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6 avril 2024

Le football, une histoire de famille pour Anthony Soles

Andrew Mahon/LCF.ca

MONTRÉAL – On dit souvent que le sport est une histoire de famille. De génération en génération, certains clans réussissent à laisser une marque indélébile sur le sport qu’ils pratiquent.

Prenons récemment le cas du receveur des Alouettes de Montréal Tyson Philpot, qui, à l’image de son père Cory en 1994, a participé à la conquête de la Coupe Grey de son équipe en novembre dernier.

Au camp d’évaluations de la Ligue canadienne de football (LCF), présenté par New Era à Winnipeg en mars dernier, plusieurs espoirs qui ont foulé le terrain du complexe Winnipeg Soccer Federation North comptaient sur un membre de leur famille ayant déjà évolué dans la LCF, comme Kaylyn St-Cyr, fils de l’ancien demi défensif étoile Irvin Smith, ou encore D’Sean Mimbs, qui tente de suivre les traces de son père Robert, champion de la Coupe Grey en 1990.

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En 16 matchs de saison régulière en carrière avec les Golden Gaels de l’Université Queen’s, le demi offensif Anthony Soles a porté le ballon 191 fois pour 1140 verges et 21 touchés (Queen’s University/Ian MacAlpine)

À travers toutes ces belles histoires, l’une des plus touchantes est celle du demi offensif de l’Université Queen’s Anthony Soles, dont le père, Michael, un natif de Pointe-Claire, a connu une carrière faste dans la LCF, remportant la Coupe Greyavec les Eskimos d’Edmonton en 1993 et étant nommé sur l’équipe d’étoile de la Ligue en 1996 comme centre-arrière, alors qui portait l’uniforme des Alouettes de Montréal.

De 1996 à 1999, Michael a formé avec Mike Pringle un duo redoutable pour les défenses adverses, aidant Pringle à devenir le meneur pour les verges par la course dans l’histoire de la LCF.

Le jeune Anthony a vite suivi les traces de son père, s’initiant au football dès l’âge de sept ans.

« J’ai commencé à jouer au flag-football. J’adorais jouer, parce que je savais que c’était quelque chose que mon père avait fait », explique Soles. « Ma passion s’est vraiment concrétisée quand les plaqués ont été introduits, l’année d’après. Je me souviens qu’une des prochaines choses que j’ai faites sur un terrain est un botté d’envoi! Le sentiment d’excitation que j’ai ressenti est toujours resté par la suite. »

Quant à sa position de demi offensifs, Soles mentionne que son père l’a naturellement dirigé vers ce rôle, ayant lui-même occupé les positions de demi offensif et de centre-arrière durant sa carrière.

« J’ai assurément été poussé vers cette position. Au début, je voulais être quart-arrière, mais je me suis vite rendu compte que je n’avais pas le bras nécessaire, » se remémore-t-il en riant. « J’ai vite compris que demi offensif était la position qui me convenait le plus et que j’allais mieux y performer. »

Il y a pire que d’avoir un ancien joueur étoile de la LCF comme père quand on veut peaufiner ses habiletés au football. Pour Anthony, ces enseignements ont parfois pris une forme technique, mais ils portaient souvent sur le comportement à avoir sur un terrain, afin de bien représenter son équipe.

« Mon père était très impliqué, non seulement avec moi, mais avec les autres joueurs de mes équipes. Il nous transmettait son expérience professionnelle. En vieillissant, il m’apprenait moins d’aspects techniques, mais plus des conseils sur la manière d’agir en tant que joueur et coéquipier. Il me disait toujours qu’il ne fallait pas trop célébrer après un touché. Il voulait que je sois un joueur respectueux, qui était apprécié de ses coéquipiers. »

Anthony a eu plusieurs occasions de mettre en œuvre les conseils de son père. En effet, l’imposant demi offensif a réussi 21 touchés durant sa carrière de trois saisons avec les Golden Gaels, récoltant au total 1140 verges au sol.

UN CAMP D’ÉVALUATION CHARGÉ EN ÉMOTIONS

Le père d’Anthony, Michael, a porté les couleurs des Alouettes de Montréal de 1996 à 1999; il a d’ailleurs été nommé au sein de l’équipe d’étoiles de la LCF en 1996 (La Presse Canadienne)

Les bonnes performances d’Anthony avec l’Université Queen’s lui ont valu une invitation au camp d’évaluation 2024 de la LCF.

Parmi les rencontres avec les membres des médias, les tests individuels et les séances de groupe, c’est son entrevue individuelle avec les Alouettes de Montréal qui l’a le plus chamboulé.

Après tout, Danny Maciocia, aujourd’hui directeur général des Alouettes, a déjà été l’entraineur de son père, il y a plus de 25 ans. En effet, alors que Soles portait les couleurs de la formation montréalaise, entre 1996 et 1999, Maciocia occupait les postes de contrôleur de la qualité et d’entraineur des demis offensifs avec les Moineaux.

En 2005, à l’âge de seulement 39 ans, Soles a été diagnostiqué de la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Alors que les médecins ne lui donnaient que deux à cinq ans à vivre, il a déjoué les pronostics avec la même ténacité qu’il avait si souvent démontrée sur les terrains de football.

Après un long combat contre la maladie, il s’est finalement éteint en 2021. Au moment de son décès, Maciocia y était allé d’un témoignage émouvant envers son ancien joueur.

« C’était un grand joueur de football, et il voyait toujours les Alouettes comme sa deuxième famille. Il s’est battu jusqu’à la fin, même s’il était malade. Il n’a jamais abandonné et il souriait toujours. Ce gars-là a influencé ma carrière, il était beaucoup plus qu’un ami. »

Facile ainsi de comprendre que l’entrevue d’Anthony avec les Alouettes a été très émouvante pour les deux partis.

« Ça faisait chaud au cœur de voir l’appréciation de Danny pour mon père. De l’entendre parler de lui, c’était difficile de rester professionnel, j’ai presque eu les larmes aux yeux. Danny se rappelait même les noms de ma mère et de ma grand-mère », a souligné Soles.

Après le camp d’évaluation, Soles ne sait pas ce que le football lui réserve. Il demeure tout de même optimiste et s’assure de rester en forme, prêt à saisir les chances qui se présenteront à lui.

« Je veux demeurer en santé et prêt. Que je sois repêché ou que je me joigne à une équipe en tant que joueur autonome, j’essaie de rester dans le moment présenter et de demeurer en forme. Je veux être prêt quand je vais recevoir un appel. »