Repêchage
Tour
-
14 septembre 2022

Ricky Ray mérite amplement sa place au Temple de la renommée

LCF.ca

TORONTO – Saviez-vous que Ricky Ray n’a jamais gagné le titre de joueur par excellence de la Ligue canadienne de football (LCF) au cours de sa glorieuse carrière de 16 saisons? Il a mis la main sur quatre Coupes Grey, il a connu quatre campagnes d’au moins 5000 verges par la passe et il a été le quart-arrière de trois équipes d’étoiles de la LCF, mais l’honneur de recevoir le titre de meilleur joueur de la Ligue lui a toujours échappé.

Le dernier paragraphe ne vise pas à condamner les électeurs; si vous regardez les gagnants de chaque année où il était en lice, la sélection de chacun d’eux a du sens. Plusieurs ont aimé voir Ray pendant ses jours à Edmonton, et ses meilleures années sont survenues en Alberta. Mais bon nombre ont réellement apprécié ses prouesses lorsqu’il a été échangé à Toronto en 2011. Comme Ray fera partie des légendes qui feront leur entrée au Temple de la renommée du football canadien, vendredi, nous souhaitions rendre hommage à un joueur méritant toutes les distinctions, qui, bien qu’il n’ait jamais remporté de titre de joueur par excellence, a été l’un des joueurs les plus influents des deux dernières décennies.

Commençons par la fin. Ricky Ray n’est pas différent de la majorité des joueurs de football en ce sens qu’ils ne décident pas quand tirer leur révérence. Dans le monde physique du football professionnel, rares sont les joueurs à mettre fin à leur carrière de leur propre chef.

Au cours du troisième quart du match d’ouverture de la saison 2018, un match revanche de la Coupe Grey contre Calgary, Ray a été solidement plaqué par Ja’Gared Davis et Cordarro Law. Puis tout le monde s’est tu lorsque Ray a été incapable de se relever. Il a dû quitter le terrain sur une civière et avec la tête immobilisée. Il a retrouvé la forme à la suite de sa blessure, mais en mai de l’année suivante, l’un des passeurs les plus prolifiques de l’histoire de la LCF annonçait sa retraite. Depuis, nous nous sommes ennuyés plus d’une fois de le voir sauter sur le terrain.


 
Pour pleinement apprécier sa carrière, vous devez vous rappeler l’impact qu’il a eu sur le sort des Argonauts de Toronto et à quel point le monde du football tout entier a été étonné en décembre 2011 lorsque le directeur général d’Edmonton à l’époque, Eric Tillman, a envoyé Ray à Toronto en échange du botteur Grant Shaw, du quart-arrière Steven Jyles et d’un choix de premier tour – qui a été utilisé pour sélectionner le joueur de ligne offensive Austin Pasztor.

À l’époque, Ray avait déjà amassé plus de 40 000 verges en carrière, et il totalisait 210 passes de touché, contre 130 interceptions. Il avait remporté deux Coupes Grey, et il avait été nommé joueur par excellence du match de championnat en 2005. À Toronto, on peinait à y croire : « On a mis la main sur ce joueur? » Ray était le vrai premier quart-arrière élite à enfiler l’uniforme des Torontois depuis Damon Allen, qui avait pris sa retraite en 2007.

Oui, Ricky Ray avait 32 ans – et avait été plaqué à maintes reprises – lorsqu’il a été échangé à Toronto. Mais ses habiletés n’étaient pas en déclin. Il avait mené Edmonton à une fiche de 11-7 en 2011, la meilleure fiche de la LCF – à égalité – cette année-là, et il avait amassé 4594 verges par la passe et lancé 24 passes de touché, contre 11 interceptions.

Ray n’a déçu personne à Toronto, lui qui a joué un rôle important dans la remarquable relance des Argonauts en 2012, le club passant d’une fiche de 6-12 en 2011 à une victoire de 35-22 aux dépens des Stampeders de Calgary lors de la 100e Coupe Grey. Pour être juste, il faut dire que l’arrivée de Ray n’a pas transformé Toronto en une puissante équipe comme l’avait fait Doug Flutie en 1996. Le club est passé de six à neuf victoires, et l’attaque ne s’est améliorée que de 48 points, contre 397, soit le deuxième plus petit total de points marqués en 2011.

La grande différence était l’expérience de Ray, sa capacité à rester calme dans les matchs serrés. Toronto a montré une fiche de 7-2 lors de matchs décidés par six points ou moins, et l’équipe a affiché un dossier de 5-0 lors des matchs se décidant par un écart de trois points ou moins. Toronto était passé d’un club comptant sur trois jeunes quarts-arrière en Cleo Lemon, Steven Jyles et Dalton Bell, à une équipe comptant sur un joueur qui avait une tonne de vécu. Ce parcours lors des éliminatoires a vu Ray battre son ancienne équipe 42-26 grâce à un superbe deuxième quart où son équipe a marqué 31 points, battre Anthony Calvillo et les Alouettes lors de la finale de l’Est, puis guider intelligemment son équipe vers le match de la Coupe Grey, une partie au cours de laquelle le demi offensif Chad Kackert a cumulé près de 200 verges au total.

Deux moments de Ricky Ray se démarquent lors de la conquête de la Coupe Grey des Argonauts en 2017. Ray a été la pièce maîtresse d’une série de 10 jeux et de 68 verges pour un touché avec moins de deux minutes à faire pour battre les Roughriders de la Saskatchewan 25-21 lors de la finale de l’Est. Vous souvenez-vous de sa passe parfaite au demi offensif James Wilder Jr. en situation de troisième essai et cinq? Il s’agissait là d’un Ricky Ray, au sommet de sa forme, faire preuve d’un calme légendaire dans un moment de pur chaos.

Puis lors de la Coupe Grey, Ray, reconnu pour ses courtes passes, a lancé une bombe vers le receveur DeVier Posey en situation de deuxième essai et 10 verges à franchir à sa propre ligne de 10 verges pour une superbe passe de touché de 100 verges dans la neige qui a permis aux Argonauts d’égaler le pointage à 6-6 au deuxième quart. Ray n’a jamais cherché à terroriser les tertiaires adverses avec des passes profondes, mais il savait assurément quand se servir de son bras.

On ne peut pas uniquement parler de son séjour à Toronto. Ce serait horriblement inexact, car il a amassé plus de victoires à Edmonton. Un aspect intéressant de la carrière de Ray est qu’il est actuellement le meilleur passeur de l’histoire de deux équipes : Edmonton (40 531 verges) et Toronto (20 205). De plus, saviez-vous que Ray a connu un match de 135 verges et d’un touché en 12 courses lors d’une victoire de 31-28 d’Edmonton face aux Lions de la Colombie-Britannique en 2010 ? Toute l’attaque d’Edmonton a dû éprouver du plaisir lendemain à revoir les vidéos de ce match!

Pour plusieurs, le souvenir impérissable de Ray à Edmonton a été sa victoire de la Coupe Grey en 2005, et ce n’est pas seulement à cause de ses statistiques individuelles (359 verges, 78 % de passes réussies, deux touchés, aucune interception), qui ont aidé Edmonton à signer une victoire de 38-35 aux dépens des Alouettes de Montréal en prolongation.

Ce qu’il faut admirer, c’est la résilience de Ray ce jour-là. Avant la Coupe Grey, Ray avait disputé sept matchs sans passe de touché, et pendant leur parcours éliminatoire, l’entraîneur-chef Danny Maciocia avait remplacé Ray par Jason Maas lors des deux victoires d’Edmonton. Ray, toujours professionnel, a tout pris à bras le corps.

En retard 25-20 en fin de match en situation de troisième et quatre, Ray a réussi une passe vers Derrell Mitchell pour un gain de 34 verges. Peu de temps après, Ray réussissait un touché au sol d’une verge et rejoignait Jason Tucker lors d’un converti de deux points, donnant à Edmonton une importante avance de 28-25. Ray a lancé une autre passe de touché à Tucker en prolongation, et après un formidable effort défensif, Edmonton est sorti victorieux de l’une des Coupes Grey les plus excitantes de l’histoire.

Quelle vie Ricky Ray a vécue! Du Shasta College, un collège communautaire de Redding, en Californie, à ses rapides succès avec Edmonton, en passant par la revitalisation des Argonauts, Ray mérite amplement ce qui s’en vient pour lui ce vendredi. Toutes nos félicitations!

D’après une chronique de Matthew Cauz publiée sur CFL.ca.