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22 mars 2024

Un camp d’évaluation bien différent pour Dominic Picard en 2024

Cameron Bartlett/LCF.ca

WINNIPEG – C’était en mars 2006, à Oakville, en Ontario.

Un jeune joueur de ligne offensive de l’Université Laval allait à la rencontre des équipes de la Ligue canadienne de football (LCF) dans l’espoir de faire carrière au football professionnel.

Après une longue carrière comme joueur et une victoire à la Coupe Grey, Dominic Picard se présente à son deuxième camp d’évaluation en carrière. Mais, cette fois-ci, il le fait à titre de représentant du personnel d’entraîneurs des Argonauts de Toronto et comme coordonnateur offensif de l’événement 2024.

En plus des tests visant à mesurer la puissance, la vitesse et l’explosivité des joueurs, le camp d’évaluation de la LCF, présenté par New Era, comprend depuis l’an dernier des séances d’entraînement.

« Mon rôle, c’est d’orchestrer, de guider l’attaque et de m’assurer que les joueurs puissent avoir une évaluation vraiment détaillée. Après les tests physiques du jeudi, de vendredi à dimanche, ils vont participer à des séances d’un contre un, mais aussi à des séances d’enseignement. On va pouvoir leur enseigner la base de certains fondamentaux, puis mettre un élément un peu tactique pour voir à quel degré on peut les pousser », a déclaré Picard, rencontré mercredi à Winnipeg, ville dans laquelle il a amorcé sa carrière de joueur.

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Depuis des semaines, celui qui agira comme entraîneur des demis offensifs des Argos cette saison travaille fort pour créer une chimie au sein de son groupe d’entraîneurs, issues des autres formations de la LCF et qui ne travaillent habituellement pas ensemble. De nombreuses rencontres ont été organisées pour planifier les moindres détails pour que les joueurs, qui doivent passer à travers ce qui est la plus intense entrevue d’embauche de leur vie, puissent vivre une expérience dont ils se souviendront toujours.

« Il y a trois objectifs qu’on va partager aux joueurs. Le premier, c’est vraiment de les évaluer en profondeur. Le deuxième, c’est de leur donner la chance de se faire valoir, tout en quittant Winnipeg en santé », explique Picard. « On va leur offrir des occasions de briller non seulement en un contre un, mais aussi d’un point de vue du schéma collectif qu’on enseigne. Finalement, on veut voir comment les joueurs vont répondre dans l’adversité et voir leur langage corporel. Cela en dit souvent très long. »

Picard était entièrement consumé par le football comme joueur, et sa décision de devenir entraîneur n’a surpris personne autour de lui.

« Lorsque j’ai pris ma retraite en 2016, j’avais des objectifs. Je savais que je voulais coacher dès le départ, mais mon premier objectif, c’était d’apprendre à le faire. Apprendre à communiquer, à planifier, à organiser des séances d’entraînement, à faire des planifications annuelles au secondaire. »

« Puis, au niveau collégial, un peu le même processus, mais avec une clientèle plus vieille. Puis au niveau universitaire, j’étais coordonnateur offensif. Les choses se répètent un peu, mais c’est toujours avec des joueurs avec un niveau de maturité physique, psychologique différent. Et puis maintenant, j’ai ma chance dans la LCF. C’était aussi un objectif. »

Dominic Picard est heureux d’occuper le rôle de coordonnateur offensif du Camp d’évaluation 2024 de la LCF (Cameron Bartlett/LCF.ca)

L’entraîneur-chef des Argonauts, Ryan Dinwiddie, l’avait invité à passer une semaine au camp d’entraînement du club l’an dernier. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps, puisqu’ils ont joué ensemble à Winnipeg il y a plus de 15 ans.

« Il a vu comment j’étais comme entraîneur. J’ai vu comment ça se passait avec l’organisation. Je te dirais que lorsqu’il y a eu un poste disponible, il a communiqué avec moi et ça été automatique que je m’en allais chez les Argos, avec lui et son personnel. »

Cela dit, à travers la conversation, on sent que l’ancien de l’Université Laval a compris que ce qui fait les grands entraîneurs va bien au-delà des stratégies ou de l’enseignement des dernières techniques.

« Avec cet événement-ci, ça fait vraiment spécial, parce que ça me rappelle bien des souvenirs, mais, en même temps, ça m’offre un contact privilégié avec ces joueurs-là. Comme entraîneur, on peut avoir un impact sur eux. Ce qui m’a marqué le plus depuis le début de mes années de coaching, c’est l’aspect d’éducation. Parce que oui, c’est un jeu, c’est du sport, mais il y a le côté éducation qui est incontournable et qui devrait être la fondation même du rôle. Ce que j’ai compris, c’est que le football est un véhicule pour transmettre des valeurs, des outils et des techniques. »

Picard voit son rôle comme celui d’un mentor. Il n’y a aucune garantie que les joueurs présents à Winnipeg seront repêchés ou fouleront un terrain de la LCF un jour. Mais si les enseignements reçus cette semaine les influencent dans leur vie personnelle ou sur le marché du travail, ce sera mission accomplie pour le Québécois.

Depuis sa retraite comme joueur, Picard souhaite redonner à la communauté du football et partager ses connaissances pour aider les autres (Cameron Bartlett/LCF.ca)

« Je te dirais que mon bagage au niveau scolaire m’a amené à être un meilleur intervenant, parce que c’est ça la base. C’est d’être un intervenant; c’est ça un coach. Voir des gars qui sont passionnés et qui veulent apprendre, ça me fait triper. »

Reconnaissant de la plateforme qui lui a été offerte, il sait que, lui aussi, est évalué cette semaine, alors qu’il amorce sa carrière d’entraîneur chez les professionnels.

« Je sais que c’est aussi une occasion de développement professionnel pour moi », indique Picard, à qui Toronto a confié le mandat de les représenter quelques jours seulement après avoir accepté le poste. « L’accueil que j’ai eu jusqu’à maintenant est extraordinaire. Un de mes buts, c’est de redonner encore plus à cette ligue-là, aux jeunes et à la relève. Dimanche après-midi, quand on va fermer les lumières, j’ai vraiment le sentiment que tout le monde sortira grandi de leur expérience à Winnipeg. »