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18 mars 2022

Frednick Eveillard en route vers le camp d’évaluation de la LCF

Greg Kolz/Ottawa Gee-Gees

OTTAWA – Si vous lui demandez, Frednick Eveillard ne prétendra pas être quelqu’un ou quelque chose qu’il n’est pas. Cette conscience de soi, ainsi que cette volonté de chercher à être complètement différent, l’a conduit à un endroit prometteur et à la possibilité d’une carrière sur laquelle il ne misait plus.

« Je ne mentirai pas », soutient l’espoir de l’Université d’Ottawa admissible à la prochaine séance de repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF). « Je n’étais pas un très très bon joueur comme receveur. »

L’athlète de 25 ans a tenté pendant plusieurs années de percer comme receveur, d’abord à l’école secondaire, puis au cégep et à l’université, incluant ses trois premières années avec les Gee-Gees. Les résultats se faisaient cependant attendre.

Mais cette réalité – et la vision de ses entraîneurs selon laquelle il était peut-être le candidat idéal pour occuper une position complètement différente – a mené Eveillard à raviver ses attentes et à espérer avoir une carrière professionnelle au football après tout.

Il n’est plus receveur. Il est désormais un joueur de ligne défensive, aussi invraisemblable soit-il.

 

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Vendredi dernier, Eveillard est l’un des six joueurs du camp d’évaluation régional de l’Est, présenté par New Era, à avoir obtenu un laissez-passer pour le camp d’évaluation de la LCF, qui aura lieu à Toronto du 25 au 27 mars prochain.

« Je me sens bien et je suis content », a dit Eveillard à propos de ses performances au camp tenu à Baie-d’Urfé, dans l’ouest de l’île de Montréal. « Mais je sais que mon travail est loin d’être terminé. »

Eveillard est né en Haïti, mais il a grandi à Gatineau, au Québec. Il a développé son intérêt pour le football à l’âge de 15 ans, alors qu’il fréquentait l’école secondaire Mont-Bleu. Il a continué à peaufiner ses aptitudes comme receveur au Cégep de l’Outaouais, puis il a mis les pieds à l’Université d’Ottawa en 2016, où il était identifié comme receveur. Il n’a obtenu aucun temps de jeu à sa première année avec les Gee-Gees.

Il admet qu’il n’était pas ce que l’on pourrait appeler un brillant espoir de football lorsqu’il est arrivé à Ottawa.

« Je n’étais pas encore développé », dit-il. « C’est quand je suis arrivé à l’université que j’ai commencé à développer mes capacités physiques comme la vitesse. »

À sa deuxième saison, Eveillard a été en uniforme pour trois matchs, mais il n’a presque pas joué, et on peut dire la même chose à propos de sa troisième saison. Sa quatrième saison se déroulait exactement de la même manière, jusqu’à ce que des blessures sur la ligne défensive des Gee-Gees offrent à Eveillard l’occasion de modifier son sort.

À la suggestion du coordinateur défensif Jean-Vincent Posy-Audette, l’entraîneur-chef des Gee-Gees s’est approché du receveur peu utilisé et lui a demandé s’il aimerait essayer de se précipiter sur le quart-arrière. À six pieds, quatre pouces et 220 livres, et avec une vitesse explosive hors du commun, Eveillard avait au moins le potentiel d’être un joueur de rotation sur la ligne défensive, et peut-être même un partant.

« La première chose que j’ai dite, c’est : « Oui, je le ferai, si l’équipe a besoin de moi » », se souvient Eveillard. « Et je pense que c’est le meilleur choix que j’ai jamais fait. »

« J’aime vraiment le football, et la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est que je n’avais rien à perdre. Mais j’ai vraiment approché la situation au jour le jour. Je ne me suis jamais mis de pression. »

Les choses ont changé, mais pas tout de suite. À sa quatrième saison, en 2019, Eveillard s’est entraîné d’arrache-pied et a mis les bouchés doubles pour apprendre à être un bon ailier défensif. Il a obtenu un excellent entraînement, dit-il, l’entraîneur de la ligne défensive d’Ottawa, Craig Hodge, jouant un grand rôle, naturellement. Ses coéquipiers ont également été incroyablement utiles, dit-il.

« Je me suis lié très rapidement aux autres joueurs de ligne défensive et à la défense. Toute la défense était comme une grande famille », ajoute-t-il avec gratitude.

Mais jouer? Pas encore tout à fait. Eveillard n’a pas vu d’action dans cette saison de transition. C’était compréhensible, dit-il.

« Ils n’allaient pas me faire confiance tout de suite parce que je venais de changer de position, non? »

Peut-être qu’Eveillard aurait pu être partant lors de la saison suivante. Probablement qu’il aurait dû, en fait. Mais c’était en 2020, et l’intégralité de la saison de football universitaire a été annulée en raison de la pandémie. Cela a donné à Eveillard encore plus de temps pour se préparer.

« Pendant tout ce temps, je m’entraînais », dit-il à propos de son année sans jouer. « Je peaufinais ma technique. »

La saison dernière, le joueur grand, musclé et doté d’une rapidité explosive a eu la chance de vraiment se réinventer, enfilant l’uniforme de son équipe pour les six matchs de saison régulière de celle-ci et pour deux autres parties éliminatoires, amassant 6,5 plaqués, 2,5 sacs et un échappé provoqué en cours de route. Pas mal du tout pour un receveur récemment converti en ailier défensif.

 

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« C’est extrêmement rare qu’un joueur puisse faire ce genre de transition », explique l’entraîneur-chef des Gee-Gees, Marcel Bellefeuille, en ajoutant que la renaissance d’Eveillard est encore plus impressionnante compte tenu du contexte lié à la pandémie de COVID-19.

« Il a dû faire la transition sans football de printemps, sans camp d’entraînement et avec une saison régulière de six matchs seulement. Donc, il n’a joué que huit matchs en défense. Et il a bien joué. »

Cependant, Eveillard n’était pas un joueur bien connu des directeurs généraux et des membres du personnel des équipes de la LCF. Bellefeuille dit que de nombreuses équipes avaient Eveillard sur leurs tableaux de repêchage comme receveur jusqu’à ce qu’il les assure qu’il devrait être considéré comme un ailier défensif.

« Il comprend le jeu », dit Bellefeuille, entamant un petit tour d’horizon du joueur qu’est Eveillard. « Il comprend où ses yeux doivent être, où ses pieds doivent être. Et il étudie et regarde des vidéos. Il est très coachable. Donc, cette partie joue vraiment en sa faveur. Mais il est aussi un très bon athlète, évidemment. »

Si les membres du personnel gravitant autour de la LCF avaient pensé à Eveillard comme un espoir à la position de receveur, les dires de Bellefeuille et son potentiel comme ailier défensif aideront à changer cette perception. Tout comme les performances d’Eveillard lors des tests du camp d’évaluation régional.

Lors des tests, il a démontré sa vitesse en obtenant un chrono de 4,68 secondes au sprint sur 40 verges, un temps bon pour le cinquième rang (à égalité) parmi tous les joueurs du camp d’évaluation. Il a terminé sixième au classement général du saut horizontal. Un spectacle impressionnant, mais qui peut encore être amélioré. « Je ne suis pas vraiment satisfait de mes chiffres », confie Eveillard. « Je pense que je peux améliorer tous mes tests physiques. »

Il a aimé la période des confrontations, en particulier le rythme effréné des rotations, qui lui offrait de nombreuses occasions de mettre en valeur ses capacités naturelles.

« L’intensité était élevée », dit-il. « Et c’était vraiment amusant. »

Alors qu’il dirige son attention vers le camp d’évaluation de la semaine prochaine, Eveillard est peut-être sur le point de faire vraiment tourner des têtes. Son désir de s’améliorer et d’élever sa valeur en vue du prochain repêchage semble correspondre à son amour de l’ensemble du processus, et son expérience lors du camp régional n’a fait qu’aiguiser ce sentiment, tout en lui offrant une chance de se familiariser avec le fait de performer devant tous les regards indiscrets de la LCF.

« J’ai apprécié chaque instant », dit-il. « J’ai tout simplement adoré. J’ai adoré tout ce qui s’est passé là-bas. »

C’est donc un heureux hasard qu’il ait pris la décision de tenter le coup. Parce que même après une dernière saison satisfaisante de football universitaire, l’ailier défensif en développement n’était pas certain qu’il aurait dû tenter le coup.

« À la fin de la saison, je n’étais pas encore sûr de vouloir essayer d’atteindre les rangs professionnels », a-t-il expliqué. « Mais j’ai beaucoup parlé avec mes entraîneurs et à mes coéquipiers, et ils m’ont encouragé à au moins essayer. Pour ne rien regretter. »

Maintenant, il attend avec impatience le camp d’évaluation principal et une autre occasion d’augmenter sa valeur.

Il s’agit d’un grand changement pour un joueur qui, il y a quelques années à peine, s’était résigné à un destin qu’il considérait comme réaliste : mettre fin à sa carrière de joueur de football à la fin de son parcours universitaire et après avoir tout donné et chercher à s’améliorer, jour après jour, en tant que receveur.

Aujourd’hui, Frednick Eveillard est un espoir évoluant comme ailier défensif, et il est curieux de savoir ce que son avenir au football pourrait lui réserver.

« Après le camp principal, dit-il, je verrai, moi-même, où je peux aller. »

D’après une chronique de Don Landry publiée sur CFL.ca.