la diversité et l’inclusion à tous les niveaux, en créant une voie à partir du premier niveau d’arbitrage, jusqu’à la LCF.

« Nous sommes toujours dans la phrase de construction », a dit Pontbriand. « Mais nous essayons assurément de bâtir quelque chose. »

Pour Darren Hackwood, le vice-président associé de l’arbitrage de la LCF, il est évident que le pipeline a été obstrué en cours de route en ce qui a trait aux candidats diversifiés, empêchant ceux-ci de devenir des officiels dans les rangs universitaires canadiens, le principal bassin d’alimentation pour la LCF. En 2019, la Ligue a vu ses toutes premières arbitres féminines participer à un match préparatoire à Calgary. Emily Clarke et Georgina Paull sont entrées dans l’histoire ce soir-là et continuent de travailler pour devenir des arbitres à temps plein de la LCF, mais leurs ascensions respectives ne seraient pas la solution à ce problème.

« Nous n’arrivons pas à recruter des candidats diversifiés », a dit Hackwood. « Parce que nous ne voyons pas une bonne représentation au sein du football de niveau élite. »

Pendant des années, a dit Hackwood, déplorablement, le manque de diversité des candidats professionnels était accueilli avec indifférence. Mais ce n’est plus le cas.

« Ç’a toujours été : ‘‘Peut-être que ce n’est pas notre problème; c’est peut-être le problème de quelqu’un d’autre’’ », a-t-il expliqué. « Nous avons commencé à penser que si nous voulions être des leaders dans le football et dans l’arbitrage, cela devait aussi être notre problème à résoudre. »

Parmi ceux qui aident à résoudre le problème, il y a Eric Gyebi, un membre du comité originaire de Philadelphie et dont la famille est arrivée au Canada quand il avait sept ans, s’installant dans la région du Grand Toronto.

Maintenant âgé de 32 ans, Gyebi est un officiel actif, qui entame sa 10e saison avec des rayures, ayant amorcé son parcours avec la Lakeshore Football Association, basée à Burlington, en Ontario. Gyebi est également un officiel de Sports universitaires de l’Ontario (SUO) depuis 2018, atteignant un poste où il n’est qu’à un échelon de la LCF.

Il veut franchir cette dernière étape afin d’atteindre le football professionnel et il veut aider d’autres personnes de couleur à entrer dans le monde de l’arbitrage et à progresser vers ses plus hauts niveaux. Il ne voit pas de meilleur moyen que d’être un exemple visible vers lequel les autres peuvent se tourner, alors qu’il participe activement au recrutement pour la Lakeshore Football Officials Association.

Gyebi peut, dit-il, « faire en sorte que les gens remarquent qu’il y a des arbitres noirs, n’est-ce pas? Et ce n’est pas seulement ce que vous voyez à la télévision. »

« Ça se passe bien », a dit Gyebi en parlant du comité. « Je suis content de l’avancement de celui-ci », a-t-il ajouté, tandis qu’il attend avec impatience la mise en œuvre imminente de certaines des suggestions du comité dans les programmes qui se profilent à l’horizon.

« N’importe qui peut réellement y arriver avec, essentiellement, un travail acharné », a dit Gyebi à propos de l’objectif de garantir que tous les candidats intéressés aient la même avenue fluide à parcourir. « C’est mon état d’esprit, et je veux être sûr que c’est ce que les gens comprennent aussi. »

L’ancienne officielle amateur Karen Madill fait également partie du comité, faisant part de ses idées depuis son domicile à Maple Ridge, en Colombie-Britannique.

Madill est actuellement membre de la direction de la British Columbia Football Officials Association, et elle a connu une carrière de 17 ans en tant qu’officielle sur le terrain qui a débuté à Medicine Hat, en Alberta, en 2001.

Ayant pris sa retraite après avoir fait partie de l’équipe d’officiels du Championnat du monde de football féminin en 2017, Madill a agi comme juge de ligne et comme arbitre au cours de sa carrière, faisant parfois le trajet de trois heures de Medicine Hat à Calgary afin de travailler autant de matchs qu’elle le pouvait.

« J’ai dû trouver mon chemin », a-t-elle dit, soulignant qu’une des choses qu’elle aimerait voir dans l’arbitrage au Canada est une façon plus normalisée d’évaluer les candidats d’une province à l’autre. « Et j’ai eu la chance de trouver les gens qui m’ont soutenu et qui ont cru en moi. »

Naturellement, Madill aimerait voir plus de femmes impliquées dans l’arbitrage.

« Maintenant que je ne suis plus sur le terrain, nous n’avons qu’une seule femme officielle, en Colombie-Britannique, pour le football avec contacts », a-t-elle dit. Et elle est déterminée à ce que le comité sur la diversité et sur l’inclusion des officiels amateurs fasse de grands progrès dans un avenir rapproché afin que « ce ne soit pas une question de sexe, de race, de religion ou de quoi que ce soit d’autre. Ces avenues doivent être atteignables et inclusives aux quatre coins du Canada. »

Madill, qui s’est impliquée dans l’arbitrage en faisant le saut après des années comme spectatrice, sait qu’il existe désormais un bassin de candidates ayant déjà été directement impliquées dans le jeu.

« Aujourd’hui, vous avez des joueuses qui arrivent en disant : ‘‘Je serai officielle ou entraîneuse, ou je m’impliquerai d’une autre manière », a-t-elle dit.

Pontbriand est un exemple d’ex-joueuse en transition vers un autre rôle dans le football. En tant que receveuse étoile – elle a été nommée joueuse par excellence du Canada aux championnats du monde de 2017 –, elle s’est jointe à la LCF à titre de coordonnatrice des opérations football en 2018. Elle croit que le comité sur la diversité et l’inclusion des officiels amateurs peut avoir un effet réel sur le changement du visage de l’arbitrage au Canada.

Les candidats sont là, à la base, dit-elle.

« Je connais beaucoup d’officielles de flag-football féminin », a dit Pontbriand. « Nous avons une sorte de diversité dans le flag-football. Et le flag-football, ici, au Québec, est vraiment très gros. »

Hackwood considère que le processus pour atteindre un endroit où les rangs professionnels sont plus diversifiés prend un certain temps, soulignant qu’il peut s’écouler cinq ou six ans avant qu’un bon officiel n’atteigne le niveau élite. Mais il est aussi déterminé.

« Nous devons vraiment régler ce problème à tous les niveaux du football, et cela commence par la base », a-t-il dit, ajoutant que la LCF s’impliquera de plus en plus dans l’évaluation des candidats au fur et à mesure de leur progression.

« Nous allons nous-mêmes parler aux officiels amateurs et nous assurer qu’ils sont évalués de manière équitable », a-t-il dit.

De plus, Hackwood affirme que l’organisme national qui régit le football avec contacts, le touch-football et le flag-football – connu sous le nom de Football Canada – développe ses propres initiatives de diversité et d’inclusion et que la LCF soutiendra ces programmes.

Ces programmes ne constitueront en aucun cas une sorte de cheminement facile vers une carrière dans la LCF.

Madill et Gyebi conviennent que tous les candidats doivent être soumis à des règles équitables, tant qu’ils partagent les très importantes caractéristiques de vouloir être un officiel de haut niveau et de faire preuve d’une bonne éthique de travail et d’un dévouement à l’excellence.

« Je le vois comme un état d’esprit ouvert où il s’agit du travail que vous y mettez », a dit Gyebi. « Vous serez récompensé sur cette base. »

« Je n’étais pas là pour prouver un point », a dit Madill à propos de sa carrière d’arbitre. « J’étais là parce que je voulais être une officielle. »

Il y a sans aucun doute d’innombrables rêveurs qui ont le même genre de passion que Karen Madill a toujours eu, le genre de passion qu’Eric Gyebi a aussi.

La LCF prend maintenant des mesures pour s’assurer que ces rêveurs obtiennent tous les mêmes opportunités équitables de transformer leur passion en réalité.

VOUS VOULEZ DEVENIR OFFICIEL? C’EST MAINTENANT LE MOMENT

Si les organisations de football de partout au Canada ressemblent à la Lakeshore Football Officials Association (LFOA), elles sont actuellement en pleine campagne de recrutement.

« C’est un excellent moyen pour vous de vous impliquer », a dit Gyebi. « Si vos aspirations sont de passer au niveau de U SPORTS ou de la LCF, travaillez votre art et vous pourrez y arriver. »

Quant à son propre avenir en tant qu’officiel, Gyebi envisage clairement un poste dans les rangs des officiels de la LCF. « À cent pour cent », a-t-il dit.

Gyebi aurait peut-être été prêt à faire ses débuts dans la LCF cette saison, si la pandémie n’avait pas annulé la campagne de SUO de l’an dernier.

« Un an de plus », a dit Gyebi à propos de l’arbitrage du football universitaire.

« Je pense que j’ai besoin de cette année pour en quelque sorte remettre mon jeu là où il devrait être. Cette saison est cruciale pour moi pour renouer avec la vitesse du jeu. »

« Ça ne revient qu’à moi », a-t-il dit. « Ça dépendra du travail que je vais y mettre. Je pense que ça se verra. C’est de cette façon que vous vous faites remarquer. »

D’après une chronique de Don Landry publiée sur CFL.ca.