10 novembre 2022

Les Lions récompensés pour avoir eu foi en Rourke

BCLions.com

VANCOUVER – Les stéréotypes à propos des Canadiens sont nombreux et, généralement, de bon goût.

Nous sommes polis, humbles, drôles. On retient la porte parfois trop longtemps pour les autres. Nous échangeons des regards complices avec des étrangers pendant que d’autres se disputent à nos côtés. Nous prenons parfois tellement de temps à décider qui sortira d’un ascenseur en premier que les portes abandonnent et se referment. Ce qui pousse une personne courtoise à mettre son pied pour l’arrêter à la dernière minute. Et les excuses, bien sûr, abondent.

Ainsi, lorsque Neil McEvoy réfléchit à la superbe saison qu’ont connue le quart-arrière Nathan Rourke et les Lions de la Colombie-Britannique, ainsi qu’aux doutes qu’avaient soulevés bon nombre d’individus lorsque les Lions avaient fait de Rourke leur partant, le raisonnement est étonnant.

« La seule réserve qu’ils avaient, c’est qu’il était Canadien », a indiqué McEvoy, codirecteur général et directeur des opérations football des Lions, mercredi, alors que son équipe amorçait sa préparation en vue de la finale de l’Ouest de ce dimanche à Winnipeg.


 
« S’il avait été Américain – comme Jake Maier à Calgary, par exemple –, personne n’aurait posé de question. Nous aimons le joueur, il joue bien. Il a joué à l’Université de l’Ohio, il a étudié à l’école secondaire aux États-Unis. Tout le monde aurait dit : ‘‘Super! Ils ont trouvé un bon quart-arrière!’’ Mais on nous questionnait, parce que nous sommes Canadiens, et parce qu’il est Canadien. »

« En fin de compte, nous le regardions comme un quart-arrière qui pouvait jouer. Et il est devenu exactement le joueur auquel nous nous attendions. »

L’opinion de McEvoy est très importante. Originaire de Surrey, en Colombie-Britannique, il fait partie de l’organisation des Lions depuis 1995. Il a amorcé son séjour avec l’équipe en tant que représentant à la billetterie, avant de se tailler un poste au sein des opérations football. En 2021, l’entraîneur-chef Rick Campbell et lui ont été nommés codirecteurs généraux du club.

Pendant ses années en Colombie-Britannique, McEvoy a vu des quarts-arrière comme Dave Dickenson, Casey Printers, Jarious Jackson, Buck Pierce, Travis Lulay, Michael Reilly et, aujourd’hui, Rourke, reprendre le flambeau de leur prédécesseur. À ses yeux, la progression de Rourke vers un rôle de partant s’est effectuée aussi naturellement que pour n’importe quel autre joueur s’étant vu confier les rênes de l’attaque des Lions au fil des ans.

« Ils ont tous amorcé leur parcours derrière un autre. Personne n’avait posé de question, à l’époque, lorsque nous avions annoncé que Travis Lulay allait devenir notre quart-arrière partant. Tout le monde s’attendait à ce que nous soyons entre de bonnes mains », a dit McEvoy.

« Nous nous questionnions nous-mêmes. Mais on nous a questionnés parce qu’il était Canadien. »

Les partisans des quatre coins de la LCF avaient hâte de revoir un quart-arrière canadien dominant depuis la retraite de Russ Jackson en 1969. Quand Reilly a annoncé qu’il accrochait ses crampons l’hiver dernier, les Lions ont donné à ces partisans ce qu’ils voulaient. En retour, ils ont obtenu ce que nous appellerons poliment un optimisme prudent.

Rourke serait-il assez bon? Était-ce un coup de publicité?

McEvoy a ri.

« C’est typiquement Canadien de toujours douter de soi », a-t-il dit.


 
Rick Campbell se souvient quand Rourke s’entraînait au centre d’entraînement des Lions en 2020, après que son équipe l’ait sélectionné au 15e rang du repêchage de la LCF. La saison avait été annulée cette année-là, mais Rourke voulait s’entraîner et s’améliorer afin d’être prêt à jouer lorsque la Ligue allait reprendre ses activités.

Il croyait au joueur que McEvoy et lui avaient choisi : un partant de trois saisons avec l’Université de l’Ohio ayant amassé 7475 verges par la passe et lancé 70 passes de touché en 39 matchs, et qui avait porté le ballon pour 2639 verges et 49 touchés. Il avait mené les Bobcats à trois championnats de suite, et il avait été nommé joueur par excellence du Famous Idaho Potato Bowl en 2020.

« Je n’aurais pas pu prévoir les statistiques », a dit Campbell, mercredi, à la suite de la légère séance d’entraînement de son équipe. « Mais est-ce que je pensais qu’il allait être un bon joueur et un bon quart-arrière dans cette Ligue? Assurément. »

McEvoy et lui ont été plus impressionnés en 2021, lorsque Rourke a pris la majeure partie des répétitions de la première unité offensive pour amorcer la saison, tandis que Reilly souffrait d’une blessure au coude. Cela ne leur a pas donné les mêmes preuves que le ferait la vidéo d’un match, mais c’était tout près. Reilly a disputé la majorité des matchs des Lions en 2021, mais une fois qu’ils ont été éliminés de la course aux éliminatoires, Rourke a obtenu le départ lors du dernier match de la saison contre les Elks d’Edmonton.

Rourke avait réussi 23 de ses 34 passes pour 359 verges, un touché et deux interceptions dans un gain de 43-10 des Lions. Pour la plupart des partisans, il s’agissait d’un match sans véritable conséquence, entre deux équipes exclues de la course aux éliminatoires. Mais McEvoy et Campbell, eux, avaient obtenu un aperçu de leur avenir.

« J’étais plus nerveux à propos de notre dernier match de (2021) contre Edmonton, parce que nous ne savions pas ce que nous avions sous la main et parce que nous voulions terminer l’année sur une bonne note », a dit McEvoy.

La nervosité l’avait quitté bien avant le dernier coup de sifflet de la rencontre.

Le duo a pris sa décision quant à l’identité du prochain quart-arrière numéro un de l’équipe à la suite de la retraite de Reilly, et il croyait pleinement à son plan. Le bruit extérieur, pensaient-ils, s’estomperait une fois la saison commencée. Il n’entrevoyait pas les réalisations historiques, ni la série de convaincantes victoires pour amorcer le calendrier régulier. Rourke se catapultant dans la conversation pour le titre de joueur par excellence de la saison 2022, avant son entorse du Lisfranc subie lors de la semaine 11, a été une surprise à tous les niveaux. Peut-être d’une manière typiquement canadienne, McEvoy et Campbell – lui-même citoyen canadien depuis 2012 – pensaient tout simplement qu’ils seraient entre de bonnes mains avec Rourke comme partant.

« J’aurais été surpris du contraire », a dit Campbell.

Les quarts-arrière font parfois passer les directeurs généraux pour des génies ou pour des incompétents. Les bons quarts-arrière permettent à certains directeurs généraux de conserver leur poste. Mais l’accumulation de déceptions à cette position peut parfois coûter son emploi à un directeur général.

Alors que les Lions s’apprêtent à participer à leur première finale de l’Ouest depuis 2016, où ils lutteront pour leur première participation au match de la Coupe Grey depuis 2011, il n’y a pas de sentiment de justification chez les dirigeants de la Colombie-Britannique.

« Nous ne voulons pas dire : ‘‘Nous vous l’avions dit’’, mais… Nous essayons simplement de prendre de bonnes décisions et d’avoir de bons joueurs de football », a dit Campbell.

« Rourke a été l’une des décisions les plus faciles à prendre. Parfois, vous ne savez pas. Je n’aurais pas pu prédire ses statistiques et tout ça, mais j’étais assez sûr qu’il allait faire de bonnes choses. »

D’après une chronique de Chris O’Leary publiée sur CFL.ca.