3 avril 2024

Rouillé, Labrosse a su tirer son épingle du jeu au camp d’évaluation

Andrew Mahon/LCF.ca

MONTRÉAL – Le demi défensif Benjamin Labrosse ne figurait pas sur le radar de plusieurs équipes à l’aube du camp d’évaluation 2024 de la Ligue canadienne de football (LCF), présenté par New Era et qui s’est tenu du 19 au 24 mars dernier, à Winnipeg. Celui qui n’avait pas joué au football en 2023 n’apparaissait pas dans le top 20 du bureau de recrutement de la Ligue, et son nom n’était pas souvent mentionné quand les analystes parlaient de espoirs à surveiller.

Gageons maintenant que la situation a bien changé, et que le nom de Labrosse se retrouve sur la plupart des tableaux de repêchage aux quatre coins du circuit. En effet, le produit de l’Université McGill a surpris tout le monde en dominant les tests individuels, finissant à égalité au premier rang du sprint sur 40 verges (4,51 secondes) et remportant l’épreuve du saut horizontal (11 pieds 1,75 pouces). Il a de plus terminé dans le top 3 au saut vertical, à l’épreuve 3-cônes et au test des changements de direction.

Au terme des séances de groupe, il s’est même attiré les louanges du demi défensif des Tiger-Cats de Hamilton, Stavros Katsantonis.

« J’ai observé les demis défensifs, et [Benjamin] Labrosse a été très rapide au sprint sur 40 verges; il a bien paru à sa position. »

À l’aube du repêchage, le 30 avril prochain, LCF.ca s’est entretenu avec le demi défensif, qui compte bien faire sa place dans la LCF.

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Le demi défensif Benjamin Labrosse a terminé à égalité au premier rang du sprint sur 40 verges du camp d’évaluation de la LCF avec un chrono de 4,51 secondes (Cameron Bartlett/LCF.ca)

UN PARCOURS PARSEMÉ DE HAUTS ET DE BAS

Originaire de Greenfield Park, sur la rive-sud de Montréal, Labrosse a commencé à jouer au football dès l’âge de quatre ans, pour suivre les traces de son grand frère. Il a évolué avec l’équipe de son arrondissement jusqu’à l’âge de 16 ans.

À la fin de son parcours à l’école secondaire, il a reçu des offres de plusieurs cégeps et a pris la décision de se joindre aux Cheetahs du Collège Vanier.

« Dès le premier entrainement dans le gymnase, j’ai aimé l’atmosphère à Vanier; il y avait beaucoup d’énergie. C’était aussi plaisant d’être à Montréal. En grandissant sur la rive-sud, je ne connaissais pas bien la ville. Pour me rendre à Vanier, j’ai dû prendre le métro pour la première fois! », raconte Labrosse au bout du fil.

Il a très bien performé avec les Cheetahs, allant même jusqu’à attirer l’attention de certaines universités américaines.

« À Greenfield Park, on ne parle pas vraiment de la NCAA. Je n’avais aucune idée que ça allait arriver. C’était vraiment gros! Buffalo m’a approché en premier, puis Syracuse. C’était un grand moment pour moi; je savais que Syracuse jouait contre des équipes comme Clemson et North Carolina. »

« J’ai été chanceux, parce que mon entraineur [à Vanier] a fait un gros travail pour m’aider. Il parlait beaucoup de moi avec des entraineurs aux États-Unis. Avant 2020, il n’y avait pas beaucoup de joueurs [du Québec] qui allaient jouer en NCAA. »

Après avoir soupesé ses options, Labrosse a choisi de se joindre à l’Université de Syracuse, dans l’état de New York. Là-bas, il a découvert toute la rigueur du système de football universitaire américain.

« J’ai beaucoup aimé l’environnement. C’était enrichissant de voir comment les Américains approchent le football. J’y ai appris que les petites habitudes peuvent faire la différence. »

Au terme d’une bonne première saison, durant laquelle il avait très bien fait sur les unités spéciales, Labrosse a causé la surprise en décidant de quitter Syracuse pour explorer d’autres options.

« Je jouais un rôle de secondeur hybride [au lieu de ma position habituelle de demi défensif]. Je n’étais pas d’accord avec certaines façons de procéder. J’ai pris une décision sur le coup de l’émotion, parce que les choses ne se passaient pas comme je l’aurais voulu. J’étais jeune et je faisais face à de l’adversité pour la première. Avec le recul, je regrette cette décision. »

Après avoir quitté Syracuse, Labrosse est revenu au Québec et s’est joint au Redbirds de l’Université McGill pour la saison 2022. Une tuile lui est tombé sur sa tête quand il a appris que ses crédits scolaires acquis à Syracuse ne se transféraient pas au système universitaire québécois. Il s’est alors vu forcé de prendre des cours du soir avant d’être en mesure d’amorcer son baccalauréat. N’étant déjà pas dans son élément à l’école, cette nouvelle a fini par le décourager.

En dépit de ces bonnes performances avec les Redbirds en 2022, Labrosse a décidé de ne pas renouer avec l’équipe en 2023. Pour combler son emploi du temps, il avait même commencé à travailler dans le domaine du paysagement extérieur.

« Je voyais les gars jouer au football pendant que moi je travaillais [en paysagement]. C’était frustrant, je m’ennuyais du football. »

TOUT À PROUVER AU CAMP D’ÉVALUATION

Malgré son inactivité en 2023, Labrosse a tout de même décroché une invitation pour le camp d’évaluation de la LCF en mars dernier. Bien conscient que son parcours universitaire atypique allait soulever des questions, il était déterminé à en mettre plein la vue sur le terrain. Il anticipait toutefois avec une certaine appréhension les exercices de groupe, n’ayant pas enfilé ses épaulières au cours des 16 derniers mois.

« Le premier jour [des séances de groupe], j’étais un peu rouillé. Au troisième jour, j’étais beaucoup plus satisfait; mon synchronisme revenait. J’étais un peu triste que ça finisse honnêtement. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas joué au football. Ç’a duré trois jours, mais j’aurais pris un camp au complet! »

Même s’il a dominé durant les tests individuels, épatant la galerie avec son athlétisme, le principal intéressé croit qu’il aurait été capable de faire mieux.

« J’espérais vraiment faire mieux. Mon sprint sur 40 verges, je l’ai regardé par la suite et on dirait que je n’avais jamais couru un 40 verges de ma vie. »

Même si Labrosse est très critique de sa performance, les observateurs s’entendent tous pour dire qu’il a été l’une des étoiles du camp d’évaluation. Notre équipe a d’ailleurs prédit dans son repêchage simulé que le demi défensif québécois allait être sélectionné au quatrième rang au total de l’encan de cette année par les Stampeders de Calgary.

À en croire Labrosse, celui-ci est fin prêt à faire son entrée dans les grandes ligues.

« Je suis assurément prêt pour la LCF. Mon intention est d’arriver à un camp d’entrainement et de mériter un poste de partant. »