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20 septembre 2018

Eskimos : Gascon-Nadon voulait se sentir désiré

Edmonton Eskimos

EDMONTON – Arnaud Gascon-Nadon et les Eskimos d’Edmonton (7-5) seront les visiteurs du ROUGE et NOIR d’Ottawa (7-5), ce samedi, à la Place TD (RDS – 16 h HE).

L’ailier défensif de 6 pieds trois pouces et 250 livres avait un contrat avec le ROUGE et NOIR qui venait à échéance à la fin de la saison 2017 et Ottawa semblait avoir passé à autre chose, dans son cas.

Or, c’est seulement le 28 août dernier qu’il a décidé de se joindre aux Eskimos d’Edmonton en tant que joueur autonome.

Un long magasinage, alors qu’il avait refusé plusieurs offres d’autres formations de la Ligue canadienne de football (LCF), préférant prendre son temps, avant de décider de son avenir de joueur.

« Je restais toujours prêt », affirme Gascon-Nadon. « Mais je m’occupais d’autres choses, aussi. De mon après-carrière. J’avais tout de même encore envie de jouer au football. »

« C’était une nouvelle situation pour moi, le fait de ne peut-être pas aller dans l’équipe pour laquelle je voulais jouer. C’était une grosse remise en question. Je commençais à développer des projets à Montréal, mais j’ai finalement décidé de tout mettre sur la glace et de partir pour l’Ouest. »

Lors de la saison 2017, Gascon-Nadon a perdu son poste de partant sur la ligne défensive, au profit de joueurs américains. Celui qui avait remporté la coupe Grey en 2016 ne semblait plus faire partie des plans du ROUGE et NOIR.

« En 2017, Ottawa avait contemplé l’idée de me faire une offre, mais une offre que je ne trouvais pas très intéressante », dit-il. « L’équipe amenait de nouveaux effectifs en défense, voulant rendre la position d’ailier défensif, américaine. »

« J’ai senti tout ce changement, pendant la dernière saison, sans jamais avoir de conversation précise avec quiconque. La LCF est une ligue qui joue souvent avec des ailiers défensifs américains, mais en même temps, on a tout de même gagné une coupe Grey avec deux ailiers défensifs canadiens. »

Et vlan! Un petit retour du balancier, après un dur coup pour Gascon-Nadon, lui qui s’est fait « tasser », sans trop d’explications.

« Quand j’ai perdu mon poste, je n’ai jamais su pourquoi je l’avais perdu », dit-il. « Ça ne m’a jamais vraiment été dit. »

« En plus, quand j’ai perdu mon poste, je menais la Ligue au chapitre des pressions sur le quart-arrière. Je me suis donc vraiment dit que l’organisation voulait apporter des changements par rapport au ratio de joueurs canadiens versus les joueurs américains. »

« Ç’a tellement été nébuleux comme situation que j’avais de la misère à me voir retourner à Ottawa pour une autre saison. Même si j’adorais l’équipe, mon expérience vécue et la ville, j’avais envie de me sentir désiré. »

Un petit goût amer donc, vis-à-vis de la fin de l’expérience à Ottawa. Mais Gascon-Nadon n’en fait pas un cas, pour autant.

« En même temps, c’est une “business” », affirme-t-il. « Nous sommes tous des professionnels. Il n’y a rien de tout cela qui est personnel, mais c’est sûr qu’en termes de relations de travail, j’aurais aimé avoir une conversation concrète, précise et honnête par rapport à la diminution de mon utilisation. »

Gascon-Nadon joue derrière le jeune et talentueux ailier défensif Kwaku Boateng, amenant ainsi beaucoup de profondeur à ce poste (Edmonton Eskimos).

Le dépaysement de l’Ouest

L’athlète originaire de Montréal et choix de troisième ronde (17e au total) des Tiger-Cats de Hamilton, lors du repêchage de 2012 de la LCF, a passé trois saisons avec les Ticats et deux avec le ROUGE et NOIR avant de devoir faire ses valises pour un long voyage dans l’Ouest.

« C’est dépaysant, effectivement », dit Gascon-Nadon qui joue derrière le jeune et talentueux Kwaku Boateng, à Edmonton, amenant ainsi beaucoup de profondeur au poste d’ailier défensif. « Mais en même temps, je suis content de vivre ça parce que j’ai toujours entendu de belles choses par rapport à l’Ouest : les organisations, la façon dont les joueurs sont traités, les systèmes de gestions des équipes… »

« Et ça fait quelques années que les formations de la division Est sont moins fortes que celles de la division Ouest, pendant la saison régulière. Je l’ai vécu de l’extérieur pendant cinq saisons. Alors quand on m’a offert de venir à Edmonton, ça m’a réjoui de pouvoir vivre pour vrai, tout ce que j’avais entendu de bien des formations de l’Ouest. »

« Et ça se passe bien à Edmonton. Je retrouve peu à peu mes points de repère. C’est une équipe vraiment talentueuse. »

Un retour au bercail

Il est certain que l’affrontement de samedi aura quelque chose de particulier pour Gascon-Nadon, lui qui se rendra dans la capitale nationale afin d’y affronter son ancienne équipe.

Bien que les deux formations aient le même dossier, le ROUGE et NOIR pourrait se voir donner les clés de la finale de l’Est, lui qui est en voie de terminer premier de sa division.

C’est une autre histoire pour les Eskimos. La division Ouest étant ce qu’elle est, il faudra que la troupe de Jason Maas travaille dur pour rejoindre les invincibles Stampeders de Calgary au premier rang.

Sans doute que les Esks devront passer par la demi-finale de l’Ouest avant d’espérer aller en finale de cette même division. Une étape de plus.

Mais pour espérer au moins avoir l’avantage du terrain, Edmonton devra se méfier des Roughriders de la Saskatchewan, tout juste derrière. Et pour ce faire, les Eskimos se rabattront évidemment sur leur puissante attaque, menée par Mike Reilly, mais ils devront resserrer leur jeu en défense.

« Ç’a tellement été nébuleux comme situation que j’avais de la misère à me voir retourner à Ottawa pour une autre saison. Même si j’adorais l’équipe, mon expérience vécue et la ville, j’avais envie de me sentir désiré. »

– Arnaud Gascon-Nadon 

En effet, les Esks ont accordé 491 verges de gains aériens et six touchés aux Stamps, lors de la semaine 13. Edmonton l’a tout de même emporté. Mike Reilly et sa bande ont produit presque 400 verges de gains par la passe et six touchés.

Bon. C’était une fusillade et nous savons que les Eskimos peuvent répondre par la bouche de leurs canons, mais pour aspirer aux grands honneurs, la défense devra se ressaisir.

« Parfois dans des matchs comme celui contre Calgary, les émotions prennent le dessus. C’est une grande rivalité. Les joueurs veulent, en général, en mettre plein la vue. Ça te sort un peu de ton plan de match. Des deux côtés. La meilleure défense de la Ligue a tout de même donné 48 points! »

« Mais il faudra se ressaisir et jouer comme on sait le faire, c’est-à-dire mettre de la pression sur le quart-arrière, effectuer nos couvertures de passes et éviter les longs jeux. »

« On a assez de bons joueurs, ici, pour connaître du succès défensivement. »

Sentiment de déjà-vu

Le ROUGE et NOIR s’est remis en marche, la semaine dernière, avec une belle victoire face aux Riders. La vigilance sera de mise, mais avec deux saisons avec Ottawa derrière la cravate, Gascon-Nadon sait certainement sur quel clou frapper pour déstabiliser l’attaque de la troupe de Rick Campbell.

« C’est sûr qu’Ottawa risque de faire pas mal de jeux que j’ai déjà vus lors des entraînements », explique-t-il. « Sur vidéos, il y a quelques changements, mais c’est tout de même assez semblable. »

« Je vais certainement faire de mon mieux pour communiquer tout ce que je sais à mes coéquipiers. »

Il y aura évidemment un sentiment de vengeance qui habitera Gascon-Nadon, lors de sa visite à Ottawa, samedi.

Lorsque je lui ai posé la question, il me l’a renvoyée en me disant que de poser la question c’est y répondre.

Bien lancé…

« Ce serait vraiment “l’fun” de les battre… Sur leur terrain », avoue-t-il. « Mais en même temps, il y a plein de gars dans cette équipe que j’aime et que je respecte beaucoup. »

« Ce ne sera pas personnel. Seulement pour le plaisir du football. »