Thomas Skrlj/CFL.ca
HAMILTON – Se faire dire que nous sommes différents peut avoir une connotation négative.
L’ancienne vedette de la NBA Dennis Rodman était différent. La Rockstar Marilyn Manson et l’acteur Shia LeBeouf sont très différents.
Mais lorsque les joueurs des Blue Bombers de Winnipeg disent que leur coéquipier et vedette des unités spéciales Mike Miller est différent, ce n’est que de l’admiration.
« C’est un gars différent », a dit en riant le maraudeur Brandon Alexander. « De la façon qu’il se prépare, comment il prend soin de son corps, sa longévité dans la Ligue et comment il joue. C’est un gars pas comme les autres. Il nous donne cette étincelle si recherchée sur les unités spéciales. »
La bataille des unités spéciales sera un facteur clé pour remporter la 108e Coupe Grey, ce dimanche.
Miller, lui qui détient le record de la Ligue canadienne de football (LCF) au chapitre des plaqués sur les unités spéciales avec 210, en 172 matchs de saison régulière, est l’une des armes les plus mortelles de l’arsenal des Bombers.
Lorsqu’il tente d’expliquer ce qui le différencie des autres joueurs des unités spéciales, Miller explique qu’il ne pense pas comme le commun des mortels.
Au mois d’août dernier, Miller est devenu le meneur de l’histoire de la LCF au chapitre des plaqués sur les unités spéciales (Jason Halstead/CFL.ca).
« Je suis peut-être un peu plus casse-cou, j’imagine », a dit le centre-arrière de 32 ans, originaire de Riverview, au Nouveau-Brunswick. « J’ai peut-être moins peur de me faire mal. »
Miller a mené la LCF avec 25 plaqués sur les unités spéciales, aidant les Bombers à terminer la saison 2021 avec une fiche de 11-3. Au mois d’août, il a battu le record de l’ancien des Lions de la Colombie-Britannique Jason Arakgi, lui qui a cumulé 190 plaqués sur les unités spéciales en carrière.
Plusieurs partisans tiennent peut-être les unités spéciales pour acquis, mais un gros plaqué qui maintient l’adversaire loin dans son territoire ou bien aider son spécialiste des retours de botté avec de bons bloques, peut départager les gagnants des perdants.
« Au football canadien, les unités spéciales sont très importantes, puisque nous n’avons que trois essais », a dit le joueur de six pieds, 218 livres et deux fois nommés sur la formation étoile de la division Ouest. « Il y a énormément de changements de possession de ballon. Tu veux donc toujours être bien positionné sur le terrain. »
Paul Boudreau, le coordonnateur des unités spéciales des Blue Bombers, explique que Miller peut être comme un char d’assaut en couverture de botté, éliminant les bloqueurs adverses.
« Mike est capable d’éviter les pénalités, mais d’être agressif en couverture », a dit Boudreau. « Il est capable de jouer de la sorte sans mettre son équipe dans le pétrin. »
« Pas beaucoup de joueurs peuvent manœuvrer comme il le fait en couverture de botté de dégagement ou de botté d’envoi. Surtout pour un gars qui est souvent la cible des autres équipes. Il a toujours les yeux sur le ballon. »
Miller sourit lorsqu’il tente d’expliquer son système GPS qui lui permet de se tenir loin des escarmouches sur le terrain.
« Je cours en regardant ce qui s’en vient devant moi et je tente de l’éviter », a-t-il dit. « Bien sûr, je ne veux pas me faire bloquer le passage. »
« Je suis peut-être un peu plus casse-cou, j’imagine. J’ai peut-être moins peur de me faire mal. »
– Mike Miller
Miller est louangé pour ses habiletés en couverture, mais Boudreau parle aussi de ses talents de bloqueurs sur les retours de botté.
« Il s’est démarqué dans cette Ligue en tant que plaqueur, mais il fait un excellent boulot sur les retours de botté », a-t-il dit.
Chaque fois que quelqu’un retourne un botté pour un touché, c’est assurément dans les jeux de la semaine. Boudreau explique que ce qui fait le succès du retourneur est souvent les petites choses invisibles à l’œil nu.
« Le retourneur reçoit les fleurs », a-t-il dit. « Mais c’est une affaire d’équipe. Souvent, pendant un gros retour de botté, il y a quelques gars qui ont pris de bonnes décisions, que ce soit de bloquer ou de ne pas bloquer parce que ça aurait pu être une pénalité ou quelque chose du genre. »
Miller affirme qu’il a autant de plaisir sur les grands retours de botté que s’il assène un gros plaqué.
« J’adore permettre à mes coéquipiers d’exceller », a-t-il dit. « C’est une des meilleures parties du jeu. »
Plusieurs joueurs voient les unités spéciales comme un moyen de se démarquer en espérant obtenir le poste de partant à leur position respective.
« Beaucoup de jeunes joueurs pensent de la sorte », a dit Miller. « Dès le départ, je me suis dit que ce serait de cette façon que je contribuerais. »
« C’est comme le quatrième trio au hockey. Tu n’as pas autant de temps de jeu, mais lorsque tu sautes sur la patinoire tu donnes tout ce que tu as dans le ventre. Ces joueurs peuvent changer le cours d’un match à eux seuls. »
D’autres joueurs des Bombers utilisent des mots comme « le meilleur de tous les temps » ou « incroyable» lorsqu’ils décrivent Miller.
« Mike Miller est LE joueur des unités spéciales », a dit le demi offensif Brady Oliveira. « Ce genre de joueur, tu en veux des tonnes dans ton vestiaire. »
Thiadric Hansen, le joueur mondial des Bombers et originaire de l’Allemagne qui a fait tourner les têtes de plusieurs lorsqu’il a plaqué de façon dévastatrice deux joueurs des Tiger-Cats, en 2019, lors du match de la 107e Coupe Grey, a dit que Miller est un magicien.
« Il sait où le ballon s’en va », a dit Hansen. « Il connaît les retourneurs, il connaît ses adversaires. »
« Il voit le jeu se dérouler devant lui, fait une feinte et se crée lui-même une ligne de poursuite. Il court à 100 km/h toutes les fois. C’est un joueur incroyable. »
L’un des joueurs qui aimeraient éviter de tomber face à face avec Miller est le spécialiste des retours de botté des Ticats Papi White, lui qui a retourné un botté de dégagement sur une distance de 92 verges jusque dans la zone des buts, contre Toronto, la semaine dernière.
« Nous avons regardé les bandes vidéo et c’est un joueur exceptionnel », a dit White. « Il est toujours près du ballon. Il ne rate pas ses plaqués. »
Miller sera en quête de son troisième championnat ce dimanche. Il a remporté la coupe Grey en 2019 avec les Bombers et avec Edmonton en 2015.
« Je me sens aussi excité que la première fois », a dit Miller. « Je suis comme un enfant, en ce moment. »
« Je très hâte de sauter sur le terrain. »