6 mars 2024

Jordan Williams : une histoire de camp

Kevin Sousa/LCF.ca

TORONTO – Lorsque 76 participants se présenteront au camp d’évaluation sur invitation de la LCF vendredi à l’Université de Waterloo, leur objectif devrait être de copier Jordan Williams.

Ça fera près de quatre ans que Williams avait volé le spectacle à ce qui était alors connu comme le camp d’évaluation régional de l’Ontario. Quelques semaines plus tard, il était choisi au premier rang du repêchage de la LCF. Puis la saison sera malheureusement annulée en raison de la pandémie de COVID-19. Cela dit, il remportera le titre de recrue de l’année chez les Lions de la Colombie-Britannique en 2021. Il est sur le point de jouer sa quatrième saison dans la LCF et compte 229 plaqués en 46 rencontres. Il portera les couleurs des Tiger-Cats de Hamilton en 2024, à la suite d’une transaction entre les Argos et les Ticats survenue en janvier. Les camps d’évaluation ont toujours leur lot d’histoires saisissantes, mais celle de Williams détonne.

« Je me suis présenté sur place avec quelque chose à prouver », a déclaré Williams la semaine passée. Il n’avait pas disputé la saison précédente après avoir appris en 2019 qu’il se qualifiait à titre de joueur canadien et que ce serait un avantage pour lui s’il jouait dans la LCF. Il est donc arrivé à l’Université de Toronto ce matin-là en sachant que son avenir au football n’en tenait qu’à lui et aux heures qui suivraient.

« En amorçant 2020… Je sentais que mon nom avait disparu de l’industrie du football. Habituellement, quand mon nom était sur quelque chose à l’université, mon nom était en haut de la liste, avec du surligneur, avec le nom de mon institution, mes réalisations, ce genre de trucs. »

Et bien, ce matin-là, il n’était qu’un nom sur une liste alphabétique.

« Quand j’ai vu mon nom, j’étais essentiellement dans le bas de la liste. J’étais juste un gars comme les autres », ajoute-t-il en riant. « C’était tout ou rien. Mon approche a été de donner la meilleure version de moi-même. Et mes résultats aux tests l’ont prouvé. »

Williams avait réussi les meilleures performances au sprint sur 40 verges (4,48 secondes) et au saut horizontal (10 pieds, 8,5 pouces). Il a réussi un saut vertical de 39 pouces. Seul Kian Schaffer-Baker l’avait devancé avec son saut de 40 pouces. Il s’était classé 5e au test des changements de direction (4,40 secondes). Il est sorti du terrain avec l’étiquette d’un espoir à surveiller de très près.

« Nous avons été chanceux parce que nous avions un peu d’information sur lui avant le camp d’évaluation », s’est souvenu le directeur général des Ticats, Ed Hervey, qui occupait les mêmes fonctions avec les Lions en 2020. Son club avait transigé avec les Stampeders de Calgary pour s’assurer du premier choix au total pour mettre la main sur Williams.

Au passage, on vous fait remarquer que c’était la première de deux fois où Hervey a réalisé une transaction pour s’assurer des services de Williams.

Le secondeur avait rencontré l’entraîneur-chef des Lions, Rick Campbell, à un camp d’évaluation organisé par le ROUGE et NOIR en 2019 (Campbell était avec Ottawa à ce moment-là). En apprenant que la mère de Williams était citoyenne canadienne, l’entraîneur l’a convaincu de faire officialiser son statut auprès de la LCF. Une année plus tard, Hervey et Campbell (qui était maintenant à la barre des Lions) savaient ce qu’ils voulaient lors du repêchage.

« Nous avions commencé à l’évaluer sur vidéo et il offrait absolument tout ce que tu peux vouloir d’un secondeur, peu importe son passeport », explique Hervey. « Depuis, il prouve sur une base annuelle qu’il a sa place dans cette ligue. »

Williams et les autres participants du camp régional de l’Ontario ont été chanceux de finir leur journée de travail. Ils s’étaient présentés en matinée en sachant que la NBA venait de mettre fin à ses activités le soir d’avant en raison de craintes liées à la COVID-19. Des restrictions de déplacements et l’obligation de rester à la maison ont suivi par la suite. La LCF finira par annuler ses autres camps d’évaluation régionaux prévus en 2020, puis le camp national, présenté par New Era subira le même sort. La performance de Williams à Toronto aura été la plus récente à évaluer par les clubs du circuit.

« Je suis chanceux d’avoir pu performer cette journée-là. Ce fut le seul camp d’évaluation de l’année, après avoir été longtemps sans jouer. J’avais tellement besoin de ça », reconnait Williams. « Je vais être honnête, je ne sais pas où je serais en ce moment si je n’avais pas pu me faire voir à ce camp. Ils ne savaient même pas combien je pesais. La majorité pensait que j’arrivais à 235 lbs, mais j’étais à 219 lbs. Juste ça montre à quel point cet événement a été crucial pour moi en 2020. »

Le format du camp d’évaluation a changé l’an dernier, alors que des joueurs de partout au pays se présenteront àWaterloo pour une journée, plutôt que de tenir trois événements régionaux. Le résultat demeure le même : seulement une poignée d’aspirants recevront une invitation pour le Camp d’évaluation de la LCF, présenté par New Era, du 19 au 24 mars à Winnipeg.

Williams offre son avis aux participants de cette année.

« Les gars doivent se présenter avec l’attitude que c’est maintenant ou jamais, parce que ça pourrait très bien être jamais. Ça pourrait être ta dernière fois sur le terrain à montrer ce que t’as à offrir devant les directeurs généraux et les entraîneurs. Il faut que tu donnes tout ce que tu as. Sois toi-même. »

« Et si ce n’est pas assez bon, et bien c’est ça qui est ça. Tu pourras vivre avec le résultat si tu as été fidèle à toi-même. Si tu tentes d’être un imposteur et que tu tentes d’être quelqu’un que tu n’es pas et qu’on te dit que c’est terminé, tu vas le regretter. Sois toi-même et vas au bout de ton affaire. »

D’après un article de Chris O’Leary publié sur CFL.ca.