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20 novembre 2023

Les Alouettes rentrent à la maison avec la coupe Grey dans leurs bagages

La Presse Canadienne

MONTRÉAL – Les premiers joueurs des Alouettes de Montréal sont sortis de l’avion vêtus d’un manteau ou d’une tuque. Puis, le joueur de ligne Mustafa Johnson a descendu l’escalier torse nu, coupe Grey à bout de bras.

On peut certainement parler de l’ivresse de la victoire.

Les Alouettes ont fait un retour au Québec triomphal, lundi matin, après avoir battu les Blue Bombers de Winnipeg 28-24 lors de la 110e édition du match de la Coupe Grey, la veille.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la troupe montréalaise n’a pas volé la huitième coupe Grey de son histoire, et une première depuis 2010. Elle a battu coup sur coup les Argonauts de Toronto, la meilleure équipe de la LCF, et les Blue Bombers, la meilleure équipe de la section Ouest, pour créer une véritable onde de choc.

Sur le tarmac à Mirabel, il était possible de voir dans les mines des membres des Alouettes que la nuit avait été courte, et peut-être mouvementée. Les heures de sommeil sacrifiées en ont toutefois valu la peine.

« Nous avons dormi un petit peu, mais nous avons pris du repos bien mérité dans l’avion, a indiqué le coordonnateur des unités spéciales et entraîneur des secondeurs, Byron Achambault. Les émotions ont été assez intenses sur le terrain après la partie, mais là, nous le réalisons, et ça fait du bien de vivre ça ensemble. »

Les émotions ont été particulièrement intenses pour le demi défensif Marc-Antoine Dequoy.

Au micro de RDS après la rencontre, Dequoy ne s’est pas caché pour parler du manque de respect envers les Alouettes, le Québec et la langue française lors d’une envolée lyrique qui a été partagée massivement sur les réseaux sociaux. Outre les partisans et les médias, des politiciens et des émissions à caractère politique ont souligné ce discours digne des plus grands meneurs d’hommes.

La nuit a semblé porter conseil au Québécois âgé de 29 ans, qui a clarifié sa pensée lundi, tout en réitérant une partie de son message avec un ton plus posé.

« J’ai grandi en regardant les Alouettes. C’est un rêve d’enfance. La réalité, c’est que la LCF est une ligue bilingue et que le Canada est un pays bilingue. Je trouve qu’il y a eu un manque de respect envers la langue française. Ce n’est rien contre la communauté anglophone, et les personnes qui me connaissent savent qu’il n’y avait aucune malice. On pouvait simplement voir un jeune homme emparé d’émotions, qui était heureux de fêter et qui se fait dire après `tu aurais dû te calmer' », a-t-il déclaré.

Dequoy a d’abord constaté ce manque de respect lors du duel contre les Argonauts à Toronto, une semaine plus tôt. L’hymne national du Canada avait été chanté uniquement en anglais, et les inscriptions dans le stade étaient uniquement en anglais.

Le demi défensif des Alouettes a vécu la même chose avant le match de la Coupe Grey, à Hamilton. Alors que le français était absent de la pelouse et des affiches au Tim Hortons Field, la LCF a dû gérer la crise et corriger rapidement le tir.

Dequoy voulait garder la concentration sur le match à venir, mais il s’est un peu servi de cette situation comme d’une source de motivation.

« Je voulais en parler, mais je voulais aussi garder ma concentration sur le football. Il n’y avait pas de français sur le terrain et c’est censé être du 50-50. Tu ne veux pas que ça t’affecte, mais j’y ai pensé. C’est ce que je voulais dire, c’est qu’ils peuvent garder leurs affiches en anglais », a-t-il soutenu.

Le directeur général des Alouettes, Danny Maciocia, a compris où Dequoy voulait en venir avec ses commentaires, bien qu’il s’y serait peut-être pris d’une façon un peu plus diplomate pour passer son message. Il a cependant parlé de sa fierté de représenter le Québec et la ville de Montréal.

« Marc-Antoine a 29 ans et moi j’en ai 56, alors notre approche est un petit peu différente, a mentionné Maciocia, sourire en coin. Mais si c’est ce que tu as besoin pour aller chercher une victoire de plus, tu le fais. La chose dont je suis le plus fier, c’est que nous ramenions la coupe à Montréal, que nous avions 45 joueurs en uniforme, dont 21 Canadiens et 10 Québécois. Notre personnel d’entraîneurs comprend des Québécois, notre direction aussi. Ça montre que le football est en santé ici. »

La culture francophone _ et québécoise _ a d’ailleurs été au c?ur de l’équipe pendant toute la saison. Même s’il ne parlait pas vraiment français à son arrivée à la barre des Alouettes, en décembre 2022, l’entraîneur-chef Jason Maas a tenu à s’imprégner de cette culture et il a demandé à ses joueurs d’en faire tout autant.

« Ça dépasse le fait d’avoir des joueurs québécois. Ce qui est encouragé, c’est de parler français, c’est de connaître la culture québécoise et de découvrir la grande région de Montréal. C’est quelque chose qui est unique en Amérique. Ici, c’est français, c’est quelque chose de différent », a insisté Luc Brodeur-Jourdain, l’entraîneur de la ligne à l’attaque.

« Les joueurs y ont adhéré. Nous avions des petits examens (sur l’application) Duolingo. Les joueurs devaient connaître leur numéro en français, les politesses, les présentations. C’était encouragé par Jason (Maas) », a-t-il renchéri.

Les partisans auront l’occasion de voir la coupe Grey d’encore plus près, car le défilé des champions devrait se tenir dans les rues de Montréal mercredi.